Yasuhikotakia sidthimunki. (2004)
ex-Botia sidthimunki. Klausewitz ,1959
Famille: Cobitidae, sous famile: Botiinae
Ordre: Cypriniformes, Classe: Actinopterygii
surnom: Botia nain, loche à chaînes d’or
Taille maximale: 5,5 centimètres, les femelles sont plus petites : 4 cm
Les B. sidthimunki vivent et se reproduisent en Asie, essentiellement dans le fleuve Chao Praya et dans le Mekong. On les trouve aussi au Cambodge, au Laos et en Thaïlande où ils sont aujourd’hui protégés ainsi qu’aux Philippines où ils ont été artificiellement introduits et où ils sont reproduits dans des conditions semi naturelles…
Voir aussi la page consacrée au biotope sud-asiatique
On connaît actuellement une trentaine d’espèces de Botia, dont une douzaine de variétés sont régulièrement importées pour peupler nos aquariums. Les Botia macracantha sont les plus gros représentants de leur famille. Les autres espèces de Botia restent plus petites les B.striata, B.lohachata, B.rostrata ne mesurent qu’une dizaine de centimètres ; le B.sidthimunki surnommé Botia nain, dont il va être question ici, est encore plus petit, il ne dépasse pas 6 à 7 cm. Les poissons d’Asie sont originaires de 2 type de biotope : soit les rivières et les fleuves, où l’eau est claire et circule vite, soit les rizières et les mares d’eau croupie et peu oxygénée.
Bon nombre de poissons d’eau douce qui peuplent nos aquariums sont originaires du sud est asiatique, où ils sont reproduits en grand quantité pour l’exportation. Malheureusement pour bon nombre d’espèces animales, la population humaine augmente rapidement en Asie du Sud-Est, et donc le déboisement de vastes régions et de forêts augmente aussi. Les besoins industriels et l’urbanisation causent des dégâts à la faune et la flore. (Le problème est semblable à ce qui se passe en Amazonie…). Dans son habitat d’origine leBotia sidthimunki est presque éteint à cause de la pollution de l’eau et à cause de la construction de barrage sur le fleuve Kwai, dans la province de Kanchanaburi en Thailande occidentale.
Déjà, plusieurs espèces ornementales ont été surexploitées et capturées en trop grande quantité : Les Balantiocheilus melanopterus et les Arowana, et plus particulièrement les Botia sidthimunki ont disparu ou sont en voie d’extinction dans certaines rivières. Ce n’est pas seulement la pêche vivrière ou les captures pour l’exportation qui ont décimé ces populations, mais aussi le déboisement, la pollution et les modifications de l’habitat forestier.
Il est cependant possible de créer des centres et des exploitations pour reproduire bon nombre d’espèces comme les Barbus, Puntius tetrazona les Balantiocheilus les B.sidthimunki ainsi que certaine espèces d’Arowana. Le gouvernement de Thailande a édicté des mesures afin de conserver et d’exploiter certaines populations des poissons sauvages. Le commerce et l’exportation des poissons d’aquarium tel qu’il est mené à Sumatra et à Bornéo avec les B.macracantha est un bon exemple d’utilisation judicieuse de ressources naturelles.
Il semble que tous les B.sidthimunki que l’on trouve actuellement dans le commerce soient issus d’un groupe qu’un éleveur en Thailande aurait conservé et multiplié dans un étang. Peu de renseignements et peu de détails sont disponibles…
Description
Le corps est fusiforme, le profil dorsal est légèrement convexe avec un ventre plat. La forme générale est allongée et la tête effilée.
La tête porte 3 paires de barbillons et une épine bifide en dessous de l’œil. Cette courte épine osseuse est une arme redoutable qui leur permet d’extraire les escargots de leur coquille en perçant leur opercule avant de les aspirer et dont il faut se méfier quand on tente de saisir un Botia. Il peut dresser et verrouiller cette épine et rester coincé dans une épuisette. Attention donc en les manipulant et en les transportant, il est plus sage de doubler les sacs de transport pour éviter qu’ils ne soient déchirés !
La bouche qui porte des barbillons est orientée vers le sol. Ces excroissances très sensibles permettent aux poissons fouisseurs de repérer des proies enfouies dans le sable. Il faut donc être sûr que le sol utilisé dans l’aquarium qui accueille des Botia n’est pas composé de quartz tranchant qui les blesserait !
Les flancs sont clairs avec des taches brunes foncées disposées en quatre bandes longitudinales. Ces bandes sont reliées par les barres transversales sombres qui donnent un aspect presque rétiforme. Chez les juvéniles les taches foncées sont noires, et la robe est différente : les taches dessinent les maillons d’une chaîne. Cette robe se modifie chez les adultes. Les poissons semblent alors présenter une large rayure sombre. Leur dos est brunâtre et le ventre est argenté-blanc. Les nageoires sont transparentes, marquées parfois de jaune; la dorsale et la caudale présentent des minces bandes plus sombres
Ce sont des poissons paisibles et pas du tout agressifs dont les relations inter et intra-spécifiques sont bonnes.
Ils sont actifs pendant la journée et nagent volontiers dans la partie inférieure du bac en compagnie des autres poissons de fond. Si on n’installe qu’un seul Botia, il cherche la compagnie des Corydoras ou de Botia d’autres espèces. Les juvéniles sont plus agités et remuants que les adultes qui eux se tiennent de longs moments immobiles parmi les plantes ou sous une racine. Ils aiment beaucoup se cacher dans les racines et s’il y a du bois ( souche ou branchages )dans l’aquarium ils se cacheront dessous, dans les anfractuosités et dans les trous ou parfois posés sur une souche. Il est aussi nécessaire de prévoir des cachettes : On peut placer des tuyaux à demi enterrés, des amphores ! et créer des creux et des grottes parmi des éboulis.
Un groupe de 4 poissons est un minimum, mais l’achat simultané de 7 à 10 poissons est plus recommandé.Ils passent une bonne partie de leur temps en groupe, à se pourchasser et on les voit souvent se suivre, nageant à la queue leu-leu.
La filtration doit être assez importante avec un débit de deux à trois fois le volume du bac par heure, assortie d’un bon brassage en surface pour oxygéner l’eau, mais sans créer un courant trop fort. On peut installer le tuyau de rejet du filtre juste sous la surface pour générer des remous qui favorisent les échanges gazeux, tout en évitant le bruit de cascade de l’eau qui retombe ! Si le brassage est trop fort, le Co2 dissous dans l’eau et nécessaire pour la bonne santé des plantes, va s’échapper trop rapidement. Dans un bac de grande longueur, il est possible de placer une pompe à l’opposé du filtre pour éviter les zones d’eau stagnante.
L’eau de conduite convient bien pour autant que le chlore soit éliminé par un bon brassage et que la dureté ne dépasse pas 12 TH. Le pH à obtenir se situe au environ de 7pH. Les Botia striata apprécient un bac propre, aéré et riche en oxygène, il faut donc faire des changements d’eau assez importants, de 10 % à 20% chaque semaine. Le renouvellement régulier d’une partie de l’eau reste le meilleur moyen de prévenir les problèmes d’hygiène et la dégradation du milieu. Il faut mesurer régulièrement les nitrates (et pas seulement surveiller le taux de nitrites) et veiller au bon équilibre de l’aquarium.
La température idéale se situe vers 26 degrés. Le bac peut être décoré de branches, de roches et de pierres non calcaires, formant des éboulis et présentant de nombreuses grottes ainsi que d’une végétation dense, pour que les Botia puissent y trouver de multiples cachettes, dans lesquelles ils se tiennent dans d’amusantes positions, la tête en haut ou en bas. Ils occupent la partie inférieure et le fond du bac, nageant parfois en pleine eau.
Pour aménager l’aquarium, on peut utiliser des racines de Mopani, préalablement bouillies pour éliminer les micro-organismes et une partie des tanins, posées sur un fond sablonneux et entourées de plantes hautes. Des pierres non calcaires forment des cachettes, le premier plan étant délimité par des plantes. Crinum thaianum, Hygrophila difformis, Echinodorus bleheri, Cryptocoryne wendtii, Rotala rotundifolia, Echinodorus latifoliés, Hygrophila siamensis, Vallisneria, Ceratophyllum demersum, Acorus, Limnophila et bien d’autres plantes issues des eaux asiatiques.
On peut très bien installer des Botia dans un bac densément planté, ils n’abîmeront et ne déterreront pas les plantes
Si les poissons sont installés dans un bac sain, bien filtré, oxygéné et richement planté, où les changements d’eau sont réguliers et s’ils sont peu nombreux et bien nourris ils résisteront mieux aux maladies que s’ils vivent dans un bac surpeuplé et peu nettoyé. La plupart des maladies apparaissent quand les conditions de vie se détériorent et quand l’entretien du bac se relâche !
Mais comme il peut aussi arriver qu’on introduise un nouveau poisson porteur de germes ou de virus, on limite ces risques et installant les nouveaux venus dans un bac de quarantaine et en les observant soigneusement pendant plusieurs jours.
photo © David Rinaldo
Il est vraiment important de leur fournir de nombreuses cachettes dans l’aquarium, des objets creux, noix de coco, pots de fleurs renversés, tuyaux à demi enterrés dans le sol, des souches ou des cavernes, ceci contribue à leur donner confiance et permet de les voir s’activer toute la journée. En fin de journée ils sont très actifs mais quand la nuit est noire, ils disparaissent dans leur cachette et n’en ressortent qu’au matin. Ils ne sont pas à proprement parler territoriaux, mais défendent leur abri et la zone qui l’entoure.
Les Botia préfèrent occuper des refuges étroits, sombres et profonds, difficiles à nettoyer, mais dans lesquels ils se sentent en sécurité. Ils préfèrent vivre dans un bac pas trop éclairé.
Il faut prévoir un nombre suffisant de cachettes dans le bac pour que chaque individu puisse se retirer pendant la nuit. Attention toutefois de ne pas construire des refuges trop exigus où ils risquent de rester coincés ou de se blesser.
Il arrive souvent que les Ancistrus délogent les Botia pour pondre, mais ceux-ci récupèrent rapidement leur noix-de-coco ( ou autre cachette)dès que les jeunes Ancistrus quittent leur nid.
Ces petits Botia préfèrent un pH compris entre 6,5 et 7, mais supporteront aussi un pH un peu plus élevé et une plage de température qui va de 25 à 30 degrés.
L’aquarium de Hambourg a gardé pendant des années des Botia sidthimunki dans un bac dont les paramètres étaient :pH 7,4, 7 °KH, 12 °GH, 560µS conductivité, et très planté.
Si on les installe dans un biotope adapté à leurs exigences,et qui leur convient bien, leur espérance de vie est de 10 à 12 ans. Ils grandissent lentement et souvent les poissons élevés en captivité présentent une tête trop grosse par rapport au reste de leur corps quand on les compare à des Botia sauvages adultes. Ce développement peu harmonieux provient sûrement d’un déséquilibre ou d’une carence encore indéterminée.
Nourriture
Présentés souvent comme des mangeurs d’escargots, et vendus comme la solution miracle pour lutter contre toute invasion de Mélanoides et de Planorbes, ils vont effectivement s’en prendre aux invertébrés du bac y compris aux crevettes…mais des invertébrés ne sont qu’un appoint. Les Botia Sidthimunki mangent toutes les nourritures qu’on distribue : Ils apprécient particulièrement les proies vermiformes, vers de terre de petite taille, les vers de vase, tubifex et larves de moustiques.
Ils creusent volontiers le sable, fouillant le sol de leur rostre et déplaçant le gravier s’ils y trouvent quelque chose à manger. Ils aiment manger de nombreux petits repas répartis tout au long de la journée. L’idéal est de pouvoir leur distribuer 5 ou 6 fois par jour des quantités peu importantes et comme ils sont très actifs au crépuscule, on peut aussi leur distribuer un repas après l’extinction de l’éclairage du bac.
Maintenance
Les bancs de poissons présentent un comportement social intéressant. Des rapports hiérarchiques s’établissent très vite avec de fréquentes remises en question. Les courses-poursuites sont fréquentes, mais les batailles sont rarement violentes et les blessures sont très rares. Ils ne sont pas vraiment agressifs mais plutôt joueurs et chahuteurs. Les Botia sont des animaux grégaires qui ont vraiment besoin d’être maintenus en groupe. Il faut donc prévoir un bac de taille suffisante, une dizaine de Botia ne peuvent vivre longtemps dans un bac de 60 litres. Dans des conditions qui leur conviennent mal,ils développent rapidement des maladies et sont particulièrement infectés par les points blancs, Ichthyophtirius multifiliis, qu’il faut voir comme un signe de stress et qui se soigne simplement en améliorant les paramètres de l’eau et non pas en utilisant aveuglément des produits chimiques et des médicaments auxquels les Botia sont particulièrement sensibles et qui leur font souvent plus de mal que de bien.
Reproduction
Les Botia n’ont pas été souvent reproduits en captivité, probablement parce qu’ils n’atteignent que tardivement leur maturité sexuelle. Les individus gardés dans nos aquariums sont souvent des jeunes encore petits et insuffisamment développés.
A l’état sauvage la reproduction semble avoir lieu dans les champs inondés et dans les lacs d’eau calme et parfois boueuse, au moment où la nourriture est facilement disponible.
La reproduction pour l’exportation se fait dans des grands bassins et des étangs proches des fleuves où les poissons vivent et se reproduisent en semi-liberté.
La différenciation des sexes est difficile. Les femelles sont moins colorées, plus petites et plus rebondies.
Quelques pontes ont été signalées en aquarium, mais l’élevage des jeunes a échoué ou les œufs ont été dévorés. Les descriptions racontent que les 2 poissons nagent en cercle autour du bac et qu’ils se mordillent les ouies. Ce comportement dure quelques minutes, puis ils nagent parallèlement en eau libre en se tapotant mutuellement le corps avec le museau, juste derrière la tête. Ils présentent alors des couleurs très pâles, les marbrures sombres ont presque disparu pour laisser place à une teinte verdâtre sur le ventre. Le plus petit, qui semble être la femelle, est moins coloré. Les poissons se posent par instant au sol , pour pondre ou pour se reposer ? Je n’ai aucune autre information que ces rares descriptions de pariade.
ATTENTION
Il est parfois confondu avec une autre espèce plus grande…qui peut mesurer jusqu’à 12 ou 15 cm en aquarium. Les Botia nigrolineata, est une espèce très proche, qui a été décrit dans 1987 comme espèce séparée. On les trouve autour de Nam Wa dans la province de Nan, en Thaïlande du nord-est. La différence de taille est à souligner, les B. nigrolienata sont plus grands et présentent à l’âge adulte 2 barres noires sur les flancs. De plus ils portent une quatrième paire de barbillons de très petite taille. Les individus immatures des 2 espèces se ressemblent beaucoup.
photo tirée de http://www.loaches.com/index.shtml
Parmi les Cobitidés, les Botia sont des poissons sympathiques et très appréciés des aquariophiles. La sous-familles des Botiinés comprend deux genres :
– Les Botia qui présentent une épine sous oculaire bifide
-les Leptobotia qui présentent une épine sous oculaire simple et dont la bouche arbore six barbillons
Leptobotia
Le genre Botia lui est subdivisé en quatre sous-genres :
1) Les Botia au sens strict, originaires d’Inde, du Bengladesh et du Pakistan qui possède 8 barbillons et dont font partie les striata, loachata, dario, geto.
2) Les Botia sous genre hymnophysa avec 6 barbillons et divisés en 3 groupes géographiques :
– Les hymnophysa beauforti, berdmorei, hélodes et hymnophysa provenant du Sud-Est asiatique.
– Les modesta (sidthimunki, éos, lecontei, métallica, modesta, horae ) qui se trouvent en Thaïlande principalement.
– Les sini-botia (mantchourica et ex-leptobotia) provenant de Chine, de Sibérie et de Mandchourie.
3) Le sous-genre macracantha provenant d’Indonésie plus particulièrement de Bornéo et Sumatra et qui porte 8 barbillons.
4) Le sous-genre sini-botia ou superciliaris provenant de Chine et muni de 6 barbillons.
Les poissons du genre Leptobotia quant à eux possèdent 6 barbillons et une épine simple, ils sont originaires de Chine et du Japon.
photos tirées de http://www.loaches.com/index.shtml
Population suggérée :
Les rivières et ruisseaux asiatiques sont peuplés par grand nombre de poissons d’aquarium bien connus. Un aquarium de type « asiatique » de 300 litres par exemple, peut abriter une population selon ce modèle :
Un groupe de 6 à 10 Rasbora hétéromorpha ou de Tanichtys albonubes
10 Botia sidthimunki
Un couple de Gouramis ou de Colisa lalia
5 Barbus à tête pourpre (Barbus nigrofasciatus).
5 Barbus rosés (Barbus conchonius).
5 Barbus de Sumatra (Barbus tetrazona). ou Puntius pentazona, plus calme
Ce texte a été écrit pour le numéro 199 d’Aquarium -Magazine, paru en février 2003 ©Véronique Ivanov