Hyphessobrycon erythrostigma, Tetra  coeur saignant

Hyphessobrycon erythrostigma, Tetra  coeur saignant

Tétra coeur saignant

Ordre Cyrpriniformes  /   Famille Characidae   /   Genre Hyphessobrycon   /   Espèce erythrostigma

Ce sont des Tétra de la vaste famille des Characidés, originaires d’Amérique du Sud, plus précisément du bassin supérieur de l’Amazone, Brésil, Pérou et Colombie.
Importés régulièrement depuis 1956, ils sont encore parfois vendus sous l’ancienne appellation de H. rubrostigma.
Leur nom fait référence à leur bouche qui porte des nombreuses petites dents et leur nom d’espèce à la tache rouge éclatante qu’ils arborent sur les flancs, sur une robe brunâtre aux reflets roses, argentés ou bleutés, selon l’éclairage. La nageoire dorsale porte une tache noire, et comme l’anale, elle est plus développée chez les mâles que chez les femelles. Ceux-ci deviennent aussi un peu plus grands et plus hauts Un Tétra de 6 à 8 cm, le corps est allongé, haut et aplati. On retrouve du rouge sur l’œil. Les nageoires des mâles sont nettement plus développées. Ceux-ci deviennent aussi un peu plus grands et plus hauts. Ils portent une petite nageoire adipeuse dépourvue de rayons durs.
Quand ils sont âgés, vers 4 ou 5 ans, la nageoire dorsale des mâles devient de plus en plus rouge avec une large bande noire. Comme les autres Characidés ils portent une petite nageoire adipeuse dépourvue de rayons durs.

un mâle avec une dorsale haute

Bien nourris et installés dans un bac planté, les Hyphessobricon présentent des belles couleurs et des reflets brillants alors que ce sont des poissons d’apparence terne dans les aquariums de vente. Ils demandent une bonne qualité d’eau, ce qui oblige à des fréquents changements d’eau, idéalement 20 à 30% chaque semaine. Avec de la tourbe dans le filtre, on obtient un pH bas de 5.6 à 7 et une dureté inférieure à 8-10° dGH. La température peut être comprise entre 23 et 28°C, ils s’adaptent sans problèmes, à condition que l’eau soit propre et plutôt acide. Il faut leur laisser de l’espace bien dégagé pour nager, et prévoir des plantes pour leur servir de refuges et de cachettes. Ils ne sont pas du tout timides, mais très actifs, nageant en petit groupe, à mi-hauteur du bac. Chez moi un petit groupe de 7 Coeurs saignants vit depuis 3ans dans le bac des Discus à 29-30 degrés.

Un autre coeur saignant très proche : Hyphessobricon pyrrhonotus

Ils sont souvent mélangés dans les bacs de vente des magasin

Bon nombre de Characidés sud-américains de petite taille sont grégaires et se regroupent en rang serré en cas de danger, comme pour dérouter l’attaquant ou compliquer la tâche d’un prédateur. Ce type de comportement indique bien qu’il faut maintenir ces poissons en groupe et non pas en couple ou en trio.Les Hyphessobricon font partie de ces poissons sociables. Comme ils atteignent une taille importante, 6 à 7 cm, ils sont plutôt recommandés aux possesseurs de grands aquariums. Leur bac ne devrait pas être inférieur à 250litres.

En groupe, parmi les plantes

Plus le banc est important et plus leur comportement se rapproche de ce qu’ils vivent à l’état sauvage. Comme chez tous les poissons grégaires, il existe une hiérarchie sociale plus ou moins marquée selon les moments. Les bagarres entre mâles sont brèves et peu violentes et ne conduisent généralement qu’à des déchirures des nageoires et pas à la mort des plus faibles. La nage en banc compact et serré n’est visible qu’en cas de stress ou lors de l’introduction de nouveaux gros poissons, considérés comme des prédateurs potentiels. On voit alors les poissons du groupe se rapprocher et nager en banc serré. Normalement ils vaquent à leurs occupations par petits groupes de 2 ou 3 individus et se mélangent facilement

Ils sont vifs, et nerveux surtout au moment des distributions de nourriture, ils font alors des brusques allers-retours vers la surface pour attraper les aliments, mais sont calmes le reste du temps. Les Tétra cœur saignant sont omnivores mais préfèrent très nettement la nourriture carnée. Il suffit de les voir déchiqueter une mouche ou des grosses gammares pour apprécier leur caractère de chasseurs. Tout insecte vivant ou mort qui tombe dans leur bac est considéré comme une proie et ils l’attaquent en groupe. Ils aiment les insectes, même les grosses mouches, les larves de moustiques, et toutes les petites proies vivantes. Avec une nourriture riche et variée, ils arborent leurs plus belles couleurs. Si on ne les nourrit qu’avec des flocons ou des granulés ils deviennent plus ternes et moins actifs.

La reproduction a parfois spontanément lieu en aquarium mais elle reste très aléatoire et difficile. On assiste souvent à des comportements de cour et d’intimidation entre mâles. Le dominant peut devenir territorial, il ouvre toutes ses nageoires et chasse les autres poissons, parfois avec une agressivité marquée.

Comme pour bien d’autres Characidés originaires de l’Amazonie, leur reproduction se fait en eau très douce, avec un pH acide, quasiment une eau déminéralisée présentant un KH et GH très bas. L’ajout de tourbe dans le filtre ou de tourbe en fibre directement dans le bac, peut permettre d’abaisser la dureté et d’acidifier l’eau. Les paramètres à recommander seraient : pH à 5.5 ; KH à 2. Température proche de 24 °C.
Les alevins étant lucifuges, il est nécessaire de pouvoir obscurcir le bac après la ponte. Une alimentation riche, composée surtout de proies vivantes permet à la femelle de produire plus d’œufs ; celle-ci se reconnaît à son abdomen très rebondi et à ses nageoires plus courtes.
On peut tenter d’isoler une grosse femelle et 2 mâles dans un bac spécifique de 40 à 60 litres bien planté. Il est aussi possible de sélectionner un couple qui a présenté une parade nuptiale, en se tournant autour et en se pourchassant. La ponte se déroule parmi les tiges ou sur la mousse de Java. Les œufs translucides et semi adhésifs sont fécondés en pleine eau puis tombent au sol où ils sont souvent mangés par les parents. Il faut attendre 3 jours pour assister à l’éclosion des larves qui restent collées ou se déplacent maladroitement au sol ; après 48 heures, commencent les distributions de nourriture : d’abord des infusoires et du plancton de mare puis quand les alevins ont grandi, des micro-vers et après 8 à 10 jours des nauplies d’artémia.

Les Hyphessobricon erythrostigma exigent un taux d’oxygène important et une excellente qualité d’eau. Ce sont des nageurs puissants et rapides qui apprécient de nager à contre-courant dans le flux causé par le rejet du filtre, il est donc important de prévoir une filtration puissante pour leur bac.

Ce sont des bons poissons pour animer un bac d’ensemble assez grand l’idéal est de les faire vivre avec d’autres poissons de taille similaire et demandant le même type d’eau. Dans des bonnes conditions, leur espérance de vie atteint 5 à 7 ans.
Dans un bac très éclairé, ils ont tendance à rester à l’ombre sous les hautes tiges qui se recourbent ou sous les massifs de plantes flottantes. Un éclairage intense a aussi tendance à écraser leurs couleurs et à les faire paraître plus ternes. Cependant j’ai observé qu’ils recherchent et apprécient la lumière du soleil si celui-ci frappe le bac quelques heures par jour.

AQUARIUM.
de 120x50x40 soit 240 litres pour une dizaine d’Hyphessobrycon erythrostigma en bac communautaire.

ÉQUIPEMENT.
Un filtre intérieur à décantation ou filtre extérieur, capable de filtrer 3 à 4 fois le volume du bac en une heure et qui assure un brassage suffisant. Le tuyau de rejet du filtre placé juste sous la surface crée des remous qui favorisent les échanges gazeux. Un combiné de chauffage permet de maintenir la température à 26 degrés.

ÉCLAIRAGE
Il faut compter 1 Watt pour 2 litres d’eau donc prévoir un éclairage de 100 Watts. Ces poissons apprécient des zones d’ombre on peut laisser des plantes couvrir la surface pour atténuer la lumière. L’éclairage de 12 heures par jour est réglé par une minuterie.

ENTRETIEN.
Nettoyage des masses filtrantes tous les 2 mois, changement d’eau chaque semaine d’au moins 20% du volume du bac, par de l’eau déchlorée et présentant les mêmes paramètres, tout en siphonnant bien les déchets déposés sur le sol. Nettoyage des algues sur les vitres, bouturage et taille des plantes.

DECOR.
Un sol en sable de Loire, ou un sol sombre en quartzite avec un sous-sol riche. Des plantes ainsi quelques racines de tourbières ou des souches.

PLANTATION.
Des plantes à tiges, Vallisneries, Hygrophilia, Ludwigia qui laissent libre un large espace de nage. Les emplacements moins bien éclairés peuvent recevoir quelques Cryptocorynes ou des Microsorum fixés sur des racines.

POPULATION.
Ils peuvent partager leur bac avec d’autres poissons vivant en eau douce et acide. Les néons en banc,
ou un autre groupe de Tétras,
des poissons de surface, 6 Carnegiella,
ainsi qu’un couple de petits Cichlidés sud-américains (Apistogramma agassizi ou A.borelli.)
6 Corydoras.
Pour un aquarium de 250L au moins, on peut aussi introduire un couple de Scalaires.

Ce texte a été écrit pour le numéro 223 d’Aquarium Magazine paru en octobre 2005 ©Véronique Ivanov

un mâle en bas, une femelle au dessus