-Vous avez admiré chez un ami un bac coloré et plein de coraux bariolés,
-vos enfants veulent inviter Nemo et Dory dans le salon,
-vous revenez de Mer Rouge et rêvez de recréer un bout de récif chez vous…! Un
Comment faire?
Sachez tout d’abord qu’en plus d’une cuve et du matériel adéquat, il vous faudra 3 choses…
- une bonne dose de patience, le récifal est une école de patience et réclame du temps..toute précipitation mène à des catastrophes. On ne peut pas aller plus vite que la nature !
- un portefeuille bien garni, et prévoir un budget d’environ 10.- par litre pour s’équiper correctement, sachant qu’il est toujours possible de trouver du matériel d’occasion moins cher, mais moins fiable aussi !
- un partenaire/ épouse/ compagnon/ famille…. prêt à vous accompagner dans ce hobby passionnant mais dispendieux et fortement chronophage. Selon le volume du bac, les coûts mensuels d’électricité et d’eau peuvent réserver des surprises désagréables.
Mon bac 300L
Si vous avez déjà de l’expérience avec des aquariums d’eau douce, vous pouvez oublier quasiment tout ce que vous savez… l’eau salée, ce n’est pas plus difficile, mais c’est différent. On n’y met pas de plantes, mais des coraux et éventuellement des algues supérieures. On n’utilise pas de filtre, mais des “pierres vivantes” pour l’épuration, on l’éclaire puissamment et longtemps. Un bac d’eau douce peut tolérer une maintenance relâchée et des variations de paramètres de l’eau, mais un bac récifal exige une grande stabilité dans les paramètres physico-chimiques de l’eau et ne pardonnera aucune chute de la densité ou des variations de pH par ex, sous peine de faire mourir des coraux et des invertébrés en quelques heures parfois.
On parle d’aquarium récifal quand on installe des coraux et des poissons en favorisant les coraux durs.
On parle de bac FO, Fish Only quand l’aquarium est destiné aux poissons, qui sont moins fragiles et plus résistants que les coraux. Ce type de bac n’est intéressant qu’avec des grands volumes, mais dans 200-300 L, on est très vite frustré et limité.
Il existe un autre choix, un Bac Mixte qui peut accueillir des coraux mous, éventuellement quelques coraux durs à longs polypes (LPS), une anémone, des crevettes, un couple de poissons clowns, et quelques petits poissons et qui implique un entretien et un investissement de temps et d’argent raisonnable et tout à fait accessible pour débuter.
Il existe diverses méthodes pour la maintenance, je parlerai ici de la “méthode berlinoise”, qui est très répandue en Europe, et qui a fait ses preuves depuis de nombreuses années. Cette méthode associe des pierres vivantes, un brassage énergique, un éclairage puissant et l’utilisation d’un écumeur.
Certains bacs sont maintenus selon la “méthode Jaubert” qui réclame moins d’investissements techniques, par ex. moins de brassage, pas d’écumeur et donc qui est moins bruyant mais qui implique plus de patience et plus de connaissances biologiques et se montre limitée dans le choix des coraux exigeants ou des poissons polluants.
Le choix du matériel
Un aquarium en verre, si possible plus large que haut pour construire facilement un décor. Plus le volume est petit et plus il sera difficile à équilibrer. Les « nano » marins sont très frustrants, ne permettent pas d’introduire autre chose que des petites boutures et quelques escargots, mini crevettes Thor, et au mieux dans 50L une paire de Gobiodons jaunes de 2-3 cm.
dans un nano, un petit crabe Lybia
Pour un couple de poisson clown par exemple, il faut un aquarium minimum 100 -120 L. Même si ils sont peu actifs, ils deviennent relativement gros et ils sont pollueurs.
Un aquarium de 200 L présente plus d’inertie d’un petit 50 L et il pardonnera donc plus facilement quelques erreurs de maintenance ou diverses négligences. Il est donc conseillé d’envisager une cuve d’au moins 150 à 200 litres pour démarrer. Ce volume permet déjà un choix de poissons et de coraux intéressants. Idéalement un bac de 350-500 litres donnera plus de satisfactions quant au choix et au nombre des poissons.
Contrairement à l’eau douce, on ne filtre pas un bac récifal mais on utilise un écumeur pour éliminer les déchets azotés, des puissantes pompes de brassage et un très bon éclairage spécial marin. Idéalement on prévoit une décantation c’est-à-dire une cuve sous l’aquarium, reliée au bac principal par des tuyaux, et dans laquelle on peut cacher l’écumeur, le chauffage, et divers appareils. Ce n’est pas indispensable mais ça simplifie la vie.
Le matériel est caché dans la décantation, sous le bac.
Si vous possédez déjà un aquarium d’eau douce, il est tout à fait possible de réutiliser la cuve pour autant qu’elle ne contienne aucun élément métallique et qu’elle n’aie jamais subi de traitement au cuivre. (toxique pour invertébrés et coraux). Les aquariums vendus pour l’eau douce sont généralement plus hauts que larges, il est relativement difficile d’y construire un décor aéré avec des pierres. Il faut tenir compte du fait que l’achat de la cuve n’est de loin pas la plus grosse dépense… et qu’un ancien bac d’eau douce ,plus haut que large, de format peu adapté sera vite frustrant
On lit généralement qu’il faut prévoir un budget de 8-10 € par litre…
un aquarium de 100L coûtera donc environ 1000.-. Cette estimation est correcte, sachant que l’achat de la cuve n’est qu’une petite part des investissements. Certains débutent en achetant du matériel bon marché et doivent changer les lampes ou l’écumeur après quelque mois… car ils sont insuffisants, trop bruyants ou carrément en panne. Au final après quelques années on se rend compte qu’on a dépensé plus d’argent que si on avait mis un peu plus pour du matériel qui dure. L’éclairage et l’écumeur sont les investissements les plus coûteux.
Le matériel prévu pour les aquariums d’eau douce n’est pas adapté à l’eau salée, il a tendance à rouiller et se corroder rapidement, et l’excès de fer va rapidement poser des problèmes.
Il faut aussi une résistance chauffante, un thermomètre, des tests spéciaux pour vérifier les paramètres de l’eau, un osmoseur pour obtenir une eau parfaite, et du sel synthétique, sans oublier les tuyaux, bidons, serpillières et petit matériel.
Si le budget ne pose pas de problème, alors autant se faire plaisir et acquérir tout de suite des appareils fiables et silencieux, choisis parmi les marques réputées : Il est évident qu’un écumeur à 80.- n’aura pas la même efficacité qu’un écumeur Tunze ou Deltec…. payé 2-3 fois plus cher, mais qui lui ne sera pas aussi performant qu’un écumeur Bubble King équipé d’une pompe RedDragon…
Il n’est pas indispensable de se ruiner et on peut très bien installer un bac de 100-200 litres, peuplé de quelques petits poissons faciles et de coraux mous, en étant conscient qu’on atteint rapidement la limite quand on y a mis 4-5 poissons de petite taille.
Rappel :
Axiome n° 1 en aquario
Un aquarium est toujours trop petit 🙂
petit bac 130L
Un aquarium récifal mixte peut très bien se composer ainsi:
Une cuve de 200 litres
Une lampe LED de 100W, ou des bons tubes fluos T5 bleus et blancs ( ça devient introuvable…). Il faut obtenir environ deux watts par litre avec des fluos. Il existe des éclairages spécifiques pour l’eau de mer, ce ne sont pas les mêmes puissances ni les mêmes leds que pour un aquarium d’eau douce avec des plantes. Les rampes LEDs chinoises qu’on trouve sur le Net pour une centaine d’euros sont suffisantes pour des coraux mous faciles .(PopBloom , D sunny…)
rampe Maxspect et une rampe chinoise
2 rampes Key K3 nano slim
Environ 15-20 kilos de roches vivantes ou des pierres artificielles. Ces pierres jouent un rôle très important, elles ont un rôle de filtre et de poumons, ce sont elles qui remplacent le filtre externe. Ces pierres vont abriter nombre de bactéries utiles et de micro-organismes qui transforment l’ammoniac toxique et les déchets azotés en nitrites puis en nitrates inoffensifs. Il est donc très important de choisir des “pierres-vivantes” de bonne qualité et pas simplement des cailloux ramassés sur le chemin. Empiriquement, il faut une dizaine de kilos par 100 l. En réalité selon le poids la taille et la forme des pierres ça peut varier.
Certains magasins proposent des pierres fraîches, d’autres offrent des pierres acclimatées, il est possible aussi d’acquérir des pierres tirées de l’aquarium d’un passionné qui refait son décor ou qui arrête l’aquariophilie. Si l’on fait le choix de pierres fraîches, il faudra les payer 15 à 25.- le kilo, elles apporteront toute une vie avec algues, coraux et bestioles diverses. Lors de l’achat, elles réclament un bon nettoyage et dégagent une forte odeur de plage à marée basse…
Si l’on part avec l’idée d’acheter des pierres synthétiques, (aquaroches par ex…) ou des pierres “mortes” bien poreuses, on évite la plupart des indésirables (Aiptasia, Majano, squille, crabes, qui arrivent sous forme de larves et oeufs) mais il est alors indispensable d’ensemencer l’aquarium avec des bactéries spécifiques et d’attendre plusieurs semaines avant d’y installer poissons et coraux.
Voir ma page consacrée aux pierres vivantes
Un écumeur de protéines interne ou externe si vous installez une décantation. Dans un petit bac l’écumeur n’est pas indispensable, les changements d’eau très réguliers permettent de garder des paramètres stables ; à partir de 150L je trouve dommage de s’en passer car il permet de retirer physiquement les protéines, restes de repas, excréments des poissons…avant qu’ils ne se transforment.
Deltec et Tunze
Cet appareil parfois bruyant… envoie des fines bulles d’air dans une colonne d’eau, et produit une écume plus ou moins brune et malodorante qui s’accumule dans un godet qu’on vide et nettoie régulièrement. Ce système a aussi l’avantage de bien oxygéner l’eau. Comme c’est un élément important pour la vie du bac, il faut acheter un modèle puissant et adapté à la population piscicole de l’aquarium. Idéalement un écumeur devrait être prévu pour le double du volume du bac, pour un aqua de 200L, choisir un écumeur prévu pour 400L. Il existe de nombreux fabricants et tous les prix : Tunze, Deltec, RedSea, Nyos, Eheim..Par exemple en écumeur interne pour un aquarium d’une centaine de litres un modèle Tunze 9004 est correct. Pour 200-300 litres, on préférera alors le modèle 9012 qui est plus gros et plus performant . Au delà il faut vraiment prévoir une décantation
2-3 pompes de brassage avec un large flux non cisaillant. (Tunze, Jebao, Vortech). Les coraux durs ont besoin d’un brassage puissant, 20 à 30 fois le volume du bac par heure au moins
pompe Tunze
Les coraux mous peuvent se contenter de deux pompes opposées pour créer des remous en surface et créer suffisamment de brassage partout afin d’éviter les zones d’eau morte.
1 cm de sable de corail, pour éviter de voir la vitre du fond. Le sable piège les nutriments et se salit très vite, il a donc ses détracteurs : si on met une couche trop importante, il accumule les phosphates et nitrates, ce que l’on doit éviter à tout prix pour limiter la pousse des algues. Mais le sable abrite aussi une bonne partie des bactéries et bestioles utiles, il fonctionne comme un filtre et assure un bon pouvoir tampon .
N’oublions pas l’achat de divers tests, au minimum pH, dureté, alcalinité, salinité, nitrites, nitrates, calcium, phosphates et un bon densimètre ou un réfractomètre pour contrôler le taux de sel dissout… Attention de bien choisir des tests spécifiques pour l’eau salée, et non pas des bandelettes ou autres utilisés en aquarium d’eau douce qui donneront des résultats incorrects Salifert, Seachem, Colombo, Redsea…
Voir la page consacrée aux tests
Un osmoseur permet d’obtenir une eau pure nécessaire à la fabrication de l’eau de mer. Si l’on vit près d’un bon magasin aquariophile, il est possible d’acheter régulièrement des bidons d’eau osmosée pour les changements d’eau, mais s’il faut transporter des litres chaque semaine, il est plus confortable et rentable d’installer un osmoseur branché sur un robinet de l’appartement.
La bonne qualité de l’eau utilisée pour créer l’eau de mer est absolument essentielle. L’emploi d’eau du robinet est fortement déconseillé et l’achat d’eau osmosée ou déjà préparée dans les magasins implique des contrôles très rigoureux sur la qualité
Voir la page consacrée à l’eau osmosée
avec plusieurs préfiltres
Le sel synthétique s’achète en bidon, de 5- 10- 20 ou 30 kg, il permet de reconstituer une eau adaptée aux coraux et aux poissons. Il en existe différentes sortes, plus ou moins coûteux, plus ou moins riches, selon le type de coraux que l’on possède.
Lors du démarrage, on emploie un sel basique et non pas enrichi afin de limiter la prolifération des algues
Un osmolateur n’est pas indispensable mais il permet d’éviter les variations de densité et permet d’ajuster le niveau d’eau suite à l’évaporation. L’eau s’évapore, mais pas le sel…il faut donc compenser le niveau avec de l’eau douce, non salée et pure. C’est un appareil qui est très pratique car il évite d’intervenir tous les jours dans l’aquarium. Si il y a de la place sous l’aquarium, on peut y installer une cuve de décantation pour cacher le matériel ainsi qu’un bac de réserve d’eau osmosée.
Pour un bac mixte, cet équipement est tout à fait suffisant, les ajouts divers, les pompes doseuses, les RAC, réacteurs à calcaire, les filtres à lit fluidisé… ou les tests compliqués sont destinés aux aquariums oligotrophes peuplés de coraux durs à petits polypes,(SPS ) qui sont très exigeants en terme de maintenance comme sur la photo en dessous
On a acheté tout le matériel, on installe.
Le support prévu pour poser le bac doit être parfaitement plat et supporter un poids important. Les meubles spécifiques ont un espace prévu pour une décantation et divers tuyaux. Une fois rempli il ne sera plus possible de déplacer l’aquarium donc il faut réfléchir intelligemment à son emplacement : éviter le plein soleil en face d’une fenêtre, pour limiter la température de l’eau, éviter aussi les corridors et lieux de passage fréquentés qui pourraient stresser les poissons.
Il est important de ménager un espace autour et au-dessus de l’aquarium et du meuble pour pouvoir y accéder facilement lors des nettoyages
Le remplissage se fait avec de l’eau osmosée, ce qui permet de démarrer avec des paramètres idéaux. Une fois l’aquarium rempli aux deux tiers, on verse lentement du sel et on brasse fortement jusqu’à obtenir une densité de 1023.salinité 38 gr/l.
Il est utile de placer le chauffage, le sel se dissout mieux dans une eau un peu plus chaude. Après quelques heures on peut introduire les pierres vivantes, directement posées sur la vitre du fond et pas sur le sable . Ensuite l’eau semblera pleine de brouillard et il faut attendre que cela s’éclaircisse. Il faut que le sel soit bien dissous et que la densité soit correcte avant d’introduire les pierres mortes ou vivantes.
La mise en place du décor s’effectue progressivement en déplaçant une pierre ici ou là et en créant des massifs. Il est nécessaire de chauffer, écumer et éclairer l’aquarium le plus rapidement possible. Pour le démarrage et pour apporter de la vie, et de la diversité, il est recommandé de prendre une poignée de sable dans un aquarium d’un ami ou une petite pierre vivante. Certains magasins vendent des bactéries et de la micro faune en bouteille. Ces ajouts sont indispensables si on démarre avec des pierres mortes.
Et vient alors le plus difficile, une période d’attente pendant laquelle les algues vont commencer à pousser et la vie apparaîtra. Cette période d’attente permet de découvrir une foultitude de bestioles, petits vers, mini crabes, indésirables divers et variés, escargots, souvent des bonnes surprises, boutures de coraux ou de gorgones.
voir la page sur les bestioles
c’est moche et l’eau est trouble
Toute une faune nécessaire à l’équilibre de l’aquarium et qui arrive sous forme d’œuf ou de larves dans les pierres vivantes.
Avant d’introduire les premiers coraux mous, il faut tester et contrôler régulièrement les paramètres de l’eau, si tout va bien après 3-4 jours. Lors de l’introduction, on veille à laisser suffisamment de place entre chaque bouture pour leur laisser la place de se développer. C’est le moment d’améliorer le décor, d’aspirer les sédiments au sol . Les coraux mous sont peu fragiles et participent à la mise en place du cycle et à l’équilibre de l’aquarium. on peut les placer très rapidement dans l’aquarium.
L’aquarium est rempli, la salinité est stable, petit à petit on améliore le décor, on aspire les sédiments laissés par les pierres, et durant cette période d’attente les algues commencent à pousser et la vie apparaît.
algues et sédiments
C’est le moment de réfléchir à la suite, choix des détritivores, des mangeurs d’algues ainsi que des coraux et poissons. Le bac semble vide car on n’y voit aucun poisson, mais si l’on regarde attentivement et plus particulièrement la nuit avec une lampe de poche, on peut découvrir des petites bestioles qui courent sur les pierres et sur les vitres.
Des Asterina, petites étoiles blanches d’un centimètre, qui sont généralement banches et inoffensives, des petits crustacés, mysis et gammares, apparaissent rapidement, un crabe ( parfois utile détritivore et bon mangeur d’algues) ou une petite crevette, arrivés sous forme d’oeufs et de larves cachés dans les pierres vivantes.
Astérina,
Il en existe une centaine d’espèces qui sont inoffensives dans plus de 90% des cas : Si elles mangent certains coraux ( Zoanthus) c’est généralement parce qu’ils sont déjà en mauvaise santé.
On découvre des éponges jaune, roses ou bleues qui se developpent à l’ombre, sous les pierres, et la coraline commence à s’étendre ;
éponges jaunes qui aiment l’ombre.
On peut alors améliorer la position des pompes de brassage afin d’être sûr q’il n’y a pas de zone morte où les déchets et les algues risquent de s’accumuler. Donner un petit peu de nourriture au début permet de nourrir les bactéries, favoriser la macro et la micro faune et alimenter le cycle de l’azote.
Avant d’introduire les escargots, il faut tester et contrôler régulièrement les paramètres de l’eau qui doivent être stables . il est nécessaire d’acheter de nombreux escargots de plusieurs espèces différentes, chaque espèce ayant un régime alimentaire différent . Certains se cachent dans le sable et aèrent le sol, d’autres consomment les algues.
Les bernard-l’hermite ne sont pas vraiment utiles ils ont tendance à bousculer le décor et faire tomber les boutures, de plus ils tuent les escargots pour prendre leurs coquilles.
La plupart des étoiles de mer, rouge ou bleu ont une espérance de vie très limitée en Aquarium.
Les crevettes Lysmata sont des auxiliaires utiles, elles déparasitent les Poissons, consomment les Aiptasia en plus de leur rôle décoratif
des petits Nassarius,
qui arrivent généralement sous forme d’oeufs et sont très utiles.
L’emploi de tests en bandelettes donne des résultats très imprécis. Lors de l’achat il faut choisir des tests spécifiques pour l’eau de mer ( Salifert, Colombo, Seachem, RedSea…) et si le budget le permet, préférez l’acquisition de testeurs électroniques; Ils sont plus précis et plus fiables pour autant qu’ils soient régulièrement étalonnés. La conservation des tests et des réactifs est de meilleure qualité si on peut les garder au frigo. Attention aux dates de validité : si les réactifs sont dégradés, les résultats seront incorrects. voir la page sur les tests
Il est important d’éviter toute variation des paramètres de l’eau, en testant et contrôlant régulièrement la température de l’eau, idéalement à 24-25°C. Selon la situation de l’aquarium, durant l’été, la température de l’eau peut monter au-delà de 27°- 28°C et à ce moment il faut prévoir un refroidisseur (un groupe froid) ou des ventilateurs placés au-dessus de la surface de l’eau pour abaisser la température par évaporation.
Le contrôle de la densité doit se faire très régulièrement, soit en utilisant un densimètre flottant (qui ne coûte pas cher et qui est précis mais que l’on risque de casser lors des manipulations) ou en employant un réfractomètre, qu’il est nécessaire d’étalonner régulièrement et qui donne des résultats très précis.
Il existe aussi des testeurs électroniques. Les poissons se portent bien à 1021, mais les coraux préfèrent 1024–1025.
Une salinité 35-37 g de sel par kg d’eau semble être le dosage optimal (mais ça dépend du sel utilisé)
Le pH d’un bac marin est alcalin, il doit être compris en 8,2 et 8,4. On voit une variation au cours de la journée, le pH diminue durant la nuit et souvent il s’affiche à 7,8 le matin et monte jusqu’à 8,4 en fin de journée. On peut utiliser des tests chimiques en gouttes ou un testeur électronique.
KH ou alcalinité. La maîtrise de l’alcalinité, la dureté carbonatée, permet de limiter les variations de pH. Le carbonate (CO3) est essentiel pour la formation des squelettes des coraux et les escargots.
Le KH doit être entre 8 et 10 (degrés allemands) en dessous c’est trop bas et le pH va faire du yoyo, au dessus c’est trop haut et cela risque d’induire des précipitations et la formation de sédiments, avec en contrepartie un taux de calcium bas par exemple.
Le taux de calcium doit être aux alentours de 420-450. Mais si la salinité est basse ce taux sera également bas. Le KH a un pouvoir tampon sur le pH. C’est la valeur qu’il est le plus important de surveiller avec la salinité. Si le KH et la salinité sont corrects, en général le reste suit !
Le magnésium doit être régulièrement mesuré, c’est un composant essentiel de l’eau de mer. On vise un taux de +- 1300
NO2 (Nitrites) : Les nitrites sont mortels pour les poissons, heureusement que les bactéries les transforment rapidement en nitrates, moins toxiques. Il est donc très important de bien respecter le temps de cyclage d’un aquarium avant d’y introduire des poissons. Les coraux mous y sont quasiment insensibles.
Les Nitrates No3 doivent être le plus bas possible idéalement en dessous de 5-10mg/l pour les coraux les plus fragiles et pour limiter la prolifération des algues. Les coraux mous aident à baisser le taux de No3. En bac FishOnly les poissons peuvent supporter 50 à 100mg/l !
Il faut éviter d’introduire des nitrates dans l’aquarium et donc l’emploi d’un bon osmoseur est important. Les changements d’eau réguliers et fréquents permettent de garder des taux de nitrates bas.
Les phosphates Po4 sont souvent apportés par la nourriture et favorisent grandement la prolifération des algues ! L’excès de phosphate bloque la croissance des coraux en absorbant le calcium qui est nécessaire à la croissance de leur squelette.
L’iode est important, il faut prévoir des ajouts plusieurs fois par semaine, avec quelques gouttes d’iodure de potassium, les coraux mous en font une importante consommation.
Quelques jours après la mise en eau, on peut introduire les premières boutures de coraux mous. Ils contribuent largement à la mise en place du cycle, en apportant une partie des bactéries utiles et ne souffrent pas d’une poussée de No2. On choisit des “coraux cuir” type Sarcophyton, Lobophyton, des Capnella, Xenia, Sinularia qui sont résistants et pas fragiles. Divers Zoanthus, des Discosoma, Rhodactis, Ricordea, Gorgones symbiotiques sont bien colorés et font aussi partie des coraux à introduire en premier. Il est important de laisser assez d’espace entre les coraux car ils vont s’étendre et lutter pour l’obtention d’un territoire : ils ont parfois des longs filaments urticants qui brûlent les autres coraux à proximité ou ils relarguent des terpènes qui limitent leur prolifération. Il y a une vraie guerre chimique qui se joue dans nos bacs …
Euphyllia en chasse.
remplissage en cours et mise en place des premiers coraux
Attention à certains coraux : les Palythoa, Protopalythoa et Zoanthus produisent une toxine dangereuse pour l’homme lors des manipulations. La palytoxine est un puissant vasoconstricteur considéré comme l’une des substances toxiques les plus puissantes connues ©wikipedia
zoanthus
Il est tout à fait possible de démarrer l’aquarium avec des coraux mous et 7-8 mois plus tard, une fois atteint une forme d’équilibre, de les remplacer petit à petit par des boutures de coraux durs.
L‘utilisation d’un peu de charbon actif peut aider à la cohabitation entre coraux mous et durs en éliminant les substances chimiques qui inhibent la croissance des espèces concurrentes.
Pour les coraux durs, la stabilité des bons paramètres est essentielle, alors que les mous pardonnent plus facilement quelques erreurs ou variations. Il est donc nécessaire d’attendre plusieurs mois avant leur introduction, afin d’acquérir une bonne maîtrise de l’aquarium. Parmi les coraux durs, il existe les coraux à petits polypes SPS et des coraux à gros polypes LPS. Parmi les durs relativement faciles on trouve les Caulastrea, et les Euphyllia ( LPS). Parmi les SPS, les Seriatopora hystrix verts ou roses, certains Montipora et Acropora, Pavona cactus, sont relativement simples à maintenir.
durs faciles Pavona, Caulastrea, Montipora
Les premiers arrivants sont les mangeurs d’algues, de nombreux escargots sont nécessaires pour limiter les algues: Il n’y a jamais trop d’escargots 🙂 Trochus, Cipraea, Astrea, Cerithium, Turbo, Tectus, Astralium, Rhinoclavis, Angaria, Nassarius.
Chaque escargot consomme différentes sortes d’algues, sans oublier un oursin Mespillia, et éventuellement des petits Bernard l’hermite, puis on installe des détritivores qui vivent dans le sable s’il y a 2-3 cm pour s’y cacher : Étoile archaster typicus et escargots Strombus, Babylonia, qui vont jouer un rôle essentiel en remuant et aérant le sol.
oursin mespillia babylonia Nassarius
Puis on attend 2-3 semaines au moins, ce qui laisse du temps pour réfléchir au choix des poissons. Il ne faut pas surpeupler !
Pour animer un peu l’aquarium quelques crevettes Lysmata amboinensis ou debelius ou wurdemanni et kuekenthali apportent mouvement et couleur et limitent les Aiptasia et Majano indésirables. Les Bernard l’Hermite sont amusants mais ils bousculent les décors et font tomber les boutures, il faut choisir des petites espèces. Les étoiles de mer rouges ou bleues ont une très courte espérance de vie.
Lysmata amboinensis
tête en bas…
L’arrivée des poissons va perturber l’équilibre de l’aquarium, donc pas de précipitation ! On introduit les poissons petit à petit, le poisson le plus agressif en dernier. Il faut penser que bon nombre de poissons des récifs se nourrissent de coraux et qu’en aquarium ils massacreront les SPS et les polypes.. Si on veut privilégier un aquarium dédié aux poissons, FO alors il faut envisager un grand volume, 1000 litres, et n’y placer que quelques coraux mous pas fragiles ; Sarcophyton par ex.
Si on choisit de faire un bac récifal, donc peuplé de SPS et LPS colorés, alors il faut être très attentif aux choix des poissons et privilégier les algivores, chirurgiens par ex ou les poissons dits “reef safe”.
Les poissons qu’on achète sont généralement des jeunes de petite taille, il faut bien tenir compte du fait qu’ils vont grandir et veiller à leur cohabitation.
En simplifiant, la plupart des beaux poissons papillons Chaetodons et quasiment tous les poissons anges Pomacanthus P.Imperator, P.semicirculatus,P.paru ... finissent toujours par manger les coraux, ils deviennent grands et ne devraient pas être intégrés dans un aquarium dont le volume est inférieur à 800 –1000L !
Imperator adulte, réclame au moins 1000L
P. semiculatus
Parmi les plus beaux, Holacanthus ciliaris et P. Xanthometopon réclament un très grand volume, au moins 2000 litres … pour leurs 40 cm à l’âge adulte ! Les Navarchus et Pygoplites gardent une taille raisonnable et sont peu agressifs, donc possible dans 500 litres.
Navarchus
Les Heniochus, Forcipiger et Chelmon respectent les coraux mais sont assez délicats et les Chelmon ont besoin d’être nourris avec des moules, huitres, mysis quotidiennement .
chelmon
Forcipiger
Parmi les espèces peu exigeantes, les clowns sont une valeur sûre dans un volume d’une centaine de litres au moins. Un couple dans une anémone Entacmea est un spectacle dont on ne se lasse pas ! mais ils peuvent aussi vivre dans un corail et se passer d’une anémone car ce sont généralement des poissons d’élevage. Il suffit de choisir deux petits clowns pour avoir un couple, le plus gros des deux deviendra une femelle.
clown et anémone
La plupart des chirurgiens (Acanthuridés) ont besoin de gros volumes et d’espace de nage. Ce sont des mangeurs d’algues, très vifs et actifs, qui nagent sans cesse. Ce qui exclut la présence de “Dory” (Paracanthurus hepatus) dans moins de 500L. de même pour les superbes Zebrasoma flavescens jaunes et xanthurum, veliferum, et scopas…
Zebrasoma flavescens Scopas
Les Acanthurus japonicus, leucosternon, nigricans, lineatus, sohal (devient très grand !) et autres guttatus … ainsi que les Naso sont réservés à des aquariums assez longs pour leur permettre de nager et brouter les PV.
Il est nécessaire de leur proposer quotidiennement des algues et nourritures végétales. Nori séché, caulerpes, chaetomorpha, épinards … Les Chirurgiens sont sensibles au stress et ont tendance à développer des maladies ( points blancs) si leur bac et les autres pensionnaires ne leur conviennent pas. On ne peut pas nourrir un bac récifal en se contentant de distribuer des flocons, il faut des nourritures congelées et du vivant, des coquillages, crevettes, fruits de mer crus hachés, des ajouts réguliers de phyto et zooplancton sont bénéfiques.
Quelques exemples
Dans un volume de 120-150 L on peut installer une paire de Gobie+crevette, amusants à observer et pas difficile à maintenir. Les petits Gobie okinawae et les Gobiodons jaunes vivent très bien dans un aquarium de 80-100 litres. Les Nemateleotris decora et N.magnifica sont des petits poissons superbes, plutôt résistants et peu actifs. Attention ils sautent facilement hors du bac
Les petites demoiselles bleues Chrysiptera parasema sont faciles mais très agressives, les Dascyllus sont de vraies teignes, petites et territoriales.
une vraie peste!
Dans 150 litres et plus parmi les poissons ange qui ne sont pas des tondeuses à coraux…, les petits Centropyge sont bien colorés bispinosus, loriculus, acanthops … mais attention Ils goûteront parfois les polypes !
Centropyge acanthops
Parmi les petites espèces qui ne réclament pas trop grand volume, on peut encore penser au Gramma Loreto et Pterapogon kauderni en couple.
Dans un aquarium de 250-300L on peut installer un petit labre pour manger les éventuels planaires et déparasiter les autres poissons.
La plupart des Balistes ainsi que les poissons coffre, vont détruire les coraux
Baliste clown
Il n’y a pas de population type, chaque bac est différent, il faut tenir compte de la forme de l’aquarium, de l’espace de nage, du caractère des poissons, de leur agressivité selon leurs couleurs parfois, de la zone où ils vivent et de leurs besoins alimentaires.
Les poissons qui se nourrissent de coraux n’ont rien à faire dans un bac peuplé de SPS fragiles. Les coraux mous par contre supporteront une certaine prédation si les agressions ne sont pas trop fréquentes. Certaines espèces ont besoin d’aliments spécifiques et n’auront qu’une brève espérance de vie. Zanclus par ex, mangera des éponges et divers algues pour rester en bonne santé. Les mandarins Synchiropus sont très beaux mais ils consomment énormément de microfaune et il ne faut pas les placer dans un aquarium récent, ils supportent mal toute forme de concurrence alimentaire.
Pour conclure, on peut dire que ce n’est pas plus compliqué que l’eau douce mais que c’est différent et plus onéreux ! On découvre que ça grouille de vie et on peut observer des comportements et des interactions entre les poissons et coraux très intéressants.
pour aller plus loin https://microrecif.ovh/index.html
@Veronique IVANOV pour les numéros 148 et 149 de la revue
« Aquarium à la Maison »