Tetraodon travancoricu

Tetraodon travancoricus

Famille Tetraodontidés
Nom commun : Tétraodon nain
Taille 2 à 2,5 cm    /    Origine : sud ouest de l’Inde
Température 25 °C à 26 °C    /   pH entre 6.5 et 8.
dureté entre 10 GH et 20°GH

Des petits poissons marrants pour un petit aquarium !
Colorés, tout petits, peu exigeants quant aux paramètres de l’eau du bac, ils sont disponibles depuis peu dans les animaleries

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Quand on parle de Tétraodons, on pense d’abord aux espèces qui vivent eau salée, saumâtre ou marine. On trouve régulièrement à la vente des T. fluviatilis et des T. biocellatus. On les fait cohabiter dans des grands bacs d’eau saumâtre ou franchement salée ( 15 à 30 mg de sel par litre )avec des Scatophagus, des Monodactylus argenteus et des Toxotes.Les petits T. travancoricus, eux, sont des poissons d’eau douce, originaires de l’Inde

Il semble qu’on trouve 2 Tétraodons, qui sont très semblables mais qui seraient des espèces distinctes et souvent mal identifiés dans les bacs des marchands. Les Carinotetraodon travancorius, (Hora & Nair, 1941) décrits ici et Carinotetraodon imitator, décrits par Britz & Kottelat,en 1999. originaires aussi du sud ouest de l’Inde dans la région de Kerala, ils mesurent environ 2 cm à l’âge adulte . Ils ont des petites taches noires, irrégulières alors que les travancoricus présentent des marbrures et des lignes plus grandes.A priori, ils ont les mêmes besoins et les mêmes exigences.

Le surnom de poisson-ballon vient de la capacité qu’ils ont à gonfler leur corps en aspirant une grande quantité d’eau. C’est un système de défense, grâce à l’élasticité de sa peau, il se gonfle quand il se trouve en danger, et paraît alors plus gros et plus difficile à avaler. Personnellement, je n’ai jamais vu aucun de mes Tétraodons se gonfler de telle façon.

Plusieurs espèces de Tétraodons ont un autre moyen de défense : ils sont toxiques, leur poison est appelé la tétrodotoxine. Les C. travancoricus qui vivent en eau douce ne portent pas ce poison, et ne sont pas toxiques.

Les poissons des familles des Tétraodontidés, des Diodontidés, des Balistidés sont toxiques. La tétrodotoxine est une neurotoxine synthétisée par différentes bactéries. Elle se concentre dans le foie, les viscères et les gonades. Les femelles sont plus toxiques que les mâles,puisque le poison se concentre au niveau des ovaires, et la toxicité varie selon l’espèce On retrouve cette toxine chez de nombreux organismes marins (des céphalopodes, crabes, mollusques, vers ) et aussi chez certains batraciens anoures et urodèles. Elle provoque une paralysie, et des modifications du rythme cardiaque.
En aquarium les Tetraodon fluviatilis en sont porteurs.
Seuls les poissons sauvages consommant des étoiles de mer et des coquillages contenant ce poison seraient porteurs de cette toxine.

Les C. travancoricus sont des poissons paisibles, qu’il vaut mieux maintenir dans un bac spécifique car ils ont tendance à mordiller les nageoires des autres espèces.Ils n’ont pas besoin de beaucoup d’espace car ce ne sont pas de très bons nageurs. Un aquarium d’une cinquantaine de litres convient parfaitement pour garder un groupe de 6 ou 8 poissons.

Idéalement il faut les isoler des autres poissons, et les garder en petit banc. Ils sont un peu territoriaux mais peu agressifs bien qu’on assiste régulièrement à des séances d’intimidation entre les mâles. Ils sont vendus jeunes et on a du mal à différencier les sexes dans les bacs des magasins, il faudrait un mâle pour 2 ou 3 femelles et prévoir des cachettes. Parmi les plantes et le décor pour que les plus faibles puissent s’isoler.

j’en garde 7 dans un bac de 50l environ.

Si on tente de les installer dans un bac communautaire, ils sont souvent effrayés par les autres gros poissons du bac et restent cachés parmi la végétation en éprouvant des difficultés à s’alimenter correctement. Ils ne détruisent pas les plantes mais peuvent les abîmer involontairement en les mordant quand ils cherchent et attrapent des escargots

Leurs yeux sont étonnants, colorés de vert ou de bleu selon l’éclairage et capables de pivoter indépendamment l’un de l’autre en tout sens. Parfois un œil regarde devant et l’autre est tourné vers l’arrière ! Avec leur bouche toujours ouverte d’où dépassent leurs grandes dents, ils ont des têtes de petits clowns. Les déplacements aussi sont amusants, capable de tourner sur lui même comme un hélicoptère pour descendre surprendre un escargot au sol ou des faire des voltes , le corps arqué en L , en guettant un vers de vase qui gigote.

Dans un bac spécifique bien planté de 50 litres, ils ne sont pas timides, et même se montrent très curieux et viennent volontiers observer l’aquariophile qui les regarde : dans un bac placé sur le coin d’un meuble à côté d’un bureau, les poissons passent du temps à observer l’extérieur et sont souvent proches de la vitre pour regarder l’écran de l’ordinateur et tout ce qui se passe sur le bureau. Ils reconnaissent très bien les boîtes qui contiennent leur nourriture et se regroupent à la surface, très agités et la bouche ouverte : dès qu’ils voient arriver le pot qui contient les larves de moustiques et les daphnies.

Maintenance
Contrairement à la plupart des membres de la famille des Tétraodons, ils n’ont pas besoin de sel dans l’eau de leur bac et vivent en eau parfaitement douce, et en bac bien planté. Une plantation dense permet à chaque mâle de s’isoler dans un petit territoire, surtout pour passer la nuit. Ils dorment au sol, ou posés sur une feuille basse. et ne restent pas groupés pendant la nuit.
Les Carinotetraodon n’apprécient pas l’eau froide : en dessous de 22°C, ils sont amorphes et inactifs ; la température idéale semble être entre 24 et 26°C. même si ils ont très bien supporté l’eau plus chaude de ces derniers étés caniculaires.

Nourriture :
Les sont difficiles et gourmands. Ils se nourrissent principalement d’escargots et de petits invertébrés et de larves, si possible vivants. Il est inutile d’essayer de les alimenter avec des poudres ou des paillettes, ils n’y touchent pas… Ils ignorent totalement les comprimés, les pastilles de fond et les granulés, ils les regardent tomber mais n’y touchent pas On doit donc leur donner régulièrement des petits escargots, dont ils cassent les coquilles, ce qui limite la pousse de leur dents. Leur nom de Tetraodon vient du grec et signifie 4 dents, ils ont une forte mâchoire qui est capable de casser la coquille des escargots et la carapace des petits crustacés. Leurs dents se développent en permanence et ont besoin d’être usées sinon elles deviennent trop grandes et l’empêchent de se nourrir ; Il est donc nécessaire de leur fournir une nourriture appropriée à croquer. Attention de ne pas trop les nourrir, ce sont des goinfres capables d’avaler un vers de vase d’1,5cm et d’en réclamer encore…

Après les repas ils ont le ventre très gonflé et déformé.

Ca se voit très bien chez les jeunes qui se goinfrent de nauplies d’artémias et dont le ventre devient tout rose.

Ils adorent aussi les larves de moustiques rouges, les tubifex et vers de vase congelés ou vivants, les daphnies et artémia adultes, si possible vivantes, et les petits crustacés

Les voir s’attaquer à un escargot est un vrai spectacle : il tourne autour, le renverse d’un coup de tête , puis casse la coquille à coup de dents ou aspire directement l’escargot hors de la coquille. Ils peuvent s’en prendre à des grosses planorbes de 2 cm comme à des petits physes qu’ils croquent alors d’un seul coup. Ils sont aussi capables de persécuter des gros Ampullaires en leur grignotant les antennes en permanence et en les forçant à s’enterrer.
Attention de bien décongeler et de rincer soigneusement les vers et larves, sous l’eau courante pour éviter de verser dans le bac l’eau de décongélation, qui est souvent très chargée en nitrates et phosphates et va favoriser la pousse des algues en polluant l’eau.
Il semble illusoire de conserver des crevettes, Caridina ou petites néocaridina diverses, dans un aquarium peuplé de Tétraodons, à court ou moyen terme ils vont tuer et manger toutes les crevettes.

On différencie les sexes en observant le ventre des poissons : La femelle est généralement plus ronde ses taches ressemblent des ponctuations rondes alors qu’elles ont tendance à s’allonger et à se rejoindre chez les mâles.

Le tour des yeux des mâles est ridé et porte des reflets bleu-vert alors que je n’ai pas observé ces marques sur les femelles.

Le mâle en période de frai affiche une longue ligne sombre, gonflée, épaisse et presque noire sur son abdomen, le reste du temps cette ligne est présente mais étroite et brune.

Ces caractères n’apparaissent pas chez les mâles dominés et la disposition ainsi que la teinte des taches peuvent varier selon l’humeur du poisson.

Les mâles peuvent être agressifs et se battent, ils se tournent autour, se gonflent et l’on voit apparaître comme une crête sur leur dos. Celle crête apparaît aussi quand où le mâle parade devant la femelle prête à pondre.

Lors des combats ils tournent l’un autour de l’autre et se donnent de brusques coups de tête et coup de dents. Il y a régulièrement des blessures, si le plus faible ne renonce pas et ne va pas se cacher ,il peut être tué

La reproduction en aquarium n’est pas très difficile à condition d’avoir un bac spécifique.
On peut prévoir un petit aquarium de 20 litres sans sol, avec une bonne quantité de riccia et de mousse de Java et un petit filtre d’angle en mousse, pour éviter d’avaler les alevins. Un mâle cohabite facilement avec un harem et se montre agressif envers les autres mâles surtout en période de frai, tous les autres poissons se cachent et se font oublier quand le couple décide de se reproduire.
Les parades peuvent être assez remuantes, le mâle est parfois un peu agressif et brutal et mordillant la femelle qui ne cède pas assez vite à ses avances.

C’est elle qui choisit le site de ponte après avoir exploré ensemble tous les coins sombres, les massifs et les cachettes du bac et le mâle la suit pour féconder les ovules émises.

Ils se placent sous une feuille d’Anubias, sous une touffe de mousse de java, près du sol à l’ombre. Les pontes ont plutôt lieu en fin de journée ou le soir. Les pontes ont lieu pendant plusieurs jours

photos ©Guilhem Mollera

La couleur des poissons qui frayent se modifie : le mâle dominant a des petites rides bleues très brillantes autour des yeux, et une tache bleue sur la base de la queue ; il présente aussi une ligne sombre très marquée et le jaune des nageoires est plus brillant, le poisson devient brun-beige, et les taches sombres qui sont sur le dos disparaissent presque entièrement et les taches qui se trouvent sur les flancs forment une ligne continue. La femelle, elle, est plus ronde, et reste bien jaune.

Après la ponte il faut attendre 5 à 6 jours à 26 degrés pour que les œufs éclosent ; les larves transparentes, qui mesurent guère plus d’1,5 mm restent proches du sol pendant les premiers jours. Puis petit à petit la tête et le pédoncule caudal se colorent de jaune, après 4-5 jours, le sac vitellin se résorbe, ils commencent à se déplacer dans les 3 dimensions et montent par instant vers la surface. En les installant dans un petit bac densément planté de mousse de java, ils se nourrissent très bien des micro organismes. Attention lors de l’emploi d’Infusyl™, on pollue très vite le bac… et les alevins ne supportent pas de nitrites ni de nitrates dans l’eau. Ils atteignent 3-4 mm après une semaine.

alevin de 5 jours

alevin de 10 jours

15 jours

3 semaines

moins d’un mois.

photos ©Guilhem Mollera

Il faut prévoir une faible hauteur d’eau dans le bac d’élevage, 15 à 20 cm sont bien suffisants pour les 2 premières semaines. Dès le 10è jour ils mangent des nauplies d’artémia et en gobent aisément15 à 20 lors de chacun des 4 repas quotidiens. Ce sont des vrais goinfres qui n’hésitent d’ailleurs pas à dévorer aussi d’autres larves plus petites. Il faut donc éviter d’élever 2 ou 3 pontes successives dans le même bac. Le ventre rond et rose des alevins permet très bien de s’assurer qu’ils ont eu assez à manger.
Après un mois, ils ressemblent à des adultes miniatures, les mouchetures brunes se renforcent et le jaune commence à apparaître.

Le corps est jaune ou verdâtre, le ventre blanc tirant parfois sur l’orange, le dos et les flancs parsemés de taches noires, plus ou moins allongées. La tête est grande et porte 2 gros yeux très mobiles. La femelle a des taches rondes, le mâle a plutôt des taches qui se rejoignent pour former des lignes .

Caractéristiques de l’eau.

Il réclame une eau bien fortement brassée, bien oxygénée et filtrée 2-3 fois par heure. Il faut prévoir de planter le bac pour leur offrir des zones sombres et des cachettes.

Température.
La température doit se situer entre 24 et 26°C. Un chauffage est donc nécessaire. Ils n’apprécient pas l’eau froide et deviennent amorphes.

Comportement et maintenance.
Un aquarium d’une cinquantaine de litres convient parfaitement pour garder un groupe de 6 ou 8 poissons. Ils se montrent très volontiers s’ils se sentent en sécurité dans leur bac. Ce sont généralement des poissons pacifiques mais qui agacent les autres espèces en les mordillant et qu’il vaut bien mieux installer à part en bac spécifique.

Pour les curieux on peut lire ici http://nwda.gov.in/ un descriptif en anglaisde leur rivière d’origine et voir là http://www.prokerala.com/kerala une carte du sud-ouest de l’Inde et de la région de Kerala

Ce texte a été écrit pour Aquarium -Magazine de juin 2006 ©Véronique Ivanov

Merci à Guilhem Mollera pour la plupart des photos de cette page

une femelle