Carnegiella strigata strigata

Carnegiella strigata strigata

 Poisson-hachette marbré.

Synonyme: Gasteropelectus strigata, rebaptisé Carnegiella strigata par Weitzman en1960.

Characidé américain de la famille des Gasteropélécinae .

Décrit dès 1864 par Gunther et introduit en Europe par F.Meyer de Hambourg en 1910.

Poissons de forme originale et unique, ils sont calmes et vivent en banc juste sous la surface de l’eau, présentant l’avantage d’animer une partie de l’aquarium qui est souvent vide dans les bacs communautaires.

Il existe 2 variétés de poissons- hachettes très proches : l’espèce Carnegiella strigata strigata qui est trouvée dans l’Iquitos, au Pérou, et l’espèce Carnegiella strigata fasciata qui vit en Guyane et au Surinam. Il semble que les C. fasciata soient un peu moins fragiles et s’adaptent mieux à nos aquariums.

Leur surnom de poissons-hachettes est facile à comprendre en observant la forme générale de leur corps : il est latéralement comprimé en forme de fer de hache. Les nageoires hautes peuvent être prises pour des ailes, elles permettent aux poissons-hachettes de faire des sauts étonnants au-dessus de la surface de l’eau, de voler littéralement sur quelques mètres, quand ils se sentent menacés. Des poissons-hachettes sauvages peuvent couvrir des distances étonnantes au-dessus de la rivière en agitant énergiquement leurs nageoires grâce à leurs muscles pectoraux pour se déplacer dans l’air !

C’est un poisson idéal pour occuper la partie supérieure du bac, tout près de la surface de l’aquarium où vivent peu d’espèces. La forme de leur bouche, orientée vers le haut, et leur comportement général montrent qu’ils sont bien adaptés à la capture de petites proies posées sur la surface.

Comme d’autre Tétras, le poisson-hachette exige un taux d’oxygène important et une excellente qualité d’eau. Ce sont des nageurs puissants et rapides qui apprécient de nager à contre-courant dans le flux causé par le rejet du filtre. Pour créer un fort mouvement d’eau, on peut ajouter une pompe de brassage juste sous la surface de leur aquarium.

Merci Annick pour ces photos….

Les Characidés vivent principalement en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Ils font partie du sous-ordre des Characoïdes qui regroupe les poissons africains et américains.

Cette grande « famille » compte environ 1000 espèces dont plus de 800 sont originaires d’Amérique du Sud. Bon nombre de Characidés sud-américains qui sont de petite taille sont grégaires et se regroupent en rang serré en cas de danger, comme pour dérouter l’attaquant ou compliquer la tâche d’un prédateur. Ce type de comportement nous indique bien qu’il faut maintenir ces poissons en groupe de 10 ou 12 individus et non pas en couple ou en trio. La plupart de ces espèces s’adaptent très bien aux conditions de vie en aquarium. Les poissons-hachette occupant le niveau supérieur du bac, d’autres poissons calmes comme des Cardinalis ou des Tétras peuvent vivre dans la zone intermédiaire et des Corydoras ou des petits cichlidées occuper le fond du bac.

On trouve des bancs de C. strigata dans les ruisseaux de la jungle qui ont parfois un fort courant, comme dans les étangs tranquilles. L’eau est douce et légèrement acide, parfois tourbeuse. C’est un hôte excellent pour un aquarium peuplé de Discus, de Scalaires ou d’autres poissons amazoniens.

 

Description.

Petit poisson argenté de forme curieuse Carnegiella strigata a le corps en forme de fer de hache, latéralement très comprimé, sa couleur de base est le blanc argenté, strié de marbrures brunes sur l’abdomen. Le dos est plat et le ventre très descendu. De taille modeste, il dépasse rarement 5 centimètres.

Une raie longitudinale plus foncée s’étend de la tête jusqu’à la base de la queue et est bordée d’une zone étroite, argentée ou dorée. En dessous se trouvent un certain nombre de rayures plus foncées qui traversent en diagonale le bas du corps et qui sont formées par des taches irrégulières.

L’œil est rond et cerclé de jaune. La gorge et le ventre sont bordés de noir. La partie centrale des nageoires pectorales est foncée, les autres nageoires sont incolores et transparentes. Les nageoires pectorales sont très développées, hautes et rigides, ressemblant à des ailes, les pelviennes sont à peine visibles ! La nageoire dorsale est attachée très en arrière, la caudale est fourchue. Contrairement à bien d’autres Characidés, les Carnegiella strigata n’ont pas de nageoire adipeuse.

Il n’y a pas de dimorphisme sexuel, tout au plus en les regardant par-dessus, les femelles semblent plus larges que les mâles, et leur ventre est nettement plus rond quand elles sont pleines d’œufs.

 

Maintenance.

Ce sont des poissons grégaires, pacifiques et calmes, généralement immobiles juste sous la surface du bac qui doivent absolument être maintenus en banc d’une dizaine d’individus . Ils peuvent vivre en un aquarium communautaire, avec d’autres poissons calmes où ils occuperont la partie haute du bac. Il faut laisser un espace libre entre la surface de l’eau et le couvercle, car ce sont d’excellents sauteurs.

Les poissons-hachette n’ont pas de très grandes exigences, on peut les placer dans un bac d’une centaine de litres comme dans un biotope amazonien de grande taille. Ils doivent impérativement être maintenu en groupe d’au moins 8 à l0 individus. S’ils sont pas assez nombreux, ils sont stressés et mal à l’aise, à la moindre alerte ils s’affolent facilement et on les voit sauter hors de l’aquarium. Il leur faut donc un bac muni d’un bon couvercle et d’un espace dégagé entre la surface de l’eau et les tubes de l’éclairage car ils sont capables de bonds surprenants et dans une cuve ouverte on les retrouverait sur le tapis, secs et morts.

Les poissons-hachette vivent dans des cours d’eau ombragés et n’apprécient pas une trop forte luminosité. Leur bac possèdera donc une abondante végétation composée de plantes à hautes tiges qui se recourbent à la surface et atténuent l’éclairage en procurant des abris, ainsi que d’autres tiges avec un feuillage fin qui dans lesquelles ils peuvent se dissimuler.

Si le sable au fond est de couleur sombre, il atténue encore plus la luminosité.

 

Les Carnegiella strigata ont besoin d’espace bien dégagé pour nager car ils restent en permanence dans la partie haute de l’aquarium. Ce sont des nageurs rapides qui aiment à stationner dans le courant de l’eau. Par contre, le soir à l’extinction de l’éclairage, ils ne restent pas sous la surface mais s’enfoncent un peu plus dans la zone intermédiaire, peut-être par instinct pour éviter d’être mangé par des oiseaux ou d’autres prédateurs de surface. Etant donné leur comportement calme et grégaire, on ne doit pas les associer à d’autres poissons trop remuants ou agressifs. Il est donc déconseillé d’en introduire dans un bac déjà peuplé de Barbus de Sumatra, de Botias macracantha, de Balantiocheilus, ou de petits poissons toujours en mouvement comme les Danios, qui occupent souvent la partie haute du bac.

 

 

Les caractéristiques physico-chimiques de l’eau sont essentielles pour le bien être des poissons. Pour cette espèce, la température peut être comprise entre 23° et 30°, la plus adaptée à son métabolisme sera de 26°. Il est utile de placer de la tourbe dans le filtre afin d’ assombrir un peu l’eau et de créer l’eau noire typique de certains cours d’eau amazoniens. De plus la tourbe a l’avantage d’acidifier légèrement l’eau de l’aquarium ce qui est apprécié par les C. strigata qui réclament un pH compris entre 6° et 7°et une dureté inférieure à 12TH.

 

 

Les Carnegiella strigata sont fréquemment malades juste après leur achat. Soyez méfiants lors de leur installation dans leur nouvel habitat, il se déclenche presque toujours une poussée d’ichtyo (maladie des points blancs). Il faut donc être prêt à traiter très vite le bac où on les place. Cette maladie se soigne généralement en élevant la température de l’eau à 28 degrés et en utilisant des médicaments vendus dans les commerces aquariophiles. Une fois rétablis, ils sont très robustes et par la suite ce sont des poissons résistants et rarement malades si les conditions de maintenance sont adaptées à leurs besoins. Leur espérance de vie en aquarium est de six à sept ans.

 

 

 

Nourriture.

 

Ce sont des microphages : dans la nature ils chassent tout ce qui bouge à la surface de l’eau : des petits insectes, des larves, des fourmis, des œufs de fourmis, des mouches des fruits, des pucerons et d’autres bestioles de petite taille. En aquarium, pour les maintenir en bonne santé, il faut veiller à leur fournir une alimentation aussi diversifiée que possible, tout en l’adaptant à la taille de leur bouche. On les nourrit principalement de larves de moustiques et de drosophiles, avec quelques ajouts de flocons et de paillettes du commerce.

Les distributions de larves d’insectes, congelés ou vivants, d’artémias, de mouches du vinaigre, et de tubifex sont très appréciées et peuvent déclencher des pontes. Il est illusoire d’espérer maintenir des Carnegiella strigata plus de quelques mois en les nourrissant seulement de flocons ou de comprimés, ils ont besoin de consommer des insectes et de la nourriture vivante. Ils ne se nourrissent qu’en surface, quand les flocons et les paillettes coulent au fond du bac, ils ne descendent pas les chercher : il est donc important de s’assurer qu’ils sont suffisamment alimentés par ce qui flotte à la surface de l’eau.

La reproduction.

 

Les Carnegiella strigata sont des ovipares dont la reproduction en aquarium est assez délicate et peu fréquente, mais qui ne pose pas de vraies difficultés. Les différences sexuelles sont peu apparentes, à part un léger embonpoint des femelles et un ventre plus rond avant la ponte. Pour s’assurer des bonnes chances d’élever des alevins, on installe un couple dans un bac spécifique avec une eau très sombre obtenue en ajoutant des extraits de tourbe liquide, jusqu’à ce que l’eau soit vraiment de couleur marron et presque opaque ! L’éclairage est très doux et tamisé. Quelques plantes flottantes fournissent de l’ombre. Une eau peu minéralisée et acide est essentielle : Le pH doit être bas, compris entre 5,5 et 6 et la dureté ne doit pas dépasser 6 TH. Pour les inciter à frayer, il faut leur proposer un régime varié d’insectes vivants, de mouches de fruit, de drosophiles et de larves de moustiques.

Les poissons paradent de façon très mouvementée, sautant fréquemment hors de l’eau et se poursuivant à travers tout le bac. Les œufs sont pondus près de la surface, dans les plantes ou les racines aériennes mais comme ils sont peu adhésifs, la plupart tombent au fond. Les parents sont rapidement retirés après la ponte sinon ils vont dévorer leurs œufs. L’éclosion se produit après 36 heures d’incubation dans une eau à 25 degrés. Après avoir passé environ 5 jours immobiles à résorber leur vésicule vittelline, les jeunes alevins atteignent la nage libre et peuvent être nourri au plancton de mare ou avec des poudres très fines pour alevins puis avec des nauplies d’artémias comme bon nombre d’autres jeunes ovipares. Après environ 3 semaines, les alevins commencent à prendre la forme typique de hachette qui est propre à leur espèce. On doit veiller attentivement aux changements d’eau journaliers qui permettent d’éliminer tous les soirs les restes de nourriture, les déchets et les excréments des jeunes poissons et de garder le bac d’élevage propre et sain.

 

POPULATION. On peut les faire cohabiter avec des néons (Paracheirodons cardinalis), des Tetras fantômes (Megalamphodus megalopterus) et un couple de cichlidés nains comme des Mikrogeophagus ramirezi.

 

 

Cet article a paru dans le numéro de septembre 2001 d’Aquarium Magazine

©Véronique Ivanov