Girardinus metallicus
Ordre des Atheriniformes Sous ordre des Cyprinodontoides Famille des Poeciliidés
Synonymes : Girardinus garmani, G.pygmaeus, G. heterandia cubaensis, H.metallica, Pœcilia métallica.
Taille : 8 cm pour la femelle, 4 cm pour le mâle.
Ces petits poissons très actifs mais pacifiques sont connus depuis fort longtemps, ils ont été décrits par Poey en 1854 et importés déjà en 1906 par W.Shroot, aquariophile de Hambourg en Allemagne, puis maintenus sans difficulté en captivité. On les a un peu oubliés, au profit d’espèces plus colorées ou plus grandes, mais on commence à en revoir régulièrement figurer sur les listes des importateurs. On constate un regain d’intérêt pour les espèces sauvages et les forme proches des souches originales.
Bien qu’ils ne soient pas très colorés, ils attirent notre oeil par leurs mouvements incessants ; à l’état sauvage on les trouve à Cuba et dans les grandes Antilles ainsi qu’au Costa-Rica, en Amérique Centrale. Leur milieu d’origine est constitué de rivières lentes et peu profondes, riches en plantes et de petits lacs d’eau saumâtre.
À Cuba on trouve des Girardinus dans les canaux d’évacuation d’eau et dans les mares, parfois même jusque dans la mangrove plus ou moins saumâtre. Ils partagent leur habitat avec entre autres des Pœcilia, divers Gambusies, des Cubanichtys cubensis. Tous ces poissons souffrent de la prédation des perches soleil qui ont été introduites artificiellement pour être péchées par les populations locales.
À la saison sèche, mares et rivières voient leur niveau baisser et les poissons qui y restent piégés, meurent en grande quantité par manque d’eau et manque de nourriture. Par contre à la saison des pluies, les individus qui ont survécu repeuplent très vite les zones inondées. La nourriture est à nouveau disponible en quantité, ce qui crée des conditions favorables à leur reproduction. La population piscicole explose alors littéralement. Leur cycle de vie est nettement soumis à ces variations saisonnières, inconnues en aquarium…
Les Girardinus vivent en grands groupes hiérarchisés et donc apprécient la compagnie de leurs semblables. Il faut éviter de garder seulement un ou deux poissons mais constituer plutôt un aquarium spécifique qui leur soit destiné. Dans un bac de 80L par exemple, on peut introduire 3 mâles et 8 femelles qui donneront rapidement naissance à toute une colonie.
Ils trouvent aussi leur place dans un bac communautaire, peuplé d’autres poissons aimant l’eau moyennement dure et basique, mais dans ces conditions, leurs alevins auront plus de mal à survivre.
Ce sont des poissons actifs, bons nageurs et tout à fait recommandés aux débutants qui voudraient maintenir autre chose que des Guppys…
Les Girardinus font partie de la grande famille des poissons dits « ovovivipares » qui vivent en eau douce. Ils occupent essentiellement le continent américain, le sud des Etat-Unis, l’Amérique centrale et les Caraïbes. Mais comme les Guppys et les Gambusies, ils ont été introduits dans de nombreux pays chauds aux 4 coins du monde pour tenter de lutter contre les moustiques. Ce sont en effet de redoutables petits carnivores, qui apprécient les larves de moustiques et n’ont pas de grandes exigences quant à la qualité des eaux.
Caractéristiques de l’eau.
Ils s’adaptent facilement à divers paramètres mais idéalement il leur faut un aquarium bien planté avec une lumière filtrée par des plantes flottantes ou des longues tiges recourbées à la surface. Les Girardinus apprécient un bac lumineux et ensoleillé où poussent des algues vertes qu’ils grignotent, mais ils n’aiment pas vraiment un éclairage puissant.
L’eau doit être légèrement alcaline (PH 7-7,5) et plutôt dure (TH entre 18º et 30). Ils tolèrent des températures entre 20º et 28º, comme ils sont assez accommodants ils pardonnent sans problème quelques erreurs de maintenance.
Une bonne filtration d’au moins 3 fois le volume du bac par heure est recommandée.
un mâle
Description
Selon leur lieu d’origine, selon l’endroit où ils sont péchés et même selon l’éclairage du bac, les Girardinus sont des poissons dont la coloration peut être très variable, mais qui reste discrète.
Le corps est de forme allongée et de petite taille, les nageoires sont transparentes, sauf le gonopode des mâles qui est généralement noir. La couleur du corps est beige clair, argenté, ou doré ou qui parfois a des reflets gris , verts ou bleus. Le corps est strié de bandes verticales assez claires qui présentent un fort reflet métallique ; Ces barres sont nettement plus marquées chez les mâles. Selon l’éclairage, et plus encore s’ils reçoivent les rayons du soleil, les poissons donnent vraiment l’impression de briller… Le ventre est clair, presque blanc. L’œil est grand et cerclé de jaune doré. La bouche est dépourvue de barbillons, orientée vers le haut, capable de happer de la nourriture flottante comme de grignoter des algues.
Le dimorphisme sexuel est nettement marqué, pour ces poissons pas de risque de se tromper ! Les mâles sont beaucoup plus petits et moins ronds que les femelles. Ils dépassent rarement 4 cm alors que les femelles atteignent 8 bons centimètres. De plus les mâles possèdent un gonopode de grande taille, noir et bien visible, doté de 2 petits crochets.
Leur patron de coloration est aussi différent de celui des femelles, avec une longue tache noire qui commence sous leur museau et s’étend jusqu’au gonopode. Ils présentent aussi parfois quelques taches noires sur l’arrière de la tête et sur la nageoire dorsale.
Reproduction
La nageoire anale du mâle est transformée en organe génital. Cet organe sexuel n’apparaît chez les jeunes qu’après la sixième semaine de vie. Les 3ème, 4ème et 5ème rayons ont été modifiés pour se transformer en une espèce de gouttière qui lui permet d’introduire le sperme directement dans l’orifice génital des femelles, lors d’un pseudo-accouplement. Comme les spermatozoïdes ont une longue durée de vie, la femelle peut produire 4 à 6 portées successives séparées par quelques semaines, et ceci sans rencontrer de nouveau mâle.
La reproduction est facile, les mâles paradent devant les femelles en permanence, même si celles-ci ne sont pas réceptives et tournent autour d’elles : Lorsqu’un mâle introduit son gonopode dans l’orifice génital d’une femelle, les spermatozoïdes émis sont alors stockés dans des replis de l’oviducte pour être utilisé quand les ovules seront mâtures et prêts à être fécondés.
Les œufs incubés se développent dans les ovaires des femelles, sans lien avec la mère et les embryons se nourrissent du sac vitellin inclus dans l’œuf. Il ne s’agit donc pas de vrais poissons vivipares, mais de ce que l’on appelle des « ovovivipares ». Les vrais vivipares dont les embryons sont reliés à la mère par un cordon ombilical, se trouvent dans la famille des Goodeidés qui vivent au Mexique.
Les femelles pleines se reconnaissent à leur ventre gonflé et à la tache de gestation très sombre qui se développe à l’arrière de leur abdomen. Plus la tache ventrale s’agrandit et plus le moment de la ponte approche. Peu avant le moment de la naissance, les œufs éclosent directement dans le ventre de la mère et les petits sont expulsés encore tout pliés. Les membranes des œufs sont expulsées juste après, mais parfois elles sont directement résorbées par la mère. Il peut arriver aussi, selon les paramètres de l’eau, que les jeunes ne se débarrassent de leur enveloppe qu’au moment de la naissance, lors de l’expulsion, ils se tortillent et une fois dans l’eau, se mettent immédiatement à nager.
Ces alevins sont de grande taille par rapport à des larves de poissons ovipares, on peut donc tout de suite les alimenter avec des nauplies d’artémia fraîchement écloses ou avec des poudres pour alevins.
Les femelles mâtures et bien nourries peuvent donner naissance à 80 alevins mais généralement les portées comptent de 20 à 60 petits. Leur croissance est rapide, il est possible de différencier les sexes dès l’âge de 7 à 8 semaines. Ils sont sexuellement actifs dès qu’ils ont 5 mois et il faut rapidement séparer les jeunes mâles des femelles pour éviter qu’ils ne se reproduisent trop vite. Si les femelles sont portantes alors qu’elles sont trop jeunes, leurs alevins sont petits et parfois mal formés, leur dos se déforme et elles meurent souvent après 2-3 portées. Mais avec des poissons en bonne santé, on obtient facilement 3 à 4 générations par année.
Quand ils sont bien nourris, les adultes ne mangent pas leurs alevins à condition que l’aquarium dispose d’assez de plantes et de cachettes pour que les jeunes y trouvent refuge. Par contre, en bac d’ensemble, les jeunes Girardinus qui mesurent moins de 2 cm sont régulièrement dévorés par les autres poissons de l’aquarium. On a d’ailleurs souvent avantage à laisser faire la nature, les plus malins et robustes se cachent et survivent alors que les alevins plus faibles sont éliminés. Sinon comment garder tant de jeunes, mois après mois ?
Si l’on tente d’isoler les alevins pour les protéger de la prédation, le bac est très vite sur peuplé… à leur tour ils se reproduisent rapidement entre eux, la consanguinité les affaiblit de plus en plus et l’on a alors dans le nouvelles portées de nombreux poissons difformes, très petits et peu colorés. Pour garder une population saine il faut prévoir d’introduire une à 2 fois par année des nouveaux géniteurs provenant d’une autre souche. Les amateurs font volontiers des échanges, sinon on trouve régulièrement des Girardinus dans les bourses aquariophiles, ou chez les membres des clubs aqua.
La formation des œufs et la durée de la gestation dépendent de la température de l’eau. Si le bac est maintenu à 27 degrés les naissances peuvent se succéder tous les 24 à 28 jours. Cette température élevée accélère la maturation des œufs mais épuise plus vite les femelles.
Nourriture
Les Girardinus ne sont pas exigeants mais ils apprécient une nourriture variée. Un important apport végétal est indispensable, sous forme d’épinards et de laitue pochés, ainsi que de paillettes végétales.
Ils sont omnivores et mangent généralement toutes les sortes de nourritures, avec une prédilection pour les petits insectes vivants, les larves de moustiques et les petits crustacés d’eau. Ils acceptent aussi volontiers les aliments congelés, artémias, larves de moustiques ou vers de vase et prennent des flocons et des paillettes. Il faut simplement adapter la taille des aliments à leur bouche. Une alimentation riche et variée ainsi qu’un apport de vitamines une fois par semaine, permettent de garder des poissons vifs et en bonne santé et préviennent d’éventuelles carences. Pour les reproduire, la distribution régulière de nourriture vivante est un bon stimulant.
Il faut donner à manger plusieurs fois par jour mais en petites quantités : Tout doit être avalé en 1 ou 2 minutes.
Maintenance
Ils nagent dans la partie intermédiaire du bac et vivent sans problèmes avec d’autres poissons, mais pas avec des espèces de grande taille, qui en feraient volontiers leur dîner…La cohabitation avec des Cichlidés de grande taille est rarement possible sauf si l’on prend soin d’introduire les Girardinus quand ils ont leur taille adulte avec des très jeunes Scalaires par exemple. Comme pour les Néons et les Guppys ou les espèces de petites tailles, il vaut mieux éviter ce type de cohabitation risquée…Les gros poissons prennent vite goût à la nourriture vivante et sont de bons chasseurs. Introduire un Combattant (Betta splendens ) est un bon moyen pour réguler très efficacement et naturellement la population des alevins. Bon nombre d’aquariophiles élèvent des petits poissons comme les Girardinus, les Guppys ou les Gambusies comme nourriture vivante pour des gros Cichlidés ou pour des poissons marins.
Comme tous les poissons grégaires ils sont mieux si on les maintient en groupe de 8 à 10 individus au moins ; plus le groupe est grand plus ils sont actifs et vifs. Mais on peut observer que l’organisation du groupe est assez lâche et que les individus ne restent pas continuellement ensemble. Ils se dispersent dans tout le bac. Il ne semble pas y avoir de hiérarchie très marquée ni de domination d’un individu sur les autres. Ce sont des hôtes paisibles et pas trop agités, qui se poursuivent parfois mais sans vraie agressivité. Par contre les mâles sont très entreprenants et pourchassent en permanence les femelles. Comme pour tous les membres de leur famille, les femelles doivent être en surnombre si l’on ne veut pas les voir mourir rapidement, épuisées par les assauts des mâles et les pontes trop rapprochées. L’introduction de 3 femelles pour un seul mâle est vivement recommandée.
Selon l’intensité de l’éclairage du bac, ils apprécient l’ombre des plantes et restent principalement dans les zones moins éclairées. Pendant la nuit, ils se réfugient dans les plantes.
Comme ce sont des poissons de petite taille, on peut en mettre un certain nombre sans trop de risque de sur peupler l’aquarium. Un bac présentant une longueur de 80 à 100 cm leur convient généralement en leur donnant suffisamment d’espace pour se déplacer. Il s’agit de nageurs actifs, il faut donc prévoir un espace libre de plantes. On peut orienter le rejet du filtre de sorte qu’il crée un courant d’eau à la surface qui contribue à oxygéner le bac et augmente les échanges gazeux et dans lequel les poissons jouent volontiers. Si on veut un aquarium bien planté pour procurer des cachettes aux femelles et aux jeunes, on doit installer des tubes néons qui fournissent 1 Watt pour 2 litres d’eau et prévoir une durée quotidienne d’éclairage de 12 heures, sans coupure et réglée par une minuterie.
Une pompe à air est inutile si le bac est bien planté, car elle agite trop l’eau et les remous chassent le gaz carbonique nécessaire à une bonne pousse des plantes. Pour favoriser la croissance de la végétation, un engrais doit être enfoui dans le sol au moment de l’installation du bac. On choisit un sable qui ne présente pas d’arrêtes tranchantes s’il est prévu d’installer des poissons fouisseurs comme les Pangio kuhli ou des Corydoras. On peut aussi mettre quelques racines pour le décor, mais il faut les faire bouillir longuement, car elles ont généralement tendance à lâcher des tanins qui assombrissent l’eau et font baisser le pH. Par contre l’emploi de pierres calcaires pour composer le décor est pour une fois possible, puisqu’elles aident à maintenir un pH élevé.
En résumé
Aquarium spécifique de 100x40x30 cm soit 120 litres ou plus grand si on veut faire un bac communautaire.
Eau :Les Girardinus metallicus arborent leur plus belles couleurs dans un bac bien planté, au sol sombre et dans une eau assez dure au pH proche de 7.5.
Équipement Filtre extérieur ou intérieur à décantation, d’une capacité de 2-3 fois le volume du bac par heure, qui assure un brassage suffisant. Chauffage nécessaire pour maintenir l’eau à 25 degrés.
Éclairage : Deux fluos de 90 cm réglés par une minuterie pour 12 heures d’éclairage continu. On compte généralement un Watt pour deux litres d’eau afin d’offrir assez de lumière à la plupart des plantes. Selon le type d’éclairage choisi, les reflets métalliques su poisson brillent plus fortement.
Entretien. Changement d’eau de 10 à 15 % chaque semaine, par de l’eau tiède et présentant des paramètres proches de celle du bac. Bien siphonner les saletés tombées sur le sable du fond. Nettoyage mensuel d’une partie des masses filtrantes. Nettoyage hebdomadaire des éventuelles algues sur la vitre frontale, taille et bouturage des plantes.
Décor L’emploi de racines de tourbières ou de bois de Mopani est possible mais il est nécessaire de faire bouillir longuement les souches pour éviter le dégagement de tanins qui assombrissent l’eau et font baisser le pH. Par contre on peut tout à fait utiliser des pierres et des roches, même si elles sont calcaires. L’emploi de sable de Loire ou d’un sol non tranchant est recommandé si l’on veut introduire des poissons « de fond » dans l’aquarium. Le quartz est tranchant et blesserait leurs barbillons.
Plantation : Il y a de nombreuses plantes adaptés à une eau de 25 degrés qu’il faut planter en laissant libre un large espace de nage. On peut choisir par exemple des Ludwigia, Elodés ou Egerias, comme plantes qui poussent vite, des Cryptocorynes et Echinodorus sur les côtés et du Microsorum placé sur une racine ou une pierre.
Alimentation On alterne les distributions de flocons ou paillettes avec des nourritures vivantes et congelées, des artémias, tubifex ou vers Grindal. Deux ou trois petites distributions par jour permettent d’alimenter tous les poissons du bac. Attention aux risques de suralimentation, tout doit être mangé en 1 ou 2 minutes.
Ce texte a été écrit pour le numéro d’Aquarium Magazine de juillet 2003 ©Véronique Ivanov
Photos ©Andrzej Zabawski du site www.akwafoto.pl