Bedotia geayi
Bedotia geayi, (Pellegrin, 1907)
Famille des Athrinidés
Originaire des rivières de montagnes de Madagascar
Taille de 12 à 15 cm
Poisson grégaire, aimant vivre en banc.
Le Bedotia est un poisson originaire de l’est de l’île de Madagascar, qui habite les cours d’eaux de montagne de la région de Mananjary.
Voici une espèce colorée, active et relativement facile à maintenir et à multiplier. Les Bedotia qu’on trouve dans les magasins sont rarement des individus prélevés dans la nature mais des poissons d’élevage, qui sont élevés en grande quantité par les piscicultures d’Europe de l’Est, de l’Asie du Sud-Est et de la Floride. Il est moins coloré que les poissons arcs-en-ciel d’Australie et de Nouvelle-Guinée, mais il est vif et beau, c’est un bon nageur qui anime parfaitement un aquarium communautaire.
L’ordre des Athériniformes est composé d’un mélange de poissons qui englobe deux sous-ordres et quatre familles, classées en quarante-sept genres, soit plus de deux cent quatre- vingt espèces, généralement connues sous le surnom de « Poissons arc-en-ciel ». Dans l’ordre des Athériniformes et la famille des Bédotiidés on trouve le Poisson arc-en-ciel de Madagascar. La plu part des Athériniformes présentent deux ailerons dorsaux séparés. La ligne latérale est généralement incomplète ou carrément absente, leur taux de croissance est très lent, ils ont besoin de temps pour bien grandir et pour attendre la maturité.
C’est surtout à partir des années 1990 que ces poissons ont été régulièrement importés et que de nouvelles formes ont fait leur apparition. Ils présentent l’indéniable avantage d’apprécier l’eau dure qui sort souvent des robinets chez un bon nombre d’aquariophiles…
certains ont les nageoires rouges d’autres souches sont jaunes !
Description
Bedotia geayi a été importé la première fois en 1958. Ce poisson n’est pas un vrai poisson arc-en-ciel mais un membre de la famille des Atherinidae. Il diffère du poisson arc-en-ciel en ayant deux nageoires dorsales largement séparées. Les vrais poissons arc-en-ciel comme les Melanotaenia ont également deux dorsales mais il y a seulement une séparation très étroite entre elles.
Le mâle est plus grand et plus coloré, il présente un joli contraste de rouge, de noir, et de doré. Il arbore deux lignes noires parallèles à la ligne latérale, la ligne supérieure va de la bouche jusqu’au bout de la queue en couvrant l’œil et la ligne inférieure va de la gorge à la nageoire anale. Les nageoires ont un liséré rouge soutenu qu’on retrouve sur la queue, avec un mélange de noir et d’or du plus bel effet. Les couleurs des nageoires impaires sont très contrastées.
L’œil est grand, rond, et traversé par la ligne noire qui coupe tout le corps. La première nageoire dorsale du mâle est pointue alors qu’elle est arrondie chez les femelles.
La femelle est plus terne, elle présente seulement les taches noires avec une bordure rouge sur la queue.
Selon l’éclairage installé sur le bac, la couleur de ces poissons tire parfois sur le jaune-vert. Ils apprécient la lumière du soleil et on les voit véritablement jouer dans la lumière et « bronzer » si le soleil frappe l’aquarium pendant quelques heures. Attention toutefois à ce que la température du bac ne monte pas trop lors d’une telle exposition et attention aussi à la possible apparition d’algues vertes.
Maintenance
Ils nécessitent un aquarium de 150 litres au moins car ce sont des nageurs actifs et toujours en mouvement qui ont besoin d’espace. Comme les Bedotia geayi mesurent plus de 12 cm, il faut prévoir un aquarium d’au moins 150 litres pour installer un groupe de 8 à 10 individus. Dans un bac de 300 litres, on peut envisager un groupe d’une quinzaine d’individus accompagnés d’autres poissons. Un aquarium très planté avec un sol sombre et avec une alternance de zones d’ombre et de zones plus lumineuses met en valeur leurs couleurs.
Le pH de l’eau peut se situer entre 7 et 7,5, et la dureté doit être moyenne, comprise entre 12TH et 25TH, avec une température d’environ 22° à 25° C. Dans des bonnes conditions, les Bedotia ont une espérance de vie de 4 à 6 ans au moins. Ils sont sensibles aux grosses chaleurs de l’été et il est préférable si la température dépasse 27-28 degrés de faire des changements d’eau plus fréquents pour rafraîchir leur milieu.
Dans un bac trop chauffé, leur métabolisme s’accélère et leur durée de vie est nettement raccourcie.
Les poissons présentent leur plus belles couleurs quand l’eau est régulièrement changée en quantité importante. B. geayi aime l’eau neuve et des changements d’eau hebdomadaires de 20 % ou plus permettent de maintenir très bas le taux de nitrates. Lors des changements, l’eau doit être préparée la veille et laissée dans un bidon pour que le chlore s’en échappe et pour que sa température se rapproche de celle du bac. L’ajout d’eau trop froide peut fragiliser les poissons et causer la maladie des points blancs.
La filtration doit être assez importante avec un débit de trois fois le volume du bac par heure, assortie d’un bon brassage en surface pour oxygéner l’eau, tout en générant un bon courant. On peut fixer le tuyau de rejet du filtre juste sous la surface pour créer les remous qui favorisent les échanges gazeux, tout en évitant le bruit de l’eau qui coule ! Si le brassage est trop fort, le Co2 dissous dans l’eau et nécessaire pour la bonne santé des plantes, va s’échapper plus rapidement. Le siphonnage hebdomadaire des déchets d’aliments, des déjections des poissons et des plantes mortes, permet de garder le sable propre.
Les Bedotia vivent en groupe, près de la surface et se déplacent continuellement. Sans cesse en activité dans le bac, ils offrent un spectacle animé et gracieux. Ce sont des nageurs infatigables. Tant qu’il y a de la lumière, ils sont en mouvement ce qui peut être gênant pour les autres poissons qui partagent leur aquarium.
C’est une espèce pacifique et grégaire qui ignore complètement les autres poissons du bac, à condition qu’ils soient de taille suffisante ; (les poissons très petits se font facilement dévorer ainsi que les alevins) mais qui peut parfois devenir plus agressive pendant les périodes de reproduction. Il faut aussi tenir compte du fait que ce sont des poissons remuants ce qui perturbe souvent les espèces plus calmes comme les Gouramis ou les Scalaires qui apprécient des colocataires plus calmes et moins actifs.
On peut constituer un groupe d’une dizaine d’individus en privilégiant un nombre plus important de femelles, 4 mâles pour 6 femelles par exemple, permet d’éviter les affrontements entre les mâles. S’il y a une disproportion trop importante dans le ratio des sexes, et que les mâles ont vraiment trop nombreux, on assiste alors à des bagarres et des combats fréquents mais heureusement sans vrais dommages.
Il faut aussi éviter de sur peupler le bac pour ne pas augmenter l’agressivité des poissons. Des cachettes, des refuges dans le décor et les plantes permettent aux animaux dominés de se mettre à l’abri et évitent les vraies blessures. Pour reproduire leur comportement naturel il faudrait garder au moins une douzaine de Bedotia et pas seulement un trio.
Pour aménager l’aquarium, on peut utiliser des racines de Mopani, préalablement bouillies pour éliminer les micro-organismes et une partie des tanins, posées sur un fond sablonneux et entourées de plantes hautes. Des pierres non calcaires forment des cachettes, le premier plan étant délimité par des plantes. Crinum thaianum, Hygrophila difformis, Echinodorus bleheri, Cryptocoryne wendtii, Rotala rotundifolia, Ceratophyllum demersum… Toutes ces plantes ne sont pas originaires de Madagascar, mais permettent d’obtenir une belle plantation dans un bac éclairé avec une intensité d’un Watt pour 2 ou 3 litres d’eau.
Nourriture
Ces poissons sont des goinfres qui ont toujours l’air d’être affamés et réclament à manger dès qu’on passe devant leur bac ! Attention on a tendance à trop leur donner… Ils sont faciles à alimenter, ils engloutissent tout ce qu’on leur propose. Mais ils mangent aussi très volontiers les alevins et les poissons de petite taille … Attention donc de bien choisir les autres espèces introduites dans l’aquarium communautaire.
Les poissons arc-en-ciel sont des omnivores, à tendance carnivore. Ils se nourrissent d’insectes aquatiques, de larves et de petits crustacés. L’important est de bien varier les distributions de nourriture, en alternant des artémias, du krill, des larves de moustiques et des tubifex, vivants ou congelés, des petits insectes comme les drosophiles, des flocons ou pastilles du commerce, des granulés et de la nourriture lyophilisée.
Ils n’hésitent pas à avaler des insectes tombés à la surface de l’aquarium : des moucherons et même des petites mouches sont gobés avec enthousiasme ! Par contre ils ne ramassent pas la nourriture tombée sur le sol du bac. Les morceaux de concombre et courgette distribués pour les Ancistrus et les poissons herbivores intéressent aussi les Bedotia. En variant régulièrement leur menu on évite les carences alimentaires et l’on obtient plus facilement des reproductions. Trois ou quatre petites distributions d’aliments par jour sont préférables à un seul gros repas quotidien. Les aliments gras sont à éviter pour que les poissons ne deviennent pas trop gros.
Reproduction
La reproduction des Bedotia ne présente pas de difficultés particulières.
L’espèce fraie aisément même si les conditions ne sont pas idéales. Le frai est presque continu, les arcs-en-ciel de Madagascar pondent cinq à dix oeufs par jour, avec des pauses de quelques jours. On assiste à des accouplements brefs, réalisés au cours d’une nage rapide dans les plantes où les œufs sont déposés. Les œufs sont très petits (1 à 2 mm) et d’une couleur jaune claire, on les distingue difficilement parmi les plantes. Il est possible de s’aider avec la lumière d’une lampe de poche, pour les repérer plus aisément. Les oeufs sont très robustes et peuvent être manipulés sans risque de les endommager.
On peut aussi préparer un bac spécifique, d’environ 60 litres avec une eau neutre, dont la dureté est à 10 TH et une température de 25 degrés, et y placer un peu de sable sur le fond et une touffe plantes à feuillage fin. On y introduit un couple seul. Quand la femelle est prête, elle libère ses ovules en frémissant, et le mâle les féconde immédiatement. Les œufs fécondés sont dotés d’un filament adhésif. Ils vont donc se coller dans les plantes. Après la ponte, les adultes ne cherchent pas à dévorer leurs œufs, mais quelques jours plus tard, les alevins parvenus au stade de la nage libre risquent fort de se faire manger ! Il faut donc enlever les parents après une semaine passée dans le bac de reproduction.
Au bout de 3 jours on commence à voir se former les yeux des alevins. Ils éclosent après 8 ou 10 jours environ selon la température du bac et dès ce moment les larves sont fréquemment dévorées par les parents ou par d’autres poissons quand elles montent remplir leur vessie natatoire.
Si on veut les laisser se reproduire en bac communautaire, il est bon de prévoir des plantations fournies qui puissent servir de refuge et de garde-manger aux alevins. Pendant les 2 ou 3 premiers jours de leur vie, les larves nagent en position oblique, la tête orientée vers la surface . 24 heures plus tard on peut commencer à les nourrir avec des micro-vers et des rotifères, puis avec des nauplies d’artémias et des poudres pour alevins. Les jeunes sont plutôt grands pour des poissons arc-en-ciel ce qui facilite leur nourrissage. Il existe une autre façon de procéder : On peut retirer du bac communautaire la mousse de Java ou les plantes dans lesquelles les œufs sont collés et les laisser finir leur incubation dans un autre aquarium.
Les méthodes de reproduction chez les éleveurs varient… certains séparent mâles et femelles quelques semaines avant de les réunir dans des grands aquariums plantés et conditionnent les femelles en les nourrissant de façon plus riche. L’emploi généralisé de bleu de méthylène permet d’éviter les moisissures des œufs.
À l’âge de 2 mois, les jeunes mesurent environ 2,5 cm et les couleurs des mâles apparaissent.
L’achat
Comme on ne peut pas toucher les poissons avant de les acheter, il est nécessaire de bien les observer dans l’aquarium du magasin. Plusieurs points sont importants :
Il faut vérifier que les écailles sont intactes qu’il n’y a pas de lésions apparentes, les couleurs doivent être vives et brillantes, les nageoires doivent être intactes (les maladies bactériennes commencent presque toujours par infecter les nageoires), les flancs ne doivent pas être creux.
L’attitude générale donne aussi des renseignements précieux : le poisson doit être actif et nager en pleine eau et ne pas rester posé au fond ou caché dans un coin sombre.
Sans être des animaux vraiment fragiles, les B.geayi sont délicats et il est nécessaire de bien les adapter à leur nouveau bac.
Les poissons sont transportés dans un sac en plastique avec un peu d’eau, parfois gonflé à l’oxygène. Arrivé à domicile, il faut éviter de vider directement le sachet et les poissons dans son nouvel aquarium. Un temps d’adaptation est nécessaire. Il convient de laisser le sac flotter une dizaine de minutes à la surface de l’eau pour que les températures s’équilibrent, puis de l’ouvrir et d’y verser à plusieurs reprises un peu d’eau prélevée dans l’aquarium et d’attendre que les poissons soient habitués à ces nouveaux paramètres. Ces manipulations peuvent prendre plus d’une demi-heure et sont gage d’une bonne acclimatation au nouvel environnement. On peut ensuite les faire sortir en évitant de verser l’eau contenue dans le sac afin de ne pas transvaser des parasites indésirables.
Si les poissons sont installés dans un bac sain, bien filtré,oxygéné et richement planté, où les changements d’eau sont réguliers et s’ils sont peu nombreux et bien nourris ils résisteront mieux aux maladies que s’ils vivent dans un bac surpeuplé et peu nettoyé. La plupart des maladies apparaissent quand les conditions de vie se détériorent parce que l’entretien du bac se relâche !
Mais comme il peut aussi arriver qu’on introduise un nouveau poisson porteur de germes ou de virus, on limite ces risques et installant les nouveaux venus dans un bac de quarantaine et en les observant soigneusement pendant plusieurs jours.
une femelle, plus terne…
Cet article a été écrit pour le numéro 191 d’Aquarium Magazine d’ avril 2002 © Véronique Ivanov