Botia, Chromobotia macracanthus 

Le Chromobotia macracanthus.

(Loche clown)

Genre : BOTIA.  Famille : COBITIDES.
Nom latin : Chromobotia macracanthus (2004)
ex-Botia macracantha – Bleeker, 1852.
Nom commun : Loche-Clown.
Origine Sumatra, Bornéo et Thaïlande,

Voir aussi la page consacrée au biotope sud-asiatique 

Trop de marchands de poissons nous vendent des Botia dès qu’on vient leur parler de surpopulation d’escargots dans un aquarium.

Il est vrai que les Botia mangent volontiers les invertébrés qui sont dans le bac, les escargots Mélanoïdes et Planorbes, ainsi d’ailleurs que les Ampullaires et les crevettes comme les caridina ,mais il faut déconseiller quand même d’acheter un Botia juste pour se débarrasser des escargots en surnombre.

Parce que les Botia sont des poissons sociables, qui préfèrent vivre en groupe donc il faudrait idéalement en acheter 5 ou 6 individus, parce qu’ils deviennent gros et qu’ils ont besoin de beaucoup d’espace pour être à l’aise, parce que ce sont des clowns joueurs et très remuants, qui effarouchent facilement des espèces plus timides : Discus, Scalaires, ou Gouramis par exemple !

Il n’est pas correct de considérer les Botia comme des machines à manger les escargots ! Ce sont des poissons qui ont des exigences précises et qu’il ne faut pas traiter comme des éboueurs !

Les escargots ne sont pas un vrai problème, leur nombre augmente toujours lorsqu’ils trouvent suffisamment à manger dans l’aquarium. Si la distribution de nourriture est excessive la population d’escargot augmente rapidement. On limite le surpeuplement avec des méthodes douces : la diminution de la quantité d’aliments distribués quotidiennement, l’immersion d’une feuille de salade pendant la nuit pour les piéger, les siphonnages plus fréquents du fond du bac pour en retirer les déchets qui alimentent les escargots. Lire la page sur les escargots


Dans son pays d’origine, il est fort apprécié pour sa chair comestible, mais dans nos bacs c’est un hôte magnifique et facile à vivre, qui aime vivre en groupe et met de l’animation dans un grand aquarium asiatique

Sociable et amusant, doté d’un lumineux habit orange rayé de noir et souvent présenté comme la solution-miracle à toutes les invasions d’escargots, le Botia est un superbe poisson dont on ne respecte pas assez les exigences minimales et qu’on voit trop souvent vivre solitaire, coincé dans un petit bac de 80 litres.

Le plus coloré et le populaire des botia est sans conteste le Botia macracanthus. On connaît actuellement une trentaine d’espèces de Botia, dont une douzaine de variétés sont régulièrement importées pour peupler nos aquariums. Les Botia macracanthus sont les plus gros représentants de leur famille. Les autres espèces de Botia restent plus petites. Seul le Botia modesta atteint une vingtaine de centimètres : les autres Botia comme les B. striata, B. lohachata, B. rostrata ou B. sidthimunki ne mesurent qu’une dizaine de centimètres.

Originaire d’Asie du Sud-est, on trouve des Botia macracanthus à Sumatra et Bornéo, dans les îles de la Sonde et au sud de la Thaïlande. C’est un poisson de grande taille, à qui il faut offrir un espace suffisant, parsemé de diverses cachettes. Un bac de 300 litres minimum est nécessaire car le Botia vit mieux en groupe. Il a un caractère grégaire et apprécie la compagnie de ses semblables, sans toutefois vivre strictement en banc. A l’intérieur du groupe les Loches Clown mettent en place une hiérarchie naturelle fondée semble-t-il sur la taille ou l’âge des individus mais pas sur leur sexe. Les plus gros sont les dominants sans qu’on sache trop bien s’il s’agit de mâles ou de femelles.

Si on le maintient seul de son espèce, il développe un caractère territorial vis-à-vis des autres poissons, les pourchasse fréquemment ou passe la journée à parcourir le bac en tous sens ainsi qu’à monter et descendre le long d’une vitre. S’il n’y a que 2 Botia dans le bac, il y aura un dominant et un persécuté, qui aura du mal à se nourrir, restera pâle et de petite taille. De plus, gardé seul ou en paire, il est timide et se cache tout le temps.

N’achetez donc pas de Botia, à moins que vous soyez disposé à en acquérir d’un coup 5 ou 6 de la même taille et à leur offrir un grand volume. Dans l’idéal il ne faudrait pas les mettre dans un aquarium de moins de 500 litres : plus le bac est grand , 1000 ou 1500 litres et plus un groupe de 15 ou 20 Botia peut s’ébattre et grandir.

 Description.

Les Botia sont des poissons qui vivent sur le fond du bac. Leurs grands yeux ronds indiquent qu’ils vivent en eau calme alors que les espèces qui ont des yeux plus petits sont généralement pêchées dans des rivières qui ont un courant plus rapide. Leurs yeux ne sont pas recouverts de membrane transparente, car contrairement à d’autres espèces, ils ne s’ensablent pas. Leur corps est trapu, comprimé latéralement, leur dos est arqué et leur ventre plat. La couleur générale est orange tirant parfois sur le rouge, rayée de 3 lignes noires verticales, triangulaires, larges et épaisses. La première bande est portée sur la tête et traverse l’œil, la seconde commence devant l’aileron dorsal et descend jusqu’au ventre, et la troisième couvre une grande partie du pédoncule caudal et descend jusqu’à la nageoire anale. On trouve parfois des irrégularités dans ce patron de coloration ou une bande noire supplémentaire qui n’entoure pas tout le corps.

La tête est grande, avec une bouche ventrale protractile (qui peut se projeter en avant pour saisir des proies) portant les lèvres charnues et épaisses et dotée de quatre paires de barbillons, les 2 supérieurs étant nettement plus développés que les barbillons portés par la mâchoire inférieure. La lèvre supérieure est en forme de rostre.

Certaines espèces de Botia n’ont que 3 paires de barbillons. Ces excroissances très sensibles permettent aux poissons fouisseurs de repérer des proies enfouies dans le sable. Il faut donc être sûr que le sol utilisé dans l’aquarium qui accueille des Botia n’est pas composé de quartz tranchant qui les blesserait !

Ici le sol n’est pas adapté à des Botia

Ils ont aussi une courte épine osseuse sous les yeux, arme redoutable qui leur permet d’extraire les escargots de leur coquille en perçant leur opercule avant de les aspirer et dont il faut se méfier quand on tente de saisir un Botia. Il peut dresser et verrouiller cette épine et rester coincé dans une épuisette. Attention donc en les manipulant et en les transportant, il est plus sage de doubler les sacs de transport pour éviter qu’ils soient déchirés !

Les nageoires pectorales, ventrales et caudales sont jaunâtres, oranges ou rouges avec parfois des taches noires, leur coloration dépend de la région où sont capturés les botia. La dorsale est noire. Leurs écailles sont très petites et presque invisibles à l’œil nu et profondément enfoncées dans les téguments.

En aquarium leur taille dépasse rarement 20 cm si le bac est assez grand, mais dans la nature ils atteignent fréquemment une trentaine de centimètres. Malheureusement on les garde trop souvent dans des aquariums de 100 litres ou moins encore, dans lesquels ils ne peuvent pas se développer correctement, car il leur faut bien plus de place pour grandir.

Le dimorphisme sexuel est peu apparent : la nageoire caudale des vieux mâles forme des pointes tournées vers l’intérieur alors qu’elle reste droite chez les femelles.

Les paramètres de l’eau ne semblent pas très importants, à condition que la température soit suffisamment élevée: ce sont des poissons d’eau chaude. Gardés à 25-26 degrés ils sont fragiles et attrapent régulièrement des points blancs.

On recommande souvent un pH neutre compris entre 6,5 et 7mais ils vivent très bien dans une eau moins acide dont le pH s’approche de 7,3 à condition de les y acclimater très lentement. Comme la plupart des poissons ils ne peuvent pas supporter des changements rapides de pH.

Cependant il est préférable que l’eau soit douce, avec un TH inférieur à 18 et un TAC inférieur à 8°.

La température comprise entre 26 à 30 degrés est optimale vers 28. La filtration est assez puissante, 3 fois le volume du bac par heure et doit bien agiter la surface, tout en laissant plus calme le milieu et le fond de l’aquarium. On peut ajouter de la tourbe dans le filtre pour acidifier l’eau et l’ambrer un peu. Le milieu doit être très bien oxygéné, quitte à ajouter un bulleur pendant les mois d’été si la température augmente trop et que la quantité d’oxygène dissous diminue

 

Des vrais clowns.

Leurs attitudes sont surprenantes : nageurs maladroits, ils font des bonds de plantes en plantes et se reposent appuyés sur leurs nageoires pectorales et caudale, posés sur une pierre ou une feuille du décor ou carrément couchés sur le flanc, comme morts !

il n’est pas mort. il se repose….

Cette position alarme les nouveaux propriétaires de botia avant qu’ils ne réalisent que ça n’a rien d’anormal et que les poissons se remettent en mouvement dès qu’on approche de l’aquarium. On les voit aussi très souvent entassés les uns sur les autres dans un abri ou un angle du bac ! ou nageant à l’envers, sur le dos pour attraper la nourriture qui flotte à la surface

Sous l’emprise de la peur ou de l’excitation ces Cobidés peuvent émettre des sons claquants, qui s’entendent très bien même à quelques mètres de l’aquarium ! Ces claquements sont très forts et souvent liés à la distribution de repas ou à des réactions de défense de territoire ou de simulacre d’attaque

.Photo d’Eric du site aquaetang 

Maintenance.

La période d’acclimatation des Botia doit être bien respectée et leur installation dans le bac prend du temps. En effet, ils sont sensibles et réagissent souvent aux modifications de leur milieu par une poussée de points blancs.

On leur assure des conditions de vie minimales dans un aquarium d’au moins 300 L prévu pour accueillir une demi-douzaine de Botia, dans lequel on construit des éboulis de roches, des cavernes, des trous sombres et des racines empilées pour fournir des abris et des places de repos. Mais idéalement il faudrait un bac de 500l au moins pour héberger ces clowns dans des conditions satisfaisantes.

 Les loches clowns préfèrent occuper des refuges étroits, sombres et profonds, difficiles à nettoyer, mais dans lesquels ils se sentent en sécurité.Il faut prévoir un nombre suffisant de cachettes dans le bac pour que chaque individu puisse se retirer pendant la nuit. Attention toutefois de ne pas construire des refuges trop exigus où ils risquent de rester coincés ou de se blesser.

On lit souvent que les Botia sont des poissons nocturnes. C’est partiellement vrai mais on s’aperçoit que si on leur offre un bac comportant des cachettes en nombre suffisant et un environnement rassurant, ils se montrent toute la journée, nageant dans tout le bac et très actifs, pour disparaître pendant la nuit dans une cachette et n’en ressortir qu’au matin pour la première distribution de nourriture.

 

Pendant la journée ils dorment ou se reposent souvent par brefs instants, posés au fond du bac ou parfois perchés tout en haut sur une pompe, ou une tête motrice… Il me semble que leur choix dépend de la température de l’eau,

Les clowns n’apprécient pas les extrêmes : Une température trop froide ou trop chaude les dérange, ainsi qu’un pH trop éloigné du neutre.

Un éclairage trop lumineux ou trop long les perturbe aussi. On règle donc la minuterie pour ne pas dépasser 10 à 11 heures de lumière quotidiennement. Si l’éclairage est intense, il est bon de laisser les longues feuilles des plantes se recourber à la surface pour leur procurer de l’ombre. On plante des Echinodorus, des Hygrophila, des Cryptocorynes, Vallisneria, Microsorum…

Les Botia apprécient une eau propre, sans composés organiques, sans ammoniaque, nitrate, ou nitrite. Les changements d’eau sont essentiels pour les maintenir en bonne santé. Renouveler 20 % du volume chaque semaine est un bon rythme car ils apprécient l’eau neuve.

Les Botia macracanthus sont timides et sont facilement effrayés et ils n’aiment pas les changements. Ni les changements d’aquarium, ni même les changements de décor ou l’introduction de nouveaux poissons. Les variations brutales des paramètres de l’eau ou de leur régime alimentaire les perturbent et les dérangent. Ils peuvent alors aller se cacher et rester invisibles plusieurs jours, n’émergeant que pour manger rapidement et retournant se cacher immédiatement après. Il semble qu’ils soient aussi très sensibles aux changements de pression atmosphérique et on les voit souvent s’agiter avant un orage.

Il est important de leur fournir de nombreuses cachettes dans l’aquarium, des objets creux, noix de coco, pots de fleurs renversés, tuyaux à demi enterrés dans le sol, des souches ou des cavernes, pour contribuer à leur donner confiance ce qui permet de les voir plus souvent. Ils ne sont pas à proprement parler territoriaux mais défendent leur abri et la zone qui l’entoure.

On les associe à d’autres poissons paisibles, qui contribuent aussi à les rassurer par effet de groupe. Plus ils sont nombreux et plus ils sont visibles et actifs pendant la journée. Un Botia tout seul risque de se laisser dépérir en passant toute la journée caché ou de devenir agressif ou encore il va développer des comportements anormaux, en montant et descendant sans cesse le long d’une vitre ou en parcourant inlassablement la longueur du bac. On le voit aussi rechercher la compagnie d’autres espèces et rester avec des Corydoras, des Ancistrus ou des Barbus de Sumatra.

Nourriture.

Dans la nature, leur nourriture principale est constituée d’escargots et de vers de vase, donc en captivité ils n’apprécient pas tout de suite la nourriture artificielle. Il faut donner une priorité à la distribution de vivant et veiller à ce que leur régime alimentaire soit le plus varié possible.

Ils mangent volontiers de la nourriture vivante ou congelée, des larves de moustique, des tubifex, des vers rouges, des artémias ainsi que des matières végétales, épinards bouillis, concombre ou courgette.

En fait ils sont omnivores et très faciles à nourrir. Ils débarrasseront aussi l’aquarium de tous ses escargots, y compris les planorbes et mélanoïdes pourtant très utiles dans la lutte contre les algues et les déchets du bac. Ils attaquent et tuent aussi les gros escargots, les Ampullaires malgré leur opercule de protection, en le perçant par des attaques répétées.

Dès qu’ils atteignent une certaine taille les Botia gobent avec enthousiasme les petits poissons, alevins et espèces de petites tailles, ainsi que les invertébrés comme les crevettes. Il est pour ainsi dire impossible de mener à bien la reproduction d’autres espèces de poissons dans un bac où vivent des Botia. Les œufs ou les alevins de toutes tailles sont dévorés très rapidement.

Certains Botia sont moins agressifs que d’autres, et l’on parvient à les faire cohabiter avec des poissons de petite taille ou des grosses crevettes de type Atyas par exemple. Les crevettes comme les Caridinas ou les Macrobrachium se font rapidement décimer même en disposant de nombreuses cachettes et refuges.

Ils creusent volontiers le sable, fouillant le sol de leur rostre et déplaçant le gravier s’ils y trouvent quelque chose à manger. Les escargots en spirale (Mélanoïdes) qui vivent cachés dans le sable ont peu de chances d’échapper à leur voracité.

Ils aiment manger de nombreux petits repas répartis tout au long de la journée. L’idéal est de pouvoir leur distribuer 5 ou 6 fois par jour des quantités peu importantes et comme ils sont très actifs au crépuscule on peut aussi leur distribuer un repas après l’extinction de l’éclairage du bac

Un gros poisson pour un grand bac !

La taille du bac est un facteur important dans le succès de la maintenance des clowns : le plus grand est le mieux ! Pour un aquarium de 400L environ un groupe de 5 à 6 Botia semble un compromis acceptable, mais si le bac est grand, 1000L par exemple on peut y installer un groupe d’une vingtaine d’individus qui vont alors retrouver des comportements sociaux proches de ce qu’ils vivent à l’état sauvage.

Une fois qu’ils sont bien acclimatés les Loches clowns ont une espérance de vie de plus de 20 ans ; ils grandissent lentement en aquarium et n’atteignent jamais la taille des spécimens sauvages : plus de 30 cm. Des Botia âgés de 7 à 8 ans et vivant dans un bac de 500 L mesurent entre 18 et 22 cm. On connaît certains B. macracanthus vieux de presque 20 ans et d’une taille de 35 centimètres. Malheureusement quand on les coince dans un bac trop petit, ils ne grandissent pas et meurent jeunes, sans atteindre leur maturité sexuelle.

photo publiée dans AM79, un Botia de 33 cm dans un seau.

péché pour être mangé…

Les Botia du Zoo de Bâle sont installés dans un bac de plus de 2500 litres, ils mesurent de 20 à 35 cm et les plus âgés ont pas loin de 20 ans.

Maladies.

Les Botia ont la réputation d’être des poissons fragiles et sensibles aux maladies. Ils attrapent très facilement des points blancs (Hichtyophthirius multifiliis) qu’on doit soigner rapidement pour ne pas contaminer les autres habitants du bac. Il suffit généralement d’augmenter la température de 2 ou 3 degrés pour que les poissons guérissent tous seuls. S’ils vivent dans un bac dont les paramètres leur conviennent bien leur résistance est grande ils sont fragilisés lorsque les conditions du milieu se dégradent , lorsqu’on néglige l’entretien de bac et les changements d’eau ou lorsqu’on surpeuple l’aquarium.

Attention, ils sont aussi très sensibles aux médicaments ! En cas de traitement à faire en bac d’ensemble, il faut utiliser la moitié des doses prescrites car leur peau absorbe facilement tous les produits chimiques. Il est plus sage de traiter les poissons malades dans un bac spécifique pour ne pas empoisonner les Botia de l’aquarium communautaire. On voit parfois des Botia dont l’épiderme est comme brûlé par le chlore contenu dans l’eau de conduite et qui sont devenus blanchâtres.

Reproduction.

Les Botia macracanthus n’ont pas été souvent reproduits en captivité, probablement parce qu’ils n’atteignent pas leur pleine maturité sexuelle, qui est très tardive. Les individus gardés dans nos aquariums sont des jeunes encore petits et insuffisamment développés.

Leur reproduction est réservée aux professionnels asiatiques qui utilisent des stimulations hormonales pour déclencher les pontes. Ces éleveurs se servent d’extraits de l’hypophyse tirés de la carpe, en injection intramusculaire, qui stimule la reproduction chez les poissons matures. La ponte a lieu 48 h après l’injection, avec 80% de résultats positifs.

La différenciation des sexes est difficile. Les femelles sont moins colorées plus petites et plus rebondies et les pointes de leur nageoire caudale sont droites alors que chez les mâles elles se recourbent vers l’intérieur. Les mâles sont plus sveltes et mieux colorés, portant des rayures d’un noir profond et non pas grises comme chez certaines femelles matures, mais ce dimorphisme sexuel n’est visible que sur des sujets âgés et de grande taille.

On connaît très peu de reproductions en aquarium couronnées de succès :

En 1974, W. Novak au Canada a décrit sa réussite :4 mâles et 2 femelles de 18 cm environ ont frayé dans un bac de plus de 300 litres planté d’Echinodorus, et meublé de nombreuses souches et racines en bois. ( pH 6.2, TH 3,5, température 29-30 degrés, filtration sur tourbe) Les œufs sont ovales avec un reflet vert, non -adhésifs mais pourvus d’un filament. Il ne sait pas si les botia pondent dans les plantes comme les Cobitidés d’Europe, ou en pleine eau ou contre un autre support. Après 2 mois il dénombrait une bonne trentaine d’alevins.

Une autre ponte est rapportée en février 1987 en Belgique, mais les œufs ne furent pas fécondés, (absence d’un mâle mature dans le bac?) et furent mangés par les autres poissons occupant l’aquarium !

En Février 1996 Granville Hammond a annoncé une reproduction réussie dans une eau de pH 6.1, nitrites et nitrates à zéro, température de 28 degrés. Les œufs étaient gros et légèrement dorés. Les alevins ont été nourris avec un aliment liquide vitaminé puis avec des nauplies d’artémias et de la poudre pour alevins. La moitié des jeunes ont survécu et bien grandi.

À l’état sauvage, ils se reproduisent en banc : il semble que les adultes d’une certaine taille remontent les rivières jusqu’à leur source en altitude, à la fin de l’hiver et au début du printemps (on suppose que les ovules se forment et mûrissent pendant ce voyage,) puis pondent dans des ruisseaux. Les jeunes poissons descendent la rivière quelques mois plus tard et poursuivent leur croissance dans des eaux plus calmes, où ils sont alors pêchés.

 

Commerce et exportation.

En Asie du Sud-Est le commerce des poissons d’aquarium est très important, il génère annuellement plus de 300 millions de dollars. L’exportation porte sur des poissons d’élevage, produits dans la région de Singapour par exemple mais aussi sur des poissons sauvages capturés dans les rivières.

Certaines espèces comme les Pangio huhli, Trichogaster leerii, Rasbora heteromorpha, Epalzeorhynchus kalopterus, Mystus bimaculatus, Kryptopterus bicirrchus, Pangasius et d’autres sont des poissons sauvages pêchées dans les cours d’eau locaux ou parfois élevés en semi-liberté.

Le commerce actuel des Botia macracanthus est estimé à 20 millions de poissons par année.

Les Botia macracanthus de petite taille sont capturés dans les cours d’eau de Sumatra, dans la région de Kalimantan à Bornéo pendant quelques mois chaque année. La taille préférée pour la vente aux aquariophiles est comprise entre trois et huit centimètres. À cette taille ils sont aussi plus aisés à maintenir en captivité et sont facilement nourris. Certains pêcheurs les capturent tout petits et les font grandir quelques mois dans des grands bassins extérieurs avant de les vendre aux exportateurs. Les poissons de plus grande taille sont vendus sur les marchés locaux pour être mangés ! Les adultes peuvent atteindre jusqu’à 40 centimètres de long dans certaines régions !

 Selon un vendeur de Sumatra, traitant environ un million de pièces par an les exportateurs ne recherchent que des poissons de petite taille et donc ne menacent pas la population des adultes reproducteurs.

L’Indonésie a imposé une interdiction de pêcher des spécimens mesurant plus de 10 cm. Cette loi protège les adultes et complique la tâche des pisciculteurs locaux qui commencent à développer la reproduction en captivité dans des bassins creusés à côté des rivières et qui ont besoin de capturer des poissons adultes pour les faire frayer.

La reproduction en semi-captivité est possible et elle est réalisée en Thaïlande surtout mais n’est pas toujours financièrement avantageuse ! Ce n’est pas un poisson facile à reproduire, il faut généralement utiliser des injections d’hormones pour déclencher leur frai. Cette forme d’élevage coûte finalement plus cher que la pèche des poissons sauvages mais le gouvernement l’encourage pour protéger les poissons des rivières et éviter la destruction de leur habitat

La capture des Botia macracanthus est légèrement différente à Bornéo et Sumatra. À Sumatra, les Botia sont attrapés en employant des bambous perforés enfoncés dans le fond de la rivière, à un mètre l’un de l’autre. La taille des trous détermine la taille des poissons capturés, qui aiment se réfugier dans ce gendre de cachette. Pendant la saison de pêche les poteaux sont relevés plusieurs fois par jour et renversés dans des bidons pour capturer les Botia venus s’y cacher… Les loches clown sont capturées à Sumatra depuis plus de 20 ans mais on peut toujours en trouver un grand nombre à l’état sauvage car le gouvernement réglemente et contrôle régulièrement cette pêche.

À Bornéo, on emploie une variante de cette technique : Les pêcheurs lient ensemble plusieurs bambous comme un gros fagot de bois et ils les immergent posés à plat sur le fond de la rivière. Les Botia viennent se cacher entre les bambous et avec une corde on remonte le tout chaque matin pour capturer les poissons qui s’y dissimulent, en secouant les bambous au-dessus d’un bidon ou directement sur le fond du bateau. Cette technique est assez stressante pour les poissons.

http://discusaigon.free.fr/ 

Sur ce site, d’autres photos de pêche .

Dans la région de Kalimantan la population autochtone pêche des Botia adultes pour s’en nourrir. On peut déterminer l’origine géographique des Loches-clowns en sachant que les botia pêchés à Sumatra ont une couleur plus claire, comme argentée alors que ceux qui viennent de Kalimantan sont plus rouges. Cette différence dépend vraisemblablement des paramètres physico-chimiques de l’eau des rivières où ils vivent. À Sumatra les poissons sont capturés dans des rivières où l’eau est plus rapide et plus claire, alors que ceux du Kalimantan viennent de cours d’eau sombres, dont les tanins dissous et des acides humiques ont tendance à accentuer les couleurs rougeâtres. La plupart des Botia vendus dans les commerces européens viennent de Sumatra.

Cet article a paru en novembre 2001 dans le numéro 186 d’Aquarium Magazine ©Véronique Ivanov