Kryptopterus  bicirrhis 

Kryptopterus  bicirrhis 

Classe :Actinopterygii
Ordre :Siluriformes, poisson chat
Famille :Siluridae
Sous- famille : Kryptopterinae

Alors que la plupart des membres de la famille des Siluridés vivent au niveau du sol, le silure de verre, lui évolue en pleine eau. C’est un poisson importé depuis pas mal d’années et donc facile à trouver en magasin. Les premières importations datent de 1934, par Winkelmann à Hambourg. Il est originaire d’Asie du Sud-Est, et trouve principalement dans les fleuves lents comportant une importante végétation, à Bornéo, à Java, en Inde, en Indonésie, en Thaïlande, à Sumatra, en Malaisie ainsi que dans le Mekong, le Chao Phraya et le bassin du Xe Bangfai.

Selon l’âge du livre ou des publications que l’on consulte, on peut trouver ces poissons sous diverses identités et orthographes variées. Cryptopterus bicirris (Valenciennes 1840)
Kryptopterus bicirrhis
Silurus bicirrhis (Valenciennes 1840):
Certains anciens livres les présentent comme Cryptopterichthys amboinensis, Kryptopterichthys palembangensis, Silurus bicirrhis, Silurus palembangensis.
Très proche mais plus petit bien ue rarement exporté le Kryptopterus  minor (Roberts , 1989)

Quasiment tous les exemplaires vendus en animalerie sont des poissons sauvages capturés à divers stades de grossissement et qu’on ne reproduit pas encore régulièrement en captivité. Il y existe des grands bassins artificiels creusés le long des berges des rivières, qui permettent d’élever en semie liberté ces poissons et de les « stocker » avant de les exporter.

Voir aussi la page consacrée au biotope sud-asiatique 

Leur corps est pratiquement transparent. On voit très bien leur arrêtes et leurs viscères ! Le nombre de mélanophores contenus dans leur peau (les cellules de couleur noire) est très réduit ce qui leur donne peu de couleurs et les fait paraître très clairs. Les cellules de la peau contiennent de la guanine, qui agit un peu comme un miroir, et qui reflète la lumière et la couleur ambiante, ce qui permet au poisson un excellent camouflage.

Par chance pour eux, les Kryptopterus sont assez sensibles aux produits chimiques ce qui fait qu’on ne peut pas les teindre en rose ou en bleu ni leur injecter des produits colorants, comme certains « éleveurs »peu scrupuleux le font aux Chanda ranga (autres poissons presque transparents) qui sont artificiellement colorés en vert, rose ou violet. Les aquariophiles sérieux ne doivent pas cautionner ce type de pratique et devraient refuser d’acheter de telles espèces traficotées

Photos de Chanda ranga artificiellement teints…

  

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Ce sont des poissons calmes et tranquilles, peu actifs, qui passent tout leur temps quasiment immobiles, à onduler sur place, dans un coin ombragé du bac ou parfois dans le courant généré par le filtre. Leur façon de nager sur place est tout à fait typique.

Les silures de verre sont principalement actifs le matin et le soir, mais quelques peu craintifs. En cas de mouvement brusque devant leur bac, ils peuvent rapidement aller se cacher parmi les plantes et ne ressortent que bien plus tard quand tout s’est calmé.
Ils sont statiques mais pourtant capables de mouvements rapides très surprenants pour chasser une petite proie par exemple ou au moment des distributions de nourriture.

Description du poisson
Sa taille dépasse rarement 10 cm en captivité, mais les sujets sauvages sont un peu plus grands et dans le sud-est asiatique,on attrape régulièrement des individus âgées qui font une quinzaine de centimètres. Le corps est allongé, très comprimé latéralement et il est dépourvu d’écailles. (et donc plus sensible à la qualité de l’eau). La bouche porte sur le maxillaire supérieur deux barbillons filiformes très longs, servant plus d’organes tactiles que d’organes olfactifs. Ces barbillons peuvent être orientés dans toutes les directions. Ils ont la particularité de repousser après cicatrisation s’ils ont été coupés ou raccourcis par d’autres poissons agressifs ou « joueurs. Les Barbus tetrazona par exemple, aiment beaucoup mordiller les nageoires et les barbillons des autres poissons et sont donc déconseillés dans un bac qui abrite des silures de verre.
La transparence de son corps laisse parfaitement voir son squelette. La seule partie opaque est située à la base de la tête et renferme les viscères, elle est grise ou argentée.

Il présente une nageoire anale très longue qui recouvre tout le dessous du corps jusqu’à la queue et compte entre 53 et 70 rayons. La nageoire dorsale est réduite à un rayon ou parfois même inexistante. La caudale, profondément fendue est formée de deux lobes asymétriques, le lobe inférieur étant légèrement plus long.

Selon l’angle de la lumière, leur corps peut présenter des reflets d’arc-en-ciel, irisé de jaune et de bleu. Une tache violacée plus sombre car plus vascularisée, est visible derrière les opercules.
La couleur des poissons est due à la réfraction de la lumière sur des microcristaux de guanine, qui sont contenus dans la face externe des écailles et qui produit un aspect brillant. Ils s’accumulent aussi dans les iridocystes, qui sont des cellules particulières de la peau. Les Kryptopterus en sont dépourvus et donc sont transparents !

Maintenance

Les Kryptopterus doivent impérativement être maintenus en groupe, les sujets gardés seuls ont une espérance de vie réduite. La température de l’eau peut être comprise entre 22 et 27° C, ils sont largement tolérants quant aux paramètres à condition que le milieu soit bien oxygéné.
Les Kryptopterus nagent en pleine eau, dans la partie médiane du bac, alors que la plupart des autres membres des Siluridae vivent proches du substrat. Ils sont diurnes, mais recherchent les zones d’ombre et n’apprécient pas du tout un éclairage trop fort. Il faut leur ménager des zones sans plantes, bien dégagées mais à l’ombre, pour les sécuriser. Un bac doté de spots HQI ne leur convient pas, à moins de prévoir une importante plantation de surface qui tamise efficacement la lumière.

Quand ils se tiennent au repos, ils adoptent une position penchée, avec la tête plus haute que la queue, selon un angle de 30 degrés environ. Ils restent immobiles, côte à côte, vibrant de tout leur corps et changeant parfois de position au sein du groupe. Quand ils nagent, par contre ils adoptent une position horizontale et progressent par bonds successifs assez rapides

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Ce sont de bons poissons à introduire dans un bac d’ensemble peuplé d’espèces asiatiques calmes. Ils ne sont pas agressifs, mais malgré leur passivité apparente ce sont d’excellents chasseurs et des prédateurs efficaces : ils mangent très volontiers les alevins et même les autres poissons s’ils sont de trop petite taille. Ce ne sont pas non plus des poissons territoriaux qui défendent leur espace, par contre la présence de poissons agités et remuants comme des loches clowns (Botia macracantha),les Barbus tetrazona ou même des Danio perpétuellement en mouvement, les perturbe sérieusement et les stresse.
Maintenus dans de mauvaises conditions ils tombent vite malades, leur corps se marbre alors de taches blanchâtres, devient opaques et ils meurent. Quand ils cessent d’être vraiment transparents c’est mauvais signe, il faut alors contrôler les paramètres de l’eau ou modifier et améliorer leurs conditions de vie.

bien cachés dans la végétation


Dans un aquarium de 120 litres, on peut installer un groupe de 8 Kryptopterus. La qualité de l’eau a peu d’importance. On recommande d’employer une eau moyennement dure avec un pH neutre, proche de 7, ou très légèrement acide et pas trop dure (jusqu’à 15 °dGH) ; une température comprise entre 22 et 27 degrés leur convient bien. Ils ne supportent pas d’avoir froid et une eau en dessous de 22 degrés peut les faire mourir en 2-3 jours. Leur peau dépourvue d’écailles est sensible à l’eau trop alcaline et ils peuvent alors attraper diverses mycoses ou infections. Maintenus dans des bonnes conditions, leur espérance de vie est d’au moins 5 ans.

  

Le bac doit être bien planté, d’espèces dont les feuilles se recourbent à la surface et créent rapidement des zones d’ombre. La plantation peut être constituée en majorité de végétaux à croissance rapide comme Hygrophila ou Ceratophyllum demersum qui luttent contre les algues. Une racine, avec un pied de Microsorum fixé par du fil de pêche ou un simple élastique, acidifie légèrement l’eau. Diverses Cryptocorynes qui proviennent aussi d’Asie, complètent le décor et ne réclament pas un éclairage intense pour croître et prospérer. Pour reproduire un biotope asiatique on peut choisir des plantes parmi celles-ci : Hygrophila polysperma, Hygrophila corymbosa Vallisneria Spiralis Limnophila, Crinum Thaianum, Ceratopteris Thalictroides, Hygrophila difformis Mousse de Java ,Hygroryza aristata qui flottent à la surface. Pour achever le décor, on dispose un sol sombre composé de sable émoussé et peu tranchant et quelques pierres non calcaires.

Il est plus raisonnable de choisir une population composée d’espèces calmes et non agressives, comme un couple de Gourami ou de Colisa, un banc de Rasbora, ou de Barbus cerise, qui nagent en pleine eau et des Kuhli qui occupent la partie basse de l’aquarium et vivent en groupe sur et dans le sol. Il est aussi possible de placer dans le bac un Betta mâle et 2 ou 3 femelles, ainsi que des petits Botia shidtimunki ou B.striata. Attention toute fois de ne pas trop peupler l’aquarium…La surpopulation provoque pollution, stress et maladies

Un poisson malade devient blanchâtre

La plupart des infections qui frappent les poissons d’aquarium sont essentiellement occasionnées par un manque d’entretien, ainsi que par une hygiène défectueuse ou des mauvaises conditions de vie ou de transport et d’acclimatation.
Une maintenance correcte, la présence d’autres poissons paisibles et une alimentation riche et variée permettent d’éviter les maladies parce que les poissons sont suffisamment bien nourris et assez résistants pour combattre avec succès d’éventuelles infections. Les Kryptopterus souffrent parfois d’infections bactériennes qui provoquent des taches opaques sur leur corps, et qui sont difficiles à traiter en bac d’ensemble. Il est donc important de bien soigner l’acclimatation des nouveaux poissons et de les observer quelques semaines en bac de quarantaine pour éviter d’introduire d’éventuels parasites ou maladies en bac communautaire.

Alimentation :
Malgré leur apparente fragilité, les Kryptopterus sont des prédateurs, qui se nourrissent volontiers de proies vivantes. Attention aux divers alevins d’autres espèces, qui ont très peu de chances de survivre en présence de silures de verre. Ils apprécient énormément les proies vermiformes : on peut leur distribuer des vers de vase, tubifex, petits crustacés et insectes. Comme ils ne sont pas très voraces, il faut veiller à ce qu’ils se nourrissent convenablement et que d’autres poissons plus vifs ne leur mangent pas tout sous le nez…Pour cela on peut distribuer simultanément de la nourriture aux 2 bouts de l’aquarium. Les silures de verre ne mangent que la nourriture qui flotte à la surface ou qui commence à s’enfoncer et ils ne descendent pas chercher ce qui est tombé sur le sol.

Reproduction

Il n’y a aucun dimorphisme sexuel, on suppose que les femelles mâtures sont un peu plus grandes et plus grosses que les mâles. Leur reproduction est pour l’instant très rare en aquarium. On en signale quelques cas, non reproductibles, sans trop savoir ce qui aurait déclenché les pontes.On assiste parfois à des parades, des courses-poursuites et même une nage de 2 poissons en zig-zag, collés l’un contre l’autre. Il est possible que les poissons aient besoin d’être en banc et pondent parmi les plantes. Pour les stimuler il faudrait les nourrir de proies vivantes, et tenter de reproduire des variations climatiques en abaissant la température du bac, en modifiant la dureté ou le niveau de l’eau.

J’ai gardé 2 ans un groupe de 6 Kryptopterus dans un aquarium de 120 L en compagnie d’un couple de Colisa lalia et de quelques Kuhli. Ils passaient leur temps dans le coin avant gauche de l’aquarium, proches du rejet du filtre mais pas dans le courant. Cette partie de l’aquarium était la plus sombre, les tubes néons trop courts n’arrivaient pas à éclairer toute la longueur du bac.
Quand j’ai changé la galerie lumineuse pour améliorer l’éclairage du bac, et ajouté un tube, les poissons ont changé de place et se sont installés presque au centre, sous une grosse touffe de Riccia et de plantes flottantes entremêlées, utilisées par le Colisa pour construire son nid,et qui produisent une ombre assez épaisse. Ils n’aiment décidément pas la lumière…
J’ai aussi plus tard modifié la population de cet aquarium en introduisant 6 Danis rerio. Ceux-ci ont passé quelques mois à se pourchasser en permanence, à se courir après à toute vitesse et dans tous les coins du bac ( comme tout Danio qui se respecte…)
Dans les semaines qui ont suivi leur arrivée, les Kryptopterus ont émigré dans le coin arrière gauche du bac, parmi les hautes tiges des plantes ( à l’époque des Vallisneries ) et sont devenus quasiment invisibles…Planqués toute la journée dans leur massif, on ne les entrevoyait que quelques instants au moment des repas. Il m‘a fallu plus d’un mois avant de me rendre compte en les observant attentivement , qu’ils étaient marbrés de taches blanchâtres et opaques, qu’ils avaient maigris et étaient stressés et nerveux. La présence des Danio ne leur convenait pas du tout et les rendait malades. L’un d’entre eux est mort. J’ai retiré les Danio , qui sont partis chez une amie et en moins d’une semaine les 5 Krypto sont revenus s’installer au centre du bac, là où ils surveillent tout ce qui se passe, mais à l’ombre.
La présence de poissons calmes et de zones ombragées est absolument indispensable pour les maintenir dans des bonnes conditions.

En résumé

Aquarium de 100x40x30 pour un petit bac spécifique ,ou 120x40x50 cm soit 240 litres si on veut faire un bac communautaire plus peuplé.

Eau :Les Kryptopterus ont besoin d’un bac planté, avec de nombreuses zones d’ombre, au sol sombre et d’une une eau douce au pH neutre ou légèrement acide

Équipement Filtre extérieur ou intérieur à décantation, d’une capacité de 2 fois le volume du bac par heure, qui assure un brassage suffisant sans trop agiter l’eau. Chauffage nécessaire pour maintenir l’eau à 26 degrés.

Éclairage : Ces poissons appréciant l’ombre on peut choisir un éclairage faible d’un Watt par litre d’eau avec des plantes peu exigeantes ou mettre plusieurs tubes fluos, réglés par une minuterie pour 12 heures d’éclairage continu. Dans ce cas, il faut prévoir des zones d’ombres.

Entretien. Changement d’eau de 10 à 15% chaque semaine, par de l’eau déchlorée et présentant les mêmes paramètres que celle du bac. Bien siphonner les saletés tombées sur le fond du bac.
Nettoyage tous les 2 mois de la moitié des masses filtrantes. Nettoyage hebdomadaire des éventuelles algues sur la vitre frontale, taille et bouturage des plantes.

Décor : Quelques racines de tourbières ou des souches permettent de conserver une eau légèrement acide. Il faut éviter les pierres calcaires qui durciraient trop l’eau.

Plantation : Il y a de nombreuses plantes adaptés à une eau de 26 degrés qu’il faut planter en laissant un large espace de nage. On peut choisir par exemple des Ludwigia, Elodés ou Egerias comme plantes à tiges qui poussent vite, des Vallisneries et Cryptocorynes sur les côtés et du Microsurum placé sur une racine ou sur une pierre. Il est important de prévoir aussi des plantes flottantes qui procurent de l’ombre. On peut choisir parmi les Pistia, les Salvinia, les Hygroryza, les lentilles d’eau, ou simplement laisser des longues tiges se recourber à la surface.

Alimentation On alterne les distributions de flocons ou paillettes avec des nourritures vivantes et congelées, des artémias, tubifex ou vers Grindal. L’ajout de congelé ou de proies vivantes est indispensable. Deux ou trois petites distributions par jour permettent d’alimenter tous les poissons du bac sans risques de suralimentation.

Population
Dans un bac de 200 litres, on peut prévoir
6 ou 8 Kryptopterus
un banc de 6 Rasbora pauciperforata ou R.borapetensis
un banc de 6 Barbus titteya
un couple de Colisa lalia
8 à 10 Kuhli qui occuperont le fond du bac
ou un petit groupe de Botia sidthmunki
un trio de Betta splendens.

Ce texte a paru dans le numéro 201 d’Aquarium Magazine ©Veronique Ivanov