Algues, cyano

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Les Cyanobactéries

Une algue qui n’en est pas une, mais qui pourrit la vie de bon nombre d’aquariophiles, en eau douce comme en eau salée…

Voici les Cyanobactéries ou algues bleues, qui sont visqueuses, gélatineuses et laissent une odeur désagréable d’acétone sur les doigts, se soulèvent en plaque, comme un tapis et prolifèrent à toute vitesse.
Autrefois considérés comme des « algues bleues » puis baptisées Cyanophycées à cause de la présence dans la cellule d’un pigment bleu-vert la phycocyanine, elles sont aujourd’hui classées avec les Eubactéries c’est à dire de vraies bactéries. Les premières espèces identifiées étaient de couleur bleu-vert, d’où leur nom (le cyan est le bleu-vert ). Comme les algues rouges, elles possèdent des pigments bleus (phycocyanines) et rouges (phycoérythrines) qui masquent la chlorophylle a. En dépit de leur ancien nom d’algues bleues, elles sont rarement bleues mais plus souvent rouges, vertes avec des reflets bleutés, violettes, brunes, jaunes ou orangées. Elles utilisent un pigment : la phycocyanine, qui leur donne cette teinte bleutée. Il peut y avoir d’autres pigments chez les cyanobactéries de telle manière qu’elles absorbent dans toutes les longueurs d’onde.

Elles sont à la charnière entre le Monde végétal et le Monde animal, à cheval entre le monde des Bactéries et celui des Algues. Elles pratiquent la photosynthèse, tout comme les Algues, en dégageant du dioxygène.

Les « algues bleues » groupent environ 120 genres et plus de 1 500 espèces. Les formes vivant en eau douce sont les plus nombreuses, elles sont difficiles à détecter, et donc ce chiffre est très approximatif beaucoup sont encore sûrement à découvrir
Elles font partie des tout premiers organismes apparus sur terre. Les plus anciennes traces de Cyanobactéries ont été découvertes en Australie dans des roches appelées stromatolithes datées de 3,5 milliards d’années.
On les rencontre partout, elles peuplent aussi bien la neige et les glaciers des pôles que les eaux thermales les plus chaudes, soit sous forme planctonique vivant dans la masse d’eau, soit sous forme benthique, fixées à un substrat immergé. Elles vivent en eau de mer comme en eau douce, et dans les marais salants, les propriétés thérapeutiques des boues thermales sont d’ailleurs  dues, en grande partie, à la présence de Cyanophycées.

 en récifal

Les Cyanophycées se distinguent des Bactéries par la présence de chlorophylle A et de pigments accessoires hydrosolubles, de plus elles possèdent aussi des caroténoïdes. La cytologie des Cyanophycées peut aussi se définir par un ensemble de caractères négatifs : absence de membrane nucléaire, de membrane plastidiale, absence de mitochondries, de reticulum, absence de chromosomes, absence de flagelles. Les Cyanophycées se reproduisent par simple division végétative et par spores de type divers, mais il n’y a pas de reproduction sexuée.

Quelques taches de cyano dans un bac récifal  pas encore équilibré

Elles peuvent exister sous forme de cellules isolées ou de filaments. Les Chroococcales sont des algues unicellulaires, ou groupées en paquets de cellules, qui se reproduisent par bipartition et spores. Les Hormogonophycidées sont des formes filamenteuses.
Les poissons ou escargots ne les mangent pas car elles sont toxiques et les produits anti-algues du commerce n’ont pas d’effet. Ces toxines n’ont rien à voir avec le cyanure (« cyano » ici veut dire bleu. L’absence de broutage n’est pas nécessairement lié à la présence de toxines et la raison de cette production toxinique n’est pas bien connue…. Ces toxines peuvent être de différentes catégories : certaines d’entre elles peuvent attaquer le foie (hépatotoxines) ou le système nerveux (neurotoxines), alors que d’autres ne font qu’irriter la peau. Certaines produisent également des toxines appelées cyanotoxines, qui peuvent avoir des effets nocifs sur la santé humaine, notamment par la survenue de gastro-entérites, de troubles cutanés et de conjonctivites

Elles sont à la fois capables de fabriquer leur propre matière organique en utilisant l’énergie solaire et peuvent aussi trouver leur énergie dans un constituant organique.

Certaines variétés créent des bulles d’oxygène

La plupart d’entre elles ont une consistance gélatineuse voire gluante en raison des mucilages qu’elles sécrètent. En plus de leur capacité à pratiquer la photosynthése, les Cyanobactéries jouent un rôle important car elles sont capables de prélever l’azote directement dans l’air, sous forme gazeuse, et de le transformer en azote organique qui est directement assimilable par les autres organismes.
Les végétaux eux transforment l’azote minéral en azote organique et les animaux transforment un azote organique en un autre azote organique. Ces algues se nourrissent de nitrates et de phosphates organiques qui proviennent de la décomposition des protéines de la nourriture. Elles ont la capacité d’aller chercher leur azote dans l’air si le bac ne contient pas de nitrate.
Certaines cyanobactéries ont seulement besoin d’azote ou de Co2 pour vivre: elles sont capables de fixer le gaz d’azote, qui ne peut être absorbé par les plantes, par l’ammoniaque (NH3), les nitrites ou les nitrates

Les Spirulines sont les cyanobactéries les plus connus. Reconnaissable à sa forme typique c’est un organisme microscopique pluricellulaire, filamenteux, mobile, enroulé en spirale d’environ 0,25 mm de long pour un diamètre de 0,01 mm. -Spirulina maxima qui était déjà consommée par les Aztèques précolombiens _- Spirulina ou Arthrospina platensis récoltée et consommée au bord lac Tchad en Afrique_- Spirulina jeejibai en Inde.

On les cultive aujourd’hui un peu partout dans le monde , et on les utilise comme complément alimentaire car elles sont riches en carbonates, elles ont une très forte teneur en protéines, jusqu’à 70% et une très faible teneur en graisses. Elles renferment aussi une grande quantité de carotène et de nombreux acides aminés essentiels ainsi que des acides non essentiels et des vitamines. La plupart des poissons herbivores en rafollent et plusieurs fabricants en incorporent dans leurs comprimés de fond.

En aquariophilie, la présence de cyanobactéries révèle un problème au niveau de la qualité de l’eau. Elles apparaissent quand l’entretien de l’aquarium est incorrect. Les matières organiques en décomposition favorisent leur venue. Leur mode de reproduction les rend presque indestructibles car quelques fragments laissés dans le bac suffisent à reformer une croûte épaisse en quelques heures. Elles créent un tapis gluant sur les plantes ce qui empêche toute activité chlorophyllienne, donc les plantes s’affaiblissent, étouffent et finissent par mourir. Et une fois qu’elles ont recouvert le sable d’un voile épais il devient impropre à toute vie microbienne.

En bac marin, souvent c’est le manque de brassage sur certaines zones qui peut provoquer leur développement , associé à un déséquilibre No3 /Po4.(16/1)

Les causes …

Elles sont généralement provoquées par un déséquilibre entre les  nitrates et les phosphates dans le bac apportés par
– Une nourriture trop riche en protéines et distribuée en trop grande quantité
– La mort d’un poisson qui se décompose dans un coin du bac
– Trop de feuilles mortes de plantes en décomposition
– Entretien insuffisant, pas assez de changements d’eau, oubli d’aspiration des déchets sur le sol , le sol étouffe,  et les « bonnes » bactéries du sable sont remplacées par les Cyano.
– L’emploi de médicaments qui contiennent du cuivre, ce qui tue les bonnes bactéries dans le sol et favorise donc la prolifération des Cyano.
– Une température élevée ( 27 à 30°C) accélère et favorise leur développement ainsi qu’une eau plutôt basique.
– Un manque d’oxygène dans le bac, causé par un voile de surface qui limite les échanges gazeux ou par un manque de brassage de l’eau

Cyano vertes ou roses.

Comment s’en débarrasser ?

Il faut en enlever la plus grande quantité possible en les siphonnant chaque jour, en nettoyant très attentivement les pièces du décor qui sont atteintes, en changeant plus d’eau et plus souvent, bref en améliorant nettement la qualité de l’eau du bac.

Un nettoyage du filtre, suivi de changements d’eau importants sont nécessaires.

On peut aussi améliorer l’éclairage en qualité et en intensité pour favoriser la pousse des plantes supérieures donc une meilleure production d’oxygène.

Il faut éviter de remuer le sol et ne pas clocher le sable pour ne pas détruire toute la population des bactéries, en compétition avec les algues bleues.

On peut aussi réensemencer en bonnes bactéries en récupérant du  sable d’un bac sain ou en ajoutant des préparations bactériennes du commerce. Il suffit parfois de simplement « nourrir » les  bactéries utiles, en ajoutant  du sucre. On trouve divers protocoles sur le Net, mais je n’ai jamais testé…

Un manque de nitrates favorise les cyanobactéries par rapport aux algues vertes, donc en maintenant un taux de nitrates raisonnable de l’ordre de 5 à 10 mg/L la croissance des algues et des plantes supérieures est favorisée dans leur compétition avec les cyanobactéries,  cela peut être facilement obtenu en augmentant les apports alimentaires et en espaçant les changements d’eau pour laisser remonter le taux des nitrates.

On peut aussi envisager un apport de nitrates sous forme de nitrate de potassium pour rééquilibrer la balance en faveur des algues. Parfois une poussée de cyano dénote un manque de phosphates.

Il semble qu’un déséquilibre entre les nitrates et les phosphates favorise la pousse de ces algues comme celle des algues pinceaux . Dans ce cas si les nitrates sont inférieures à 5 mg/L, on peut ajouter du nitrate de potassium KNO3 et , du PO4 sous forme de KH2PO4 ou K2HPO4. Il semblerait que le rapport optimal entre nitrate et phosphate soit de 10 contre 1 ( 10 mg/l de nitrate = 1 mg/l de phosphate ). Si ce rapport est déséquilibré dans un sens ou dans l’autre , ce sont les algues qui en profitent : Empiriquement ça se vérifie souvent…Il faudrait donc éviter d’abaisser trop les nitrates et phosphates ; viser un taux à zéro est un mauvais calcul…

L’emploi ponctuel de résines anti-nitrates et anti-phosphates  est à recommander car il permet de rétablir des valeurs correctes.

Le sulfate de cuivre est le principe actif de bon nombre d’algicides ; le cuivre est toxique pour la plupart des types de cyanobactéries. Malheureusement le traitement détruit ou empoisonne aussi certains organismes comme le zooplancton, les invertébrés, escargots et crevettes et il indispose les poissons sans écailles. De plus, le cuivre précipite, se dépose et s’accumule dans les sédiments. Et l’on ne parvient plus à en débarrasser complètement l’aquarium.

Les traitements aux antibiotiques sont efficaces la première fois mais si on ne résout pas la cause du problème, les cyano réapparaissent très rapidement. L’emploi d’antibiotiques dans un aquarium est à déconseiller, on risque de créer des souches de bactéries résistantes, ce qui commencent à poser des gros problèmes en médecine humaine ; de plus les antibiotiques tuent les bonnes bactéries utiles dans le bac et dans le filtre, autant que les cyano ! Il faut donc bien réfléchir avant de se lancer dans l’utilisation des ATB qui devraient rester réservés à l’usage humain ou tout au moins conseillés et prescrits par un vétérinaire.

Erythromycine pur, 200 mg pour 100 litres, renouveler 3 jours plus tard. Le traitement doit durer au moins 5 jours.
Avant l’administration de l’antibiotique, il faut retirer manuellement la plus grande quantité possible d’algues bleues pour éviter qu’une fois mortes, elles polluent encore plus le bac. Après 5 jours, il est nécessaire de changer 50% de l’eau et filtrer toute la semaine sur du charbon pour éliminer les restes du traitement. Il faut aussi javeliser l’eau siphonnée qu’on va jeter pour éviter de répandre les antibiotiques dans la nature. Attention aussi de bien surveiller les nitrites, qui risquent d’augmenter suite à la surcharge de matière organique due à la mort des algues. Il est aussi important de réensemencer le filtre en bactéries.

 

 


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© veronique 2010