Apistogramma borellii 

A. borellii

CLASSE : Ostéichthyens
SOUS-CLASSE : Actinoptérygiens
SUPER-ORDRE : Téléostéens
ORDRE : Perciformes
GENRE : Apistogramma
FAMILLE : Cichlidés

Les synonymes sont nombreux :

A. aequipinnis (AHL, 1938 )
A. reitzigi (MITSCH, 1938 )
A.ritense (HASEMAN, 1911)
A.rondoni (MIRANDA RIBEIRO, 1918)

Ces poissons avaient été décrits comme Heterogramma borellii en l’honneur de leur collecteur, M.Borelli, qui les pêcha pour la première fois dans le Mato Grosso.

A.borellii est un petit cichlidé robuste et pacifique, qui peut être gardé en harem, 1 mâle pour 3 femelles par exemple, dans un bac d’une centaine de litres.

On parle du genre Apistogramma depuis le 19è siècle, quand en 1852, le naturaliste Anglais Henry Bates découvrit le premier spécimen de Cichlidé nain (A. taeniata) dans le rio Cupai, et qui est considéré actuellement comme l’espèce type du genre.
S.Kullander a refait une classification du genre en 1980 et il dénombre plus de 80 espèces, dont une cinquantaine sont décrites.

Les Apistogramma ne se trouvent qu’en Amérique du Sud dans les bassins de l’Amazone, du Rio Paraguay et Parana et de l’Orénoque, Ils sont très répandus et très diversifiés. On subdivise ce genre en plusieurs sous-groupes, entre autres celui des Apistogramma borellii, dans lequel on retrouve par exemple les A. borellii, A. cacatuoides, A. agassizi , et celui des Apistogramma macmasterii où l’on trouve entre autres, A. eunotus, A.viejita , A. nijssenni …
A.borellii est un poisson d’aquarium bien connu, les premières importations en Europe datent de 1936.

.La plupart des espèces sont originaires des rivières de la forêt tropicale, dans des eaux peu profondes, particulièrement près des berges, dans 10 à 20 centimètres d’eau. Les bords des rivières sont encombrés d’un fouillis de branchages, de feuilles mortes, de racines qui servent de cachettes ou de refuges, mais les poissons nagent aussi régulièrement en pleine eau, souvent en groupe, au-dessus des fonds sablonneux.
L’eau est douce et acide, la température moyenne est proche de 26 degrés. Dans certains cours d’eau, l’eau est sombre, colorée par les tanins des feuilles et branches tombées qui s’y décomposent ; il y a très peu de calcaire dans le sol et donc l’eau est très douce ; puisqu’elle dissout peu de sels minéraux, sa conductivité est très basse, inférieure souvent à 100 µS
Ils partagent ces eaux avec des poissons du genre Hoplias, et des Cichlidés du genre Crenicichla ainsi que des Piranhas et des poissons chats qui sont leurs prédateurs naturels.
Ce sont des poissons faciles en aquarium à condition de respecter leurs besoins : ils sont assez tolérants quant à la qualité physico-chimique de l’eau, pourvu que le pH soit inférieur à 7 et que la dureté ne soit pas trop élevée. Comme on élève les A.borellii depuis bien des années en aquarium, ils se sont petit à petit adaptés à notre eau du robinet .Les poissons sauvages sont plus exigeants mais les Apisto reproduits intensivement s’adaptent aisément. Il faut d’ailleurs souligner qu’on trouve assez régulièrement à la vente des poissons sauvages récemment importés qui nécessitent un bon déparasitage et quelques doses de vermifuges, ainsi qu’un séjour en bac de quarantaine.

Maintenance
Tous les Apisto sont sensibles aux déchets métaboliques et une poussée de nitrite peut leur être fatale, un taux de nitrate trop haut est également à éviter : 20 mg/L semble un maximum acceptable : l’eau doit être maintenue propre par une bonne filtration et des changements d’eau fréquents. L’ajout d’extrait de tourbe liquide ou l’installation de tourbe en grain ou en fibre dans le filtre, améliore la qualité de l’eau et l’acidifie légèrement ; elle a aussi un léger rôle antifongique. Attention, ils sont également très sensibles aux médicaments : si l’on doit traiter un bac d’ensemble où vivent des Apisto, il vaut mieux diminuer les doses prescrites ou carrément retirer les poissons. Les plupart des maladies qui frappent les poissons d’aquarium sont essentiellement occasionnées par un manque d’entretien, une hygiène défectueuse, des mauvaises conditions de vie ou de transport et d’acclimatation. Une maintenance correcte permet d’éviter les problèmes et les infections à 90 % parce que les poissons sont suffisamment bien nourris et solides pour combattre les maladies.

La température idéale de maintenance est comprise entre 24 et 26 degrés, mais ils supportent très bien une baisse momentanée de la température jusqu’à 12 ou 15 degrés ! . Certains poissons sauvages ont été capturés dans des rivières dont l’eau descend à 12 degrés en plein hiver…Par contre en été si le thermomètre dépasse les 30 degrés, ils peuvent souffrir de la chaleur et du manque d’oxygène

L’aquarium sera bien planté car les Apistogramma sont des poissons timides qui ont besoin de nombreuses cachettes et refuges. Un sol foncé fait ressortir la couleur des poissons. On peut prévoir de placer au sol des pots de fleur couchés, de nombreuses branches et souches enchevêtrées, ou de construire des grottes, à condition d’employer des roches non calcaires. L’utilisation de noix de coco soigneusement vidées et lavées, puis coupées en 2 morceaux de taille inégale et un peu enfoncées dans le sol, permet de créer de superbes lieux de ponte, utilisés aussi par bien d’autres poissons comme refuge. Il est préférable de ne pas les faire cohabiter avec d’autres petits cichlidés, souvent plus agressifs et plus grands qui risquent d’occuper tout l’espace au détriment des A.borellii.

Pour employer des noix de coco, il faut d’abord les vider après avoir creusé 2 petits trous, puis les casser, soit en les sciant, soit en les jetant violement contre le sol ou en utilisant un marteau. Un fois la noix ouverte,on vide le reste du liquide et on détache soigneusement toute la chair blanche ( très bonne à manger et aussi appréciée par les poissons comme les Ancistrus ) Il faut bien nettoyer l’intérieur mais on peut laisser tous les « poils » et barbes qui sont sur la coque, ils font le régal des Ancistrus et des autres espèces xylophages qui râpent le bois.

On peut aussi la faire bouillir une vingtaine de minutes pour faciliter le décollement de la chair, ce qui permet en même temps de les stériliser et surtout de les gorger d’eau. Il n’y a plus qu’à mettre les demis noix-de-coco dans divers coins du bac, sous les plantes par exemple, à demi enterrées. Elles seront très vite squattées par les poissons de fond comme les Corydoras qui adorent s’y abriter, par les poissons qui cherchent des cachettes comme les petits Botia, par les Ancistrus qui y pondent et par les Apistogramma

Dimorphisme
Les mâles sont plus grands et plus colorés que les femelles. Ils mesurent environ 7 centimètres alors que les femelles dépassent rarement 4 cm et présentent une couleur jaunâtre, comme la plupart des Apistogramma. Les premiers rayons des nageoires pelviennes et dorsales sont noirs.

Les mâles mesurent jusqu’à 7 ou 8 cm. Leur corps est profond et latéralement comprimé. Ils présentent une nageoire dorsale haute et bien colorée. Les pelviennes sont également développées et colorées et la caudale est arrondie. L’élevage intensif en aquarium, avec une nourriture riche et abondante, a permis d’obtenir des poissons de plus en plus grands…qui s’éloignent des souches d’origine.

Il existe deux formes chromatiques aisément discernables :
Les poissons importés de la région du Panatal, au Brésil présentent une coloration de base brun – jaune avec des reflets bleus très soutenus. La gorge est jaune ocre, parsemée de taches bleues. Les nageoires sont bleues et la caudale est jaune.
Mais on a aussi importé puis fortement sélectionné en Allemagne une forme bleue appelée « opal ». Le mâle a un corps presque uniformément bleu avec le tour des yeux jaune. Des points rouges sont présents sur les opercules et sous les yeux.

Il est souvent difficile de croire que mâle et femelle font partie de la même espèce, tant leur taille et leur patron de coloration diffère. On peut souligner le fait que les mâles dominés adoptent les couleurs neutres des femelles pour ne pas être persécutés et que dans un harem comprenant plusieurs femelles, il n’est pas rare de découvrir la présence d’un mâle terne. Si l’on retire le poisson dominant, on voit alors se révéler un ou des jeunes mâles, qui vont rapidement grandir, se colorer et changer d’attitude. Les mâles sont polygames et lorsqu’on achète des A.borellii il faut donc acquérir aussi plusieurs femelles pour constituer un harem en espérant ne pas avoir de mâle « camouflé » dans le lot. Trois femelles pour chaque mâle permettent de créer un groupe équilibré, à condition que le bac soit assez grand pour que chaque mâle puisse créer et défendre son propre territoire. Dans le cas d’un aquarium trop petit, ou s’il y a déjà trop de poissons qui vivent proches du sol, le plus fort des mâles tue l’autre et s’approprie toutes les femelles. Si l’on veut mettre 2 mâles ou plus il faut alors créer des territoires dans l’aquarium, marqués par le décor en installant des rideaux de plantes, des éboulis ou des souches qui délimitent nettement des zones bien séparées.
La distinction des sexes est souvent difficile quand les poissons sont jeunes et n’ont pas encore pris leur coloration d’adulte.
Ce sont des poissons paisibles, sauf pendant les époques de reproduction, où ils se montrent bien plus agressifs.

une femelle bien jaune , juste après la ponte

Reproduction

Comme la plupart des espèces du genre Apistogramma, les A.borellii sont des pondeurs sur substrat caché et il faut leur fournir des grottes, racines et noix de coco. Ils ont besoin d’un abri pour pondre. Une légère augmentation de la température, jusqu’à 27 degrés, provoque aussi souvent la ponte, de même que quelques distributions de nourriture vivante.
Quand les poissons sont jeunes, il leur arrive de pondre quasiment toutes les semaines pendant plusieurs mois. En vieillissant, les pontes s’espacent puis cessent.
On obtient de meilleurs résultats si on a laissé le couple se choisir, en mettant plusieurs mâles et femelles ensemble, puis en les isolant une fois le couple formé. Quand elle est prête, la femelle arbore une superbe couleur jaune intense et les bandes sombres de sa robe s’estompent,ne laissant qu’un barre noire qui traverse l’œil. On peut alors assister à une parade du mâle qui dresse sa nageoire dorsale et « fait le beau ».Les poissons nagent ensemble, côte à côte pendant un bon moment. Quand la femelle est prête, elle entre dans son abri et dépose ses œufs généralement sur la voûte ou au plafond et le mâle les féconde immédiatement, puis il est chassé. Pour un couple mature on compte entre 60 et 100 œufs par ponte.

Chez moi ils ont pondu sous une racine …

La robe jaune de la femelle indique qu’elle a pondu

Elle monte la garde et chasse tous les autres poissons, y compris le mâle.

Il faut bien chercher pour voir les alevins sur les grains de sable…

un beau mâle opal

La femelle fait souvent un monticule de sable devant l’entrée de sa cachette et monte la garde férocement. Elle peut chasser des poissons 10 fois plus gros qu’elle. Le mâle se tient à bonne distance et ne s’occupe ni des œufs ni des jeunes ! A l’état sauvage le mâle se charge de la protection de l’ensemble du territoire des diverses femelles de son harem et la femelle est gardienne des environs immédiats du nid. En bac spécifique, quand ils pondent en couple, il vaut mieux retirer le mâle une fois la ponte terminée car il se fait chasser, et parfois très méchamment. Après une bonne semaine, la femelle laisse sortir les alevins après avoir soigneusement observé les alentours. Elle monte la garde et les protège très efficacement, en chassant tous les autres poissons et cachant les alevins dans des cuvettes creusées dans le sable.

Quand ils sortent de leur abri et qu’ils ont fini de résorber leur sac vitellin, on les nourrit avec des infusoires contenus dans le riz Paddy ou dans le Riccia puis très rapidement avec des micro-vers et des nauplies d’artémia.La mère continue son rôle de chien de garde pendant plus d’un mois, en ayant retrouvé sa robe terne, et on la voit promener ses jeunes à travers tout le bac. En cas d’alerte, ils s’immobilisent tous au sol et elle attaque sans crainte l’agresseur, que ce soit un autre poisson trop curieux ou la seringue qui distribue les artémia. Tant que les jeunes restent en groupe ils sont protégés mais quand ils commencent à être téméraires et à explorer tout le bac, ils se font alors souvent dévorer par les autres poissons de l’aquarium.; les plus malins survivent en se cachant et grandissent assez lentement.

La femelle est si bonne mère qu’il est possible d’obtenir des pontes réussies en bac communautaire, où l’on peut alors retirer les alevins quand ils sont âgés de 8 ou 10 jours pour les élever dans un bac à part.

femelle en période de ponte            /                  femelle hors de la période de reproduction

Alimentation
Ce n’est pas vraiment un poisson qui se contente de paillettes…Son régime alimentaire se compose de nourriture animale vivante, si possible ou tout au moins congelée : daphnies, cyclops, larves de moustiques , vers de vase…. Pour encourager les poissons à se reproduire la distribution régulière de nourriture vivante est un net avantage

 

Cet article a été écrit pour le numéro 204 d’Aquarium Magazine de juillet 2003  texte et photos ©Véronique Ivanov