Megalamphodus megalopterus.

Megalamphodus megalopterus.

Tétras fantôme noir.
Megalamphodus megalopterus.
Décrit par Eigenmann en 1915 et importé régulièrement depuis 1956.
Fam. : Characidés
sous famille : Tetragonopterinae.

 

Ce petit characidé est présent dans les eaux sud-américaines, plus particulièrement dans le bassin du Paraguay, en Bolivie et au Brésil, essentiellement dans le Rio Guaporé et dans le Rio San Franzisco.

Il habite les cours d’eau clairs et rapides, se dissimulant parmi les hautes plantes des rivières. La famille des Characidés compte plus de 1000 espèces, dont bon nombre ont été décrites et peuplent nos aquariums. Ces petits poissons vivent généralement en groupe et occupent tous les niveaux des cours d’eau avec une préférence pour la moitié supérieure. On les trouve souvent dans la végétation près des rives.

 

C’est un poisson paisible et sociable, habitué à évoluer au sein d’un groupe, mais tout à fait capable de vivre aussi en couple. Le comportement social de cette espèce en fait un excellent poisson pour peupler un bac d’ensemble consacré aux petits Tétras sud-américains.

Description.

Mâles et femelles présentent la forme typique des Tétras, avec une taille qui ne dépasse pas 4 à 5 cm. Leur corps est fuselé, comprimé latéralement. Le dimorphisme sexuel est peu marqué : la femelle est plus joliment colorée que le mâle, mais surtout elle présente des nageoires pectorales, adipeuse et anale colorées de rouge alors que le mâle a ces mêmes nageoires de couleur presque transparentes ou d’un gris plus ou moins sombre, souvent même elles sont noires. Comme bon nombre de Tétras, ils ont une nageoire supplémentaire, adipeuse et sans rayons dont l’utilité n’est toujours pas connue. Cette nageoire située entre la dorsale et la caudale est molle et transparente, la caudale est noire, ainsi que la moitié supérieure de la dorsale, les autres sont transparentes sauf chez les femelles.

Les mâles sont typiques mais parfois à cause de leur coloration rouge les femelles peuvent être confondues avec des Tétras fantômes rouges. Attention donc au moment de l’achat, il faut être attentif, surtout si le détaillant maintient les 2 espèces dans le même bac comme on le voit très souvent .

 

Espèce proche et ressemblante : Megalamphodus sweglesi (Tétra fantôme rouge). tous mélangés dans ce bac

 

Le mâle a sa nageoire dorsale nettement plus grande et plus haute. La différence apparaît très bien lors des parades où les mâles évoluent toutes nageoires déployées et virevoltent les uns autour des autres.

Les organes génitaux sont invisibles mais l’on peut aisément différencier les sexes en observant la couleur et la forme des nageoires ainsi que la ligne générale du corps : les mâles restent sveltes et minces tandis que l’abdomen est beaucoup plus rond chez la femelle

Ils possèdent une solide dentition, témoin de leur régime carné, composé entre autres de petits insectes et de larves. En aquarium ils apprécient énormément les proies vivantes mais s’habituent assez aisément à consommer des paillettes et flocons.

 

Les Tétras préfèrent vivre en groupe, il vaut donc mieux en maintenir un petit banc de 6 ou 8 individus, mais comme ce ne sont pas des poissons strictement grégaires, il est tout à fait envisageable de n’acheter qu’un couple. Les mâles s’affrontent souvent, dans des parades d’intimidation très spectaculaires, mais sans véritable agression et sans se causer de dommages.

Pour que leur espace de nage soit suffisant, il est préférable de choisir un bac en longueur avec une façade de 80 cm ou mieux d’au moins un mètre et non pas un aquarium carré ou hexagonal. Un bac de 100cm X40cm X30cm, de 120 litres est un bon choix pour maintenir une dizaine d’individus.

La filtration doit être assez importante avec un débit de deux à trois fois le volume du bac par heure, assortie d’un bon brassage en surface pour oxygéner l’eau, mais sans créer un courant trop fort. On peut installer le tuyau de rejet du filtre juste sous la surface pour créer des remous qui favorisent les échanges gazeux, tout en évitant le bruit de cascade de l’eau qui retombe ! Si le brassage est trop fort, le Co2 dissous dans l’eau et nécessaire pour la bonne santé des plantes, va s’échapper trop rapidement.

 

La végétation doit être plantée à l’arrière du bac pour dégager un large espace de nage libre ;elle peut être constituée en majorité de végétaux à croissance rapide comme Hygrophila ou Ceratophyllum demersum qui luttent contre les algues. Les emplacements moins bien éclairés peuvent recevoir quelques Cryptocorynes ou des Microsorum fixés sur des racines.

 

Les Tétras fantômes sont parfaits pour un aquarium d’ensemble. Ils nagent dans la partie intermédiaire du bac et se déplacent beaucoup mais sans déranger les autres poissons. Très pacifiques et sociables, toujours en mouvement ils animent merveilleusement l’aquarium. La famille des Characidés est tellement vaste, qu’elle offre un choix considérable de compagnons : les Hyphessobrycon, Hémigrammus, Néons innesi ou des Moenkhausia, accompagnés de Corydoras et d’Ancistrus. Si le volume le permet, on peut aussi les associer à des petits cichlidés comme des Apistogramma agassizi ou borelli. Si l’aquarium est plus grand, 250 litres par exemple, ils peuvent alors aisément cohabiter avec des Scalaires.

La végétation doit être plantée à l’arrière du bac pour dégager un large espace de nage libre ;elle peut être constituée en majorité de végétaux à croissance rapide comme Hygrophila ou Ceratophyllum demersum qui luttent contre les algues. Les emplacements moins bien éclairés peuvent recevoir quelques Cryptocorynes ou des Microsorum fixés sur des racines.

Pour la plantation, le choix est vaste : bon nombre de plantes vivent très bien dans une eau à 24 ou 26 degrés, à commencer par des Cryptocorynes, des Echinodorus, des Heteranthera, des Bacopa, du Myriophyllum, des Cabomba, des Alternanthera.

Pour compléter le décor, un sol sombre et des pierres non calcaires et pour obtenir une eau légèrement acide, quelques souches ou racines préalablement bouillies pour en éliminer les micro-organismes et une partie des tanins.

 

Le bac doit présenter une eau légèrement acide, (idéalement le pH devrait être compris entre 6,5 et 7), peu minéralisée (10 à 15ºTH), et pas trop chauffée (de 23 à 26 degrés).Les Tétras fantômes sont assez souples quant aux paramètres de l’eau et pardonnent quelques erreurs de maintenance si l’on reste dans des limites raisonnables… S’ils vivent dans une eau plus chaude, en compagnie de Discus par exemple dans un bac à 30 degrés, leur métabolisme est accéléré et donc leur durée de vie se voit raccourcie. Il faut donc déconseiller ces jolis poissons comme hôtes d’un bac peuplé de Discus.

La plupart des maladies qui frappent les poissons d’aquarium sont essentiellement occasionnées par un manque d’entretien, ainsi que par une hygiène défectueuse ou des mauvaises conditions de vie ou de transport et d’acclimatation. Une maintenance correcte et une alimentation riche et variée permettent d’éviter les maladies à 90 % parce que les poissons sont suffisamment bien nourris et assez résistants pour combattre avec succès d’éventuelles maladies.

Sa reproduction est possible mais difficile.

Les mâles se choisissent un territoire et le défendent assez énergiquement contre les autres mâles de l’aquarium. En cas d’intrusion, ils se défient toutes nageoires déployées, se provoquent et se tournent autour. Ces simulacres de combats sont fréquents, mais brefs et peu violents, les blessures sont très rares. Il leur arrive régulièrement de pondre en bac communautaire, si les conditions leur conviennent bien, mais ils dévorent chaque fois leurs œufs et leurs éventuels alevins, à moins que les autres poissons du bac ne s’en soient déjà chargés !

Pour avoir des chances de mener à bien leur reproduction il faut prévoir un bac spécifique d’une cinquantaine de litres, dont l’eau doit avoir ces paramètres : une eau douce et acide, dont la dureté doit être inférieure à 6 TH, avec un pH entre 5,5 et 6.5 et une température de proche de 24-25 degrés, obtenue par une petite résistance ou un thermoplongeur. Pour obtenir une eau si douce, l’emploi d’un osmoseur est souvent indispensable ainsi que l’ajout de tourbe dans le filtre pour acidifier le milieu. Selon la région où l’on vit on peut utiliser de l’eau de pluie, récoltée sur un toit propre et stockée dans des récipients en plastique avant d’être rapidement filtrée. Cette eau peut remplacer l’eau osmosée, à condition bien sûr de ne pas être collectée dans une région polluée.

L’éclairage du bac de reproduction est tamisé par des plantes hautes dont les feuilles se recourbent à la surface ou simplement très peu éclairé. Le plus simple est d’utiliser des plantes flottantes, comme des Ceratophyllum demersum, qui ne nécessitent pas de sol pour s’ancrer, ce qui permet de garder nu le fond du bac, avantage important du point de vue de l’hygiène et qui permet de siphonner aisément les déchets qui s’y déposent.

Un petit filtre en mousse ou un filtre sous le sable permettent de garder une eau propre et bien brassée.

Un mâle avec une belle dorsale.

On sélectionne un couple qui a présenté une parade nuptiale, en se tournant autour et en se pourchassant, et on l’introduit dans le bac de ponte. Il est préférable de choisir des individus âgés de 8 à 10 mois, encore jeunes mais déjà adultes, bien qu’ils soient capables de se reproduire dès l’âge de 6 mois environ. Pour mettre les reproducteurs en condition, l’alimentation joue un rôle essentiel : les distributions fréquentes de nourritures vivantes permettent la maturation des ovules. Sans larves de moustiques, artémias ou vers de vase vivants il est rare de parvenir à reproduire des Tétras fantômes en aquarium.

Après des poursuites effrénées et une parade nuptiale très agitée, ils commencent à pondre, généralement dans les plantes. Pour protéger le frai de la voracité des parents, on peut prévoir de la mousse de Java pour tapisser le fond du bac ou une couche de billes de verre qui présente des interstices entre lesquels les œufs vont se glisser. Les parades sont mouvementées, le mâle après avoir poussé la femelle, se colle contre elle en nageant et féconde les ovules immédiatement après leur expulsion. Les œufs légèrement adhésifs se collent dans les plantes ou glissent entre les billes. Une fois que la ponte est terminée, ce qui peut prendre presque une heure avec une femelle mâture et bien nourrie, on retire les parents qui sont très friands de leurs œufs et l’on obscurcit le bac en l’entourant de tissus sombre et opaque. La présence de tourbe fibreuse au fond de l’aquarium permet en général d’éviter le développement des moisissures sur les œufs.

Les œufs sont lucifuges comme ceux de la plupart des Characidés, c’est-à-dire qu’ils sont abîmés par la lumière. Si on ajoute quelques gouttes de bleu de Méthylène (2 gouttes pour 10 litres d’une solution aqueuse à 5%) on peut lutter efficacement contre la moisissure des œufs.

L’incubation dure 2 ou 3 jours selon la température de l’eau. On compte 72 heures à dans un bac à 25 degrés. Après résorption de leur vésicule vitelline, les alevins parviennent à la nage libre le 5èmejour.

On peut alors les nourrir avec des infusoires, de la poudre très fine pour alevins, des micro vers ou des nauplies d’artémias. Avec 3-4 distributions de nourriture par jour, ils grandissent rapidement, pour atteindre 2 cm à 2 mois. Il est important de bien nettoyer le bac des alevins, chaque soir en siphonnant soigneusement les restes de nourritures et les déjections pour garder une hygiène impeccable, ce qui garantit la réussite de leur élevage. Des changements d’eau fréquents (10 % un jour sur deux) permettent aussi de garder un bac propre et font rapidement grandir les alevins. Un début de coloration apparaît déjà après trois semaines.

 

Soin et alimentation : puisqu’ils sont omnivores ces poissons mangent généralement toutes les sortes de nourritures, avec une prédilection pour les petits insectes vivants, les larves d’insectes et les petits crustacés d’eau. Ils acceptent aussi volontiers les aliments congelés, artémias, larves de moustiques ou vers de vase et prennent des flocons et des paillettes. Une alimentation riche et variée permet de garder des poissons vifs et en bonne santé. Si on envisage de les reproduire, la distribution régulière de nourriture vivante est un bon stimulant.

En résumé

Aquarium de 100x40x30 cm soit 120 litres ou plus grand (240L) si on veut faire un bac communautaire avec des gros poissons.

Eau doit être légèrement acide, (idéalement le pH devrait être compris entre 6,5 et 7), peu minéralisée (10 à 15 TH), et pas trop chauffée (de 23 à 26 degrés).Les Tétras fantômes font preuve d’une certaine souplesse et pardonnent quelques erreurs de maintenance, si on ne s’éloigne pas trop des valeurs recommandées.

Équipement Filtre extérieur ou intérieur à décantation, d’une capacité de 2 à 3 fois le volume du bac par heure, qui assure un brassage suffisant. Chauffage nécessaire pour maintenir l’eau à 25 degrés.

 Éclairage : Deux fluos de 90 cm réglés par une minuterie pour 12 heures d’éclairage continu. On compte généralement un Watt pour deux litres d’eau afin d’offrir assez de lumière à la plupart des plantes.

Entretien : Changement d’eau de 15% à 20% chaque semaine, par de l’eau déchlorée et présentant les mêmes paramètres que celle du bac. Bien siphonner les saletés tombées sur le fond. Nettoyage mensuel de la première masse filtrante. Nettoyage hebdomadaire des éventuelles algues sur la vitre frontale, taille et bouturage des plantes.

Décor et plantation : Quelques racines de tourbières ou des souches permettent de conserver une eau légèrement acide.

La végétation doit être plantée à l’arrière du bac pour dégager un large espace de nage libre ;elle peut être constituée en majorité de végétaux à croissance rapide comme Hygrophila ou Ceratophyllum demersum qui luttent contre les algues. Les emplacements moins bien éclairés peuvent recevoir quelques Cryptocorynes ou des Microsorum fixés sur des racines et l’on choisit quelques pierres non calcaires pour compléter le décor.

Alimentation Le régime alimentaire est fondé sur les proies vivantes, surtout les insectes. On alterne donc les distributions de flocons ou paillettes avec des nourritures congelées, des artémias, tubifex ou vers Grindal. Deux ou trois petites distributions par jour permettent d’éviter l’embonpoint.

 

Ce texte a paru en janvier 2002 dans le numéro 188 d’Aquarium Magazine

© Véronique Ivanov