Killie, F_gardneri

Fundulopanchax gardneri gardneri

(Boulenger 1911).

nsukkaAncien nom :Aphyosemion gardneri.

Famille : Aplocheilidae

Ordre :Cyprinodontiformes

Classe : Actinopterygii

Le mot Killies désigne de façon familière des poissons de la famille des Cyprinodontidés ovipares. Ils comptent de très nombreuses espèces qui vivent quasiment dans le monde entier On en trouve en Afrique, en Asie, en Amérique ainsi que dans le sud de l’Europe mais pas en Australie… Ils sont de petite taille, mesurent 4 à 7 cm, et très colorés. Parmi ces nombreuses espèces, on en trouve qui sont faciles à garder et à reproduire en petit bac spécifique. Ce sont des poissons très intéressants à observer et qui vivent d’une façon un peu particulière : Certains comme les Rivulus sont capables de survivre quelques heures hors de l’eau, d’autres comme les Nothobranchius et les Cynolebias par exemple pondent des œufs qui peuvent sécher quelques semaines quand les flaques d’eau s’assèchent en été et sont capables d’éclore lors des prochaines pluies. À l’état sauvage, on les trouve dans des gouilles, des flaques de quelques litres, dans des marais peu profonds ou des petits ruisseaux partiellement asséchés pendant une partie de l’année. Les paramètres physico-chimiques de leur milieu varient de façon importante d’un mois à l’autre selon la quantité de pluie.Les poissons de la famille des Cyprinodontidés ovipares, se différencient des Cypriniformes auxquels ils ressemblent, par leur absence de barbillon et leur absence de nageoire adipeuse. Par contre ils ont une bouche protractile et des petites dents. Ils comptent plus de 450 espèces qui vivent quasiment dans le monde entier : Ce sont des poissons rarement vendus dans les commerces aquariophiles, leur courte durée de vie expliquant peut-être le désintérêt de certains aquariophiles. L’eau de distribution est généralement dure, dans les bacs des marchands ils sont ternes et peu mis en valeur et ils ne restent pas en bonne santé dans les bacs des détaillants si leur séjour se prolonge

On distingue deux grandes catégories de Killies

Ceux qui vivent dans des milieux qui ne s’assèchent pas, et dont le développement des oeufs se fait toujours dans l’eau et ceux qui sont dits annuels, qui proviennent de milieux subissant une période d’assèchement total. Les adultes meurent à la fin de la saison, mais leurs œufs incubent dans la terre et éclosent lors des premières pluies.
Parmi les Killies non annuels, on trouve les Aphyosemion striatum, des A. australe, des A.gardneri, des Aplocheilus lineatus, des Epiplatys annulatus.
Dans les Killies annuels, on peut citer les Roloffia occidentalis, les Cynelobias whitei, les Nothobranchius rachovi.

F.g.nigerianus misage

Les F.gardneri sont originaires d’Afrique, des rivières du Nigeria, et de l’ouest du Cameroun. Les premières importations européennes remontent à 1913 et sont dues à Brandt, de Leipzig. Leur distribution géographique est localisée dans 3 principales régions : Dans la forêt tropicale, de l’ouest du Nigeria, et au sud du Niger, en zone chaude et humide. Une autre région est presque au Sahel, dans la région du plateau de Jos. Au Cameroun on les trouve surtout dans la région de Misaje.
Dans les régions de savane il y a 2 saisons assez nettement marquées où la quantité d’eau est très variable. Par contre dans la forêt, les rivières ne s’assèchent pas, l’eau est présente toute l’année et les variations des paramètres sont moindres. Il y a peu de lumière, les rayons du soleil sont filtrés par les arbres. La couche d’humus qui recouvre les sols produit un milieu acide et très peu minéralisé. Le pH de ces rivières est compris entre 5° et 7°et la température entre 22° et 26°.

Les F.gardneri sont d’excellents poissons pour débuter dans la maintenance des Killies.Ils sont peu exigeants quant au volume du bac, supportent quelques écarts de température, et se reproduisent aisément. On trouve un nombre impressionnant de patrons de colorations. On pourrait presque dire que chaque cours d’eau a ses propres variétés de couleurs ! Cette coloration très variable est responsable de plusieurs erreurs dans la description des espèces. Les passionnés se procurent souvent des poissons directement en Afrique, de variétés qui ne sont pas encore décrites. On essaye de les différencier en les nommant selon leur lieu de pêche : Par exemple on peut parler de Fundulopanchax gardneri « Akure Blue » qui vient de l’ouest du Nigeria, de Fundulopanchax gardneri « Markudi », provenant de l’est du Nigeria, de Fundulopanchax gardneri nigerianus « Jos Plateau », de F.gardneri gardneri « Nsukka » …Ces noms désignent les villages ou localités où ont été péchés les premiers poissons à l’origine de la souche. Certaines fois, le nom s’accompagne de la date de la pêche ou d’un chiffre indiquant le lieu de collecte.( Par exemple : Fundulopanchax gardneri nigerianus « NSC 6 » ) Il y a parfois chez les Killies des différences importantes dans les patrons de coloration de poissons pêchés à quelques kilomètres les uns des autres. Il faut impérativement éviter de les mélanger avec d’autres F.gardneri qui auraient d’autres origines pour éviter les croisements. C’est dans ce but que les amateurs sont précis quant aux noms des populations et finissent pas donner à leurs poissons des noms à rallonge J. Les vrais « Killiphiles » s’acharnent à maintenir, reproduire et diffuser des souches pures.

F.gardeni nsukka

Leur habitat naturel est composé de petits ruisseaux coulant lentement à travers la savane ou la forêt équatoriale, dont l’eau n’est presque pas minéralisée. Sa température varie de 20º à 28º degrés. Selon les saisons, ces ruisseaux sont presque asséchés et les poissons qui y vivent ont appris à se contenter de petits volumes d’eau et à supporter les variations des paramètres. Quand l’eau s’évapore, la dureté de l’eau des mares et des rus augmente et au moment de la saison des pluies, la minéralisation est presque non mesurable. Les poissons pondent lors de la saison humide quand il y a beaucoup d’eau, et que la nourriture est abondante. En aquarium, on déclenche souvent des pontes en changeant une bonne partie de l’eau du bac et en la remplaçant par une eau nettement plus douce, au kH très bas.

Comme la plupart des Killies, les F.gardneri s’épanouissent mieux dans un bac spécifique. Heureusement qu’il n’y a pas besoin d’un matériel compliqué pour bien les installer : Etant donné leur petite taille, un trio se contente d’un bac en plastique de 15 litres, sans chauffage et juste décoré de tiges de plantes flottantes. Ils se sentent bien dans un petit volume encombré de végétation, de mousse de Java ou de Riccia. Ce ne sont pas des bons nageurs qui apprécient l’espace mais des poissons qui aiment se cacher parmi la végétation. Attention toutefois de prévoir des bacs bien fermés, comme tous les Killies, ce sont d’excellents sauteurs, capables de bondir hors de l’eau en profitant de la plus petite ouverture.

un mâle dans la mousse de Java

La reproduction et l’élevage des jeunes peuvent se faire dans des petits bacs, qui ne nécessitent pas de gros investissements ni de moyens compliqués. C’est une passion envahissante, et les amateurs de Killies se retrouvent assez vite avec plusieurs petits bacs de 10 ou 15 lites destinés à élever les jeunes poissons et à séparer les différentes espèces.
On peut placer de la tourbe sur le sol ou quelques centimètres de sable, pour fixer les pieds des plantes. Idéalement le sol des bacs de reproduction reste nus, ils sont ainsi plus faciles à nettoyer. Les poissons n’ont pas besoin de lumière artificielle, mais leurs superbes couleurs sont mieux mises en valeur par un bon éclairage.
Le choix des plantes dépend de la quantité de lumière disponible. Si l’aquarium est éclairé par un tube fluo, on peut y mettre des plantes à croissance lente comme les Microsorum, des Anubia, de la mousse de Java ou des Bolbitis. Quelques tiges flottantes comme les Ceratophyllum demersum, le Riccia, les Egeria densa, les Ceratopteris, les lentilles d’eau permettent de lutter un peu contre la prolifération des algues et servent de refuge et de garde manger aux alevins. Si le bac ne reçoit pas de lumière directe mais est seulement éclairé par les lampes de la pièce, la survie des plantes est plus problématique et seules des Anubia, la mousse de Java ou des Microsorum peuvent pousser.
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Les F.gardneri sont de petite taille, ils ne dépassent pas 6 cm. Le dimorphisme sexuel est bien marqué, les mâles sont brillamment colorés alors que les femelles sont plus ternes, d’une couleur brun clair ou verdâtre, parsemé de quelques points bruns qui tirent sur le rouge, avec des nageoires transparentes, avec des taches rouges. La robe des mâles, elle est bien plus belle, les points rouge brillant sont très nombreux, densément répartis se chevauchant souvent. Le fond est bleu tirant parfois sur le vert selon l’éclairage du bac. Les nageoires sont colorées de bleu, et lignées de bandes rouges et d’une bordure jaune ou orange. Le corps est cylindrique, les nageoires arrondies. La dorsale est portée en arrière, et les pectorales sont souvent teintées d’orange ou de jaune.
Le dessus de la tête est large et aplati, la bouche placée en position terminale, porte des petites dents pointues. L’œil est grand, rond, cerclé de jaune. La ligne latérale est incomplète. Dans les bacs des magasins où l’eau est peu adaptée à leurs besoins ils sont souvent ternes et l’on hésite à les acquérir, mais dans un environnement idéal, ils sont splendides et brillants.

une femelle

Pour les garder dans des bonnes conditions, les F.gardneri ont besoin d’une eau plutôt acide, assez douce et pas trop chaude.
On vise un pH compris entre 6,0 et 6,5 et une dureté de 2 à 8 dGH. Il est généralement nécessaire d’employer de l’eau osmosée ou une eau en bouteille très peu minéralisée pour obtenir ces valeurs, l’eau du robinet est presque toujours trop dure pour des bacs peuplés de Killies. La température normale d’une pièce chauffée est suffisante ; Grâce à un petit éclairage et à la chaleur dégagée par le moteur d’un petit filtre, l’eau atteint sans problèmes 20 ou 22 degrés. Si elle est plus chaude, vers 26 degrés, leur métabolisme s’accélère et leur durée de vie est raccourcie. Les grandes chaleurs de l’été peuvent provoquer des hécatombes dans les élevages des amateurs de Killies, malgré la présence de pompe à air favorisant les remous et l’oxygénation de l’eau.

On peut envisager leur maintenance en bac communautaire à condition que l’aquarium soit peuplé de poissons calmes, de petite taille et pas agressifs. Mais même si les F.gardneri sont souvent agressifs et un peu asociaux, ils risquent d’être stressés et dominés par d’autres poissons plus grands ou plus actifs et de rester plutôt ternes et peu visibles. Les mâles entre eux se disputent fréquemment et s’abîment les nageoires. Ils pourchassent les femelles et sont parfois assez violents et territoriaux.

On peut éventuellement envisager un bac d’une centaine de litres, peuplé de divers Killies. Il faut alors éviter d’y mettre des espèces proches qui risqueraient de s’hybrider. Il existe assez de souches de Killies colorés et intéressants sans avoir besoin de créer des hybrides. Il est généralement très difficile de différencier les femelles qui se ressemblent beaucoup et certains magasins ont tendance à tout mélanger. L’idéal est vraiment de les maintenir en trio ou petit groupe (3 mâles et une dizaine de femelles) dans des bacs spécifiques. Si on ne met que 2 mâles, ils se battent, mais en groupe ils se supportent mieux à condition de disposer d’assez d’espace et de cachettes.

Alimentation

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Dans la nature ils se nourrissent surtout d’insectes capturés à la surface de l’eau, ainsi que de larves et de petits vers aquatiques. Ce sont des poissons gourmands qui apprécient particulièrement la nourriture vivante ou congelée. On leur distribue des vers de vase, des larves de moustique, des petits gammares, des daphnies. Certains individus finissent par manger des paillettes ou des granulés. Mais si on veut obtenir des jeunes la nourriture vivante est indispensable pour mettre les parents en condition et les inciter à pondre. Attention de ne pas trop les nourrir, ils sont goinfres et ont tendance à prendre de l’embonpoint. Un ou deux jours de jeûne par semaine leur fait du bien.

F.g. nsukka femelle

Reproduction.

Les paramètres de l’eau sont le facteur le plus important pour la réussite des reproductions : Il est nécessaire d’utiliser de l’eau faiblement minéralisée et d’avoir un pH légèrement acide.
Ils pondent dans leur bac, généralement tôt le matin, quelques ovules de couleur légèrement ambré. Les œufs sont adhésifs et se collent dans les plantes ou dans les fibres de la tourbe ou du mop mis à leur disposition.

On peut choisir de retirer les œufs régulièrement ou de les laisser dans le bac où ils ont été pondus et d’en ôter les adultes. Tous les 3-4 jours on retire le mop du bac, on enlève les oeufs avec les doigts ou avec une petite pince, ils sont durs et peuvent être manipulés sans risque, et on les place 2 bonnes semaines dans un petit récipient avec 3-5 cm d’eau à température ambiante. Dans de la tourbe humide il faut attendre plutôt 3 semaines. Au bout d’une quinzaine de jours on voit bien les yeux des larves à travers la membrane des œufs. Ils passent très vite au stade se la nage libre et on peut les nourrir immédiatement .

Il est aussi tout à fait possible d’obtenir des jeunes sans utiliser de mop et sans retirer les adultes. Il suffit de laisser les œufs se développer dans le bac. On n’obtient évidemment pas un très grand nombre de jeunes, mais quelque uns survivent tout de même en se réfugiant dans le filtre pour se nourrir des petites proies qui vivent sur les mousses du filtre ou dans la mousse de Java.
Quand les F.gardneri sont bien nourris, ils ne dévorent généralement pas leurs œufs ni leurs alevins. On peut très bien les laisser éclore et grandir dans le bac de ponte à condition que celui-ci soit densément planté pour que les jeunes puissent facilement se trouver à manger. Quand on laisse les poissons se reproduire de façon naturelle, l’on se rend compte que la prédation des alevins est plutôt le fait des jeunes des générations précédentes…Les alevins de 2 cm mangent volontiers les nouveaux-nés.

Si l’on retire les œufs du bac d’ensemble, on peut ajouter 3-4 gouttes de bleu de Méthylène pour limiter les risques d’attaque fongique.
Selon la température, il faut compter 2 semaines, pour que les œufs commencent à éclore. On peut alors petit à petit remonter le niveau de l’eau du petit bac. Très vite ceux-ci se tiennent juste sous la surface de l’eau parmi les plantes flottantes. On leur distribue 3 à 5 fois par jour des nauplies d’artémia, des micro vers ou des anguilles au vinaigre ce qui favorise leur croissance. Chez moi, ils n’acceptent pas les poudres ni les paillettes mais ont besoin de nourritures vivantes. Ils grandissent assez lentement, atteignant 1,5 à 2 centimètre après 4-5 semaines.

MOP

mopoeufPour fabriquer un mop il suffit de prendre un peloton de laine acrylique assez épaisse et de l’entourer autour de sa main ou autour d’un livre puis de fixer un bouchon en liège comme flotteur. On fait bouillir le mop 5 minutes avant de le placer dans le bac. Il suffit de prévoir une assez grande longueur pour que le nœud avec le bouchon soit à la surface et que les brins pendent jusqu’au sol. Les A.gardneri pondent généralement tout près de la surface de l’eau, juste sous le bouchon.
On choisit souvent de la laine de couleur sombre pour que les œufs ressortent mieux, ils sont bien visibles comme des petites billes transparentes sur du noir ou du bleu ou vert foncé.